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Présentations & compte-rendus

Programme d’études et de dialogue pour les représentants de l’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques ITES

de Olfa Béji
Entre le 14 et le 20 mai 2017, la Konrad-Adenauer-Stiftung a organisé un voyage d'étude à Bruxelles et à Berlin au profit de membres de l'Institut Tunisien des Etudes Stratégiques ITES. Ce voyage a pour objectif d’apprendre plus sur le fonctionnement des think tanks et des institutions européennes et sur le rôle que jouent ces institutions auprès des décideurs.

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Créée depuis 1995, l’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques ITES est un think tank rattaché au cabinet de la présidence de la République tunisienne dont la tâche consiste essentiellement d’aide à la décision stratégique et à alimenter le cabinet présidentiel de visions stratégiques. Après la révolution de 2011 et plus précisément dès juillet 2015, et avec l’arrivée de son nouveau directeur et d’une nouvelle équipe, l’ITES a eu un seul objectif, en faire un véritable institut d’études stratégiques à vocation globale qui réfléchit sur des thématiques variées avec des productions transparentes et accessibles.

Les problématiques étant extrêmement diverses, l’ITES balaye dans un large spectre en terme de réflexion sur plusieurs questions comme la politique de la ville, la santé, l’avenir du transport, le stress hydrique; IoT, l’upérisation et une série de problématiques transversales ayant un impact direct sur l’avenir du pays en terme stratégique.

L’ITES s’est encore distingué par une vaste étude prospective inclusive et participative sur l’avenir de la « Tunisie en 2025 », en associant plus de 40 experts et 700 personnes. Cette étude répondait à un impératif majeur : affirmer une vision pour la Tunisie à l’horizon 2025. Etant donné que le pays traverse une crise préoccupante, cette étude, permettra d’initier une sortie de crise et de placer la Tunisie dans l’orbite de l’émergence : Tunisie émergente, résiliente, réconciliée avec elle-même. Les principaux leviers d’avenir qui constituent cette étude sont : Etat et institutions, la politique de Défense et sécurité, le contrat social, l’éducation et la culture ainsi que le repositionnement diplomatique de Tunisie.

Conscient du rôle de l’Union Européenne comme partenaire effectif de la Tunisie, l’ITES a visé à étoffer un réseau de partenaires régionaux et internationaux tout en restant au même temps présent dans la scène nationale.

Dans ce contexte, la Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS) a voulu renforcer le travail de l’ITES, en inscrivant un voyage d’étude au profit de 05 membres pour visiter des institutions similaires à Bruxelles et à Berlin dans le cadre d’un programme d’échange et de dialogue (14-20 mai 2017).

L’objectif est d’apprendre plus sur le fonctionnement de ces institutions et sur le rôle que jouent ces institutions auprès des décideurs.

Ainsi, la Konrad-Adenauer-Stiftung a voulu contribuer à accroître l’intérêt de l’ITES faisant partie des think tanks tunisiens émergents mais parmi ceux les mieux classés sur la scène internationale et tisser des liens avec les institutions européennes homologues en particulier celles qui sont représentées à Berlin et à Bruxelles.

PARTICIPANTS ET DEROULEMENT

Présidée par Mehdi Taje, Expert en géopolitique et Chef du département « Etudes stratégiques et prospectives » au sein de l’ITES, la délégation tunisienne s’est composée de jeunes membres dont l’âge est entre 30 et 40 ans chargés de plusieurs départements dont « Réseau et partenariat », « Politiques Publiques, Etudes Stratégiques et Prospectives » ainsi que le département « administratif ». (Voir Photo 1)

La première découverte était une projection dans le quartier européen de Bruxelles pendant deux jours. Ensuite, 3 jours à Berlin pour s’entretenir avec les institutions les plus importantes dont la Fondation Konrad Adenauer. Ainsi, la délégation a pu visiter 15 institutions et s’entretenir avec 25 interlocuteurs dont des diplomates, des hauts responsables, des experts, et des chercheurs. La plupart des institutions prospectées étaient proposées par les membres de la délégation qui ont ciblé leurs entretiens avec les institutions les plus importantes ou influentes selon le domaine de travail. Ce sont des institutions qui varient par la taille de leurs dispositifs de fonctionnement et dont la pluparts sont politiquement indépendants et non partisans.

Les caractéristiques essentielles de ces institutions prospectées, est leur capacité à alimenter le débat public en matière de réflexion sur les politiques nationales, en assurant une présence à travers toute l’Europe et en particulier à Bruxelles et Berlin.

L’ITES et le renforcement de partenariats

Certaines visites ont permis aux membres de l’ITES de se présenter et discuter sur les éventuelles pistes de collaboration en se tardant principalement sur la nouvelle ère que connait l’ITES à travers son ouverture sur l’étranger et l'élargissement de son réseau de partenaires.

La politique étrangère et de voisinage, la question sécuritaire liée avec la problématique de la radicalisation (dont notamment la réponse face aux menaces des combattants étrangers), sont les questions phares, qui préoccupent des pays de l’Europe mais également un pays comme la Tunisie; des sujets qui sont d’intérêt commun entre l’ITES et les partenaires potentiels. Lui accordant une immense attention et une vision prospective, les membres de la délégation tunisienne ont mené, alors, des discussions avec leurs interlocuteurs aux European Policy Center et Egmont Institute.

Un rendez-vous couronné de promesse de collaboration est celui effectué avec les représentant du German Marshall Fund (GMF). Le travail de la GMF n’est pas totalement différent de celui assuré par l’ITES dans le sens où la vocation est de favoriser de l’analyse politique à l’échelle nationale mais aussi à l’échelle régionale. Fort d'un réseau d'experts de part et d'autre des deux rives de l'Atlantique, le GMF fournit de nombreuses analyses de politique internationale, propose de nombreux programmes : politique étrangère, leadership, société civile, etc..

Le GMF, à l’instar de l’ITES, produit des études et publications variées en rapport avec l'économie, le social, mais également les questions énergétiques, l'environnement, et le développement durable.

A travers cette rencontre, les représentants tunisiens ont l’ambition de tisser des relations de partenariats en tant que pays référent dans la région méditerranéenne d’une part, et assurer le plaidoyer pour l’étude Tunisie en 2025 et d’œuvrer pour son implémentation, d’autre part.

La question de développement économique et de la numérisation, considérée par l’ITES comme priorité dans leur réflexion stratégique, parait aussi prenante et ce, à travers des discussions au sein d’institutions spécialisées dans les politiques de développement comme l’European External Action Service (EEAS) et aussi au sein du Centre des Etudes Politiques européennes (CEPS).

Colin Scicluna l’interlocuteur à l’EEAS a indiqué que la Tunisie reste un partenaire proche et privilégié de l’Europe spécifiant que l’investissement en matière socio-économique bénéficie d’une enveloppe annuelle importante (environ 300 millions d’euros). Tout en rappelant qu’il existe deux enjeux prioritaires pour la Tunisie qui sont l’avenir de la jeunesse et de l’éducation et la décentralisation.

Les discussions de même rang ont été davantage enrichies, lors de la rencontre dans le même contexte avec Michael Köhler, qui a pu, lors d’un entretien au sein de la Commission Européenne, transmettre aux participants la vision de la commission qui est la nécessité de garantir les champs d’échange entre l’Union Européenne et la Tunisie. Dans ce sens, l’interlocuteur a réitéré l’importance d’activer les échanges avec le bureau de la commission basé à Tunis.

D’autre part, l’UE, nonobstant le travail important et intensifié déjà accompli, dispose encore d’une visibilité qu’il a pu décrire comme mince. En se référant à sa mission en Tunisie menée dans les années 90, M. Köhler a recommandé plusieurs réformes d’urgence en matière de gouvernance et d’administration des entreprises publiques locales.

Pour mieux se familiariser avec les think tank considérés comme inédits, la délégation a effectué une réunion au Wilfried Martens Center, une structure qui n’a que 10 ans d’existence mais qui dispose d’un réseau de partenaires (environ 40) à l’échelle européenne. Contrairement à l’ITES à vocation indépendante, c’est un think tank affilié au Parti Politique Européen PPE. L’échange avec Roland Freudenstein, son directeur adjoint et chef de projet, a mis au clair que le rôle de cette structure est le conseil, la mise en place de stratégie dans la campagne électorale du parlement européen, mais aussi l’analyse approfondie à long terme des sujets qui intéressent le parti. Le Martens Center se charge également de plaidoyer et de prévision des grands développements à l’échelle régionale.

A la demande de l’ITES, la délégation a effectué un entretien avec Joost Hiltermann, le responsable du Programme MENA à l’International CRISIS Group. Revendiquant son indépendance et son non affiliation à un courant politique, le ICG a pour rôle de prévenir et résoudre les conflits armés grâce à une analyse de la situation sur le terrain et des recommandations indépendantes. Par ailleurs, l’entretien a rapproché chez les participants l’idée du travail de recherche de cette institution non partisane représentée dans le monde par plusieurs bureaux dont le travail est indépendant de l’Etat et de tout gouvernement.

Accumuler de l'expérience et en tirer les leçons appropriées, mais surtout les intégrer dans les pratiques : autant d’enjeux incontournables fixés par les participants dans leur visite d’étude.

En effet, débarqué à Berlin, plusieurs entrevues de priorité ont été effectuées au sein du bureau de la Konrad-Adenauer-Stiftung. S’intéressant à la question des Foreign fighters et la lutte contre les menaces qui en découlent, l’ITES a cherché à s’informer sur la vision de l’Allemagne et des institutions allemandes en ce sujet.

Une première prise de contact s’est tenue avec Andreas Jacobs, Coordinateur au sujet de l’Islam et de l’extrémisme religieux. Il a souligné que, malgré une certaine différence au niveau des indicateurs, la question des « Foreign Fighters » et les questions concernant l’Islam politique sont parmi les sujets les plus importants à étudier et qui sont du même degré d’importance en Allemagne qu’ailleurs.

Ces mêmes préoccupations ont fait objet de débat avec Hans Maria Heyn, chargé du développement de stratégies et de planification qui s’est arrêté sur l’expérience de la KAS en termes de collecte et d’analyse de données qui jouent un pilier fondamental pour la construction des rapports d’aide à la décision. En effet, la KAS a mis en œuvre un système de « sismographe » à travers les différents bureaux de la fondation dans le monde. Pour l’ITES, il pourrait éventuellement être possible de développer un système similaire dans les différentes régions du pays pour avoir une veille plus performante en termes de problématiques prioritaires.

Décidément, l’échange avec les experts de la KAS était d’une certaine pertinence, notamment avec Frank Priess, Adjoint du chef du département principal coopération européenne et internationale et Malte Gaier en sa qualité de « Responsable géographique de l’équipe du Proche Orient et de l’Afrique du Nord».

Un débat qui ne demeure pas moins important et qui fait partie des axes d’intérêt du travail de l’ITES, celui la conjoncture de la région du Maghreb et de la politique allemande pour cette région. Les deux experts ont souligné le rôle fondamental de faire renaître l’UMA et d’avoir une vision maghrébine partagée.

À Berlin

Cherchant à s’informer sur l’aspect structurel des think tanks en Allemagne, le département administratif représenté par le secrétaire général de l’ITES au sein de la délégation a prospecté l’Association d’amitié germano-arabe (DAFG), une association non partisane, qui joue le rôle de modérateur pour assurer le dialogue et l’échange entre les pays arabes avec l’Allemagne. La DAFG est, en effet, une plateforme arabo-allemande qui compte plus de 500 membres et 10000 contacts dans sa base de données et financée par le conseil des ministres des Affaires Étrangères Arabe. Avec une volonté commune de développer davantage la coopération bilatérale, la DAFG propose d’intégrer l’ITES dans son réseau afin de mener des actions communes portant notamment sur l’étude réalisée à l’horizon 2025.

La deuxième occasion pour connaitre mieux sur le volet structurel des think tanks, a été réservée pour rencontrer Karoline Tippelt-Wohl, Rapporteuse du comité directeur au sein de l’Association allemande pour le conseil en matière de politique DEGEPOL. La réunion a porté essentiellement sur le financement de l’institution lié à ses objectifs et valeurs. Renforçant le conseil politique, le DEGEPOL cible l’ensemble de ses partenaires à travers un nombre de membres actifs.

L’aperçu sur le fonctionnement d’un think tank a été encore confirmé lors d’une visite du German Institut of Global and Area Studies (GIGA). Recommandée par les membres de l’ITES, la visite à ce centre a mis au clair l’aspect du travail de cette plateforme, à travers de divers partenariats dont un partenaire tunisien qui est l’Observatoire de la Transition démocratique. Entre autre, le GIGA fournit aussi des prévisions pour le ministère des Affaires Étrangères avec une fréquence d’une fois par an. Il alimente aussi les décideurs avec des études comparatives entre les différentes régions.

CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

En se basant sur une longue histoire de partenariat entre la Tunisie et l’Europe, les représentants de l’ITES ont voulu à travers ce voyage aller plus loin dans un partenariat plus approfondi.

On souligne dans ce sens, la contribution du nouveau département réseau et partenariat crée récemment au sein de l’ITES qui s’occupe du réseau de cette institution avec les structures officielles notamment étrangères. Le rôle de ce département est de développer des canaux et d’établir des ponts de collaboration, notamment dans des Stratégies de prévention à tronc commun.

Comptant actuellement environ 15 partenaires dans son réseau international, l’ITES se propose de mener des études et des projets conjoints avec un nombre d’institutions visitées.

La délégation tunisienne s’est impliquée très activement dans les discussions, chose qu’on a pu mesurer lors des différentes visites. Cette implication était saluée par les membres eux même mais également de la part des organisations hôtes pour la qualité de l’échange et la richesse du débat.

On cite également l’accueil réservé par l’ambassadeur tunisien en Allemagne, ainsi que par les représentants du bureau de la KAS à Bruxelles à savoir M. Hardy Ostry, chef du bureau Européen et Sabina Wölkner, Chef du programme de dialogue politique de développement multinationale qui n’ont pas épargné leur évaluation du programme d’étude et de dialogue, et le rôle qu’il peut jouer pour exploiter l’échange d’expériences et de savoir-faire entre institutions.

Pour la délégation, le modèle européen constitue une référence pertinente dans ce contexte, et l’enjeu est particulièrement important pour l’ITES pour améliorer la pertinence et la qualité de leur travail et de promouvoir le rôle que joue un think tank sur le plan national.

Il était surtout important pour eux de savoir quelles leçons tirer de leur expérience à Bruxelles et à Berlin avec une telle sélection d’institutions notamment des révélations au niveau des réformes urgentes portant sur certaines vulnérabilités à améliorer au niveau local.

Les membres de l’ITES visaient également à donner une nouvelle image de leur Institut auprès des établissements européens.

Dans la plupart des institutions visitées, la délégation a été marquée par des tendances transversales dont principalement la mobilisation de leurs membres autour d’un plan stratégique qui définit les priorités scientifiques et académiques ainsi que les objectifs en termes d’avenir. Elle a été frappée aussi par l’aptitude des interlocuteurs et leur enthousiasme en matière de communication et de visibilité.

La seconde tendance transversale porte sur les ressources humaines et financières oh combien indispensables pour développer une politique performante.

Le voyage a également été l’occasion d’établir des contacts et de poursuivre plusieurs rapprochements institutionnels avec les structures basés à Berlin et à Bruxelles. Des pistes de collaboration sur plusieurs plans notamment au niveau des travaux sur la radicalité sont possibles avec certaines institutions.

La qualité des échanges au cours de cette visite d’étude, y compris entre membres de la délégation, a incité l’ensemble des participants à effectuer un suivi, aussi bien dans leur propre institution que collectivement.

En effet, avec l’émergence de plusieurs problématiques et de véritables politiques après la révolution du 2011, les réflexions sur la performance actuelles et les évolutions à venir du système constituent donc une riche base de réflexion pour des décideurs en Tunisie.

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Interlocuteur

Dr. Holger Dix

Dr. Holger Dix

Directeur du programme régional du dialogue politique en Afrique subsaharienne, Directeur par intérim du bureau de la fondation en Afrique du Sud

holger.dix@kas.de +27 11 214 2900 +27 11 214 2914

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À propos de cette série

La Fondation Konrad-Adenauer, ses instituts, centres de formation et bureaux à l'étranger proposent tous les ans uin grand nombre de manifestations dédiées à des thèmes différents. À l'adresse www.kas.de, nous vous présentons, de manière actuelle et exclusive, des conférences, événements et symposiums. Outre un résumé thématique, vous trouverez ici aussi du matériel supplémentaire tel que des photos, des manuscrits de discours, des vidéos ou des podcasts radio.

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