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„Les faux complots de Houphouët-Boigny“

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Le livre « Les faux complots de Houphouët-Boigny » est un récit de 251 pages subdivisé en 7 chapitres, publié en 1997 aux éditions Karthala. Il s’agit d’une satire politico-sociale qui dépeint sans fart ni gang les intrigues politiques de l’homme que fut le Président Houphouët – Boigny, décidé à en découdre avec ses opposants, réels ou imaginaires, dans un pays comme la Côte d’Ivoire, dont le rôle stratégique pour le Colonisateur n’est plus à démontrer. Pour assurer seul la direction des affaires politiques de son pays et pour sécuriser son hégémonie politique qui fait de lui, l’interlocuteur incontournable sur la scène politique africaine en général et dans la sous région ouest africaine en particulier, le Président Houphouët-Boigny imaginera des complots partout dont la répression ne souffrira d’aucune faiblesse. L’auteur, lui même victime de ses complots, dénonce ici cette politique cruelle d’assassinats ciblés, d’éliminations systématiques, de tortures et d’emprisonnements arbitraires dont les victimes sont ses compatriotes des régions du Sanwi, de Guébié et du Nord. Il s’agissait pour lui de bannir les héros de la lutte anti coloniale et tuer dans l’œuf toute idée de contestation afin d’instaurer un règne sans partage et pérenniser ainsi la domination de son ethnie sur tout le pays.

A travers ce récit, que l’auteur lui même qualifie de « voyage dans un enfer tropical », le lecteur constate qu’il y a une volonté d’écrire pour éclairer la nuit qui couvre la Côte d’Ivoire d’hier et dire le dur calvaire vécu par l’auteur et ses compagnons dans les années 63. L’auteur en bon enseignant, tente de tirer sur la sonnette d’alarme pour que les faits dénoncés ne se reproduisent plus jamais. : c’est cela la valeur pédagogique de l’œuvre. C’est un livre satirique qui peut déranger, ébranler des cercles, des clans, des tribus, voire même troubler certains hommes qui ne sauraient comprendre que la belle image du Président Houphouët – Boigny présente des dessous aussi sales et lugubres.

A l’initiative du Député de la Côte d’Ivoire qui en assume la présidence, le Rassemblement Démocratique Africain est créé à Bamako, (Mali ), le 18 Octobre 1946. Dès sa création, ce mouvement est combattu par le gouvernement français qui le soupçonnait d’être l’appendice du Parti Communiste Français. Tout était mis en œuvre pour liquider les leaders du RDA : viols, arrestations, incendies, pillages, morts fusillés, morts pendus. Le Président Houphouët était visé. Ses marges de manœuvre deviennent réduites. Après un retour de la France où il eut l’occasion de discuter et de faire la paix avec les autorités françaises, le Président Houphouët Boigny organise le 6 octobre 1951 un meeting au stade André qui est aujourd’hui stade Félix Houphouët-Boigny où il tient un discours d’allégeance aux objectifs du pouvoir colonial : « adieu aux rêves incongrus de libérer l’Afrique des griffes impérialistes » ; adieu les morts des mouvements de libération nationale ; vive la rupture avec les idéaux de paix, de justice sociale, de liberté et d’autodétermination des peuples. Tous les espoirs, tous les acquis sont sacrifiés. Le pouvoir Houphouët peut désormais dormir sur ses lauriers.

Avec l’indépendance, Houphouët-Boigny prit en main le destin de son pays. De jeunes cadres pleins de talents et d’ambitions sont placés à la tête des structures de l’Etat. Au nom de la paix, on fermait les yeux sur les pratiques peu orthodoxes de certains d’entre eux : leur mauvaise gestion était utilisée pour les réduire au silence en cas de contrariété avec ce que pense le maître absolu de l’époque. Ainsi, on a vite fait d’encourager le pillage systématique du pays, la gabégie, la corruption, le népotisme et autres tares dont la facture trop lourde est le surendettement du pays et le bradage de ses ressources.

Trois complots, ou prétendus tels, ont été mis en exergue dans ce livre. Il s’agit du complot du chat noir, du complot des jeunes et du complot des anciens.

Le complot du chat noir

Après le congrès de la jeunesse RDA section de la Côte d’Ivoire, le Président Houphouët réunit du 19 au 21 mars 1959, un congrès de son parti, le PDCI- RDA au cours duquel sa protégée Auguste Dénise a été battue au poste de Secrétaire Général par Jean-Baptiste Mockey, un héros de la lutte anticoloniale. Cette défaite de Dénise, quoique organisée dans l’ombre par Houphouët-Boigny lui même est appréciée comme un complot contre Houphouët qui s’en servira pour abattre Messieurs Jean-Baptiste Mockey et Amadou Koné. C’est d’abord Mockey, qui est accusé, après son élection, de complot contre Houphouët-Boigny et démis de toutes ses fonctions le 2 novembre 1959. Mais un complot peu ordinaire car les moyens que l’homme aurait mis en œuvre ne sont que des moyens mystico-fétichistes, dont un chat enterré avec la photo d’Houphouët-Boigny dans les boyaux. C’est « le complot du chat noir ».

Le complot des jeunes

En Janvier 1963, vint le tour de Amadou Koné, secrétaire général de la jeunesse RDA-CI, d’être accusé de complot avec l’ensemble des membres du bureau exécutif de son mouvement. Ils sont accusés de complot contre la sûreté de l’Etat et condamnés à de lourdes peines. La liste des mis en cause est étendue aux universitaires et autres intellectuels fraîchement rentrés au pays après leurs études. C’est le complot des jeunes

Le complot des anciens

La cour de sûreté de l’Etat qui a jugé les jeunes cadres est présidée par Jean-Baptiste Mockey, le chef comploteur de 1959. Mais le 28 août 1963, soit quatre mois après le jugement des jeunes cadres, il est arrêté et embastillé lui aussi, pour complot contre la sûreté de l’Etat. Mais cette fois ci, il sera condamné à la peine de mort. Ses complices sont d’anciens militants de la lutte anti-coloniale auréolés du PDCI-RDA. C’est le complot des anciens.

Dans chacun de ces complots de 1963, instruction et procès se déroulent dans le domaine privé du Président Houphouët-Boigny à Yamoussoukro, selon le même procédé, à savoir :tortures, avocats commis d’office, huis clos, cour d’exception et lourdes peines.

Au total quatre vingt onze condamnations : dix neuf à mort, neuf aux travaux forcés à perpétuité et soixante trois aux travaux forcés à temps.

Ce livre a tenté de reconstituer ces trois complots évoqués et rappeler par la même occasion les répressions dont le Sanwi (Aboisso) et le Guébié ( Gagnoa) ont été le théâtre. Le livre est le témoignage de l’ancien pensionnaire de la prison d’Etat d’Assabou à Yamoussoukro que fut l’auteur sur les évènements de 1963. L’auteur a été arrêté le 14 janvier 1963, condamné aux travaux forcés à perpétuité le 9 avril 1963 et libéré le 4 Août 1966 par grâce présidentielle.

Au total, ce livre lève le voile opaque qui a couvert jusque là les faux complots imaginaires d’un Président décidé à régner sans partage sur la Côte d’Ivoire et montre un contraste effrayant entre cet Houphouët-Boigny là et l’autre Houphouët-Boigny, plus connu surtout à l’extérieur, vouant un culte sacro-saint à l’humanisme, la paix et la foi.

Les faux complots d’Houphouët-Boigny, un livre à livre absolument!

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