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Rapports pays

Le Canada a voté

Le cap est redéfini

Au milieu d'une grave crise avec les Etats-Unis, le Canada est à nouveau gouverné par un gouvernement libéral minoritaire après des élections anticipées. Malgré un bon résultat, les conservateurs ratent la victoire électorale qu'ils croyaient acquise. Le Canada semble se diriger vers un système bipartisan.

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Le Canada a élu un nouveau parlement lors d'élections anticipées le 28 avril 2025, après la démission de l'ancien Premier ministre Justin Trudeau en janvier et en pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis. Une semaine après le scrutin, les résultats définitifs ne sont pas encore connus avec certitude, car dans certaines circonscriptions où les résultats sont très serrés, un recomptage automatique doit être effectué conformément à la loi électorale. Avec 43,7 pour cent (169 sièges), il manque jusqu'à présent au parti libéral trois sièges à tour de rôle pour obtenir sa propre majorité. Jusqu'en janvier, les conservateurs et leur candidat principal Pierre Poilievre avaient une avance presque irrattrapable de plus de 25 pour cent. Ils obtiennent 41,3 pour cent et 144 sièges, mais leur candidat principal perd malencontreusement le sien à Ottawa-Carleton. Poilievre obtient toutefois très rapidement une nouvelle chance de remporter une circonscription en Alberta.

Après la démission de Trudeau et les attaques verbales du président américain Donald J. Trump contre le Canada, le sentiment général de changement en faveur des conservateurs qui prévalait l'année dernière contre l'ancien Premier ministre Justin Trudeau s'est inversé en faveur du libéral Mark Carney, ancien directeur de la Banque centrale qui ne figurait pas au Parlement auparavant. Un changement aussi radical de l'humeur politique en l'espace de quelques semaines seulement devrait être plutôt rare, et pas seulement au Canada. Les Canadiens ont en effet été touchés par un sentiment patriotique et le pays a montré ses couleurs. Les Canadiens se sont rassemblés, visiblement révoltés et en colère, mais aussi inquiets de l'orientation prise par les États-Unis. Les véritables problèmes du pays ont été largement ignorés. La campagne électorale très polarisée a peut-être conduit le Canada à un système bipartisan, d'autres partis ont parfois subi de lourdes pertes. On attend beaucoup du nouveau gouvernement qui doit prêter serment le 12 mai et qui sera dirigé par Mark Carney. Il n'est pas certain qu'il parvienne à obtenir une plus grande indépendance vis-à-vis des États-Unis. On ne sait pas non plus si les pertes économiques pour le Canada pourront être évitées et si le coût de la vie ou la charge fiscale des Canadiens pourront être réduits en temps voulu. On ne sait pas non plus actuellement si le parti conservateur restera uni. Le meilleur résultat électoral du Parti conservateur du Canada (PCC) depuis 1988 pencherait en ce qui le concerne. L'avenir du jeune et dynamique chef de parti Pierre Poilievre en fait partie.

 

La voie vers des élections anticipées

Depuis le milieu de l'année 2023, une victoire électorale du Parti conservateur et une défaite des libéraux du Premier ministre Justin Trudeau s'étaient annoncées avec une tendance claire dans presque tous les sondages électoraux jusqu'au début de l'année 2025. Le Parti conservateur du Canada (PCC), avec son candidat principal et chef de l'opposition parlementaire, Pierre Poilievre, âgé de 45 ans, a longtemps devancé les libéraux au pouvoir de plus de 25 points de pourcentage, ce qui le rendait difficilement rattrapable. Le mécontentement de la population à l'égard du Premier ministre Justin Trudeau et de son gouvernement libéral minoritaire n'a cessé de croître en 2024. Environ 60 pour cent de la population souhaitait un changement à la fin de l'automne. Trop de choses ont été annoncées, mais n'ont pas été mises en œuvre.

Le coût de la vie aurait augmenté, tout comme les impôts, les taxes et l'inflation. Depuis l'introduction de la taxe sur le CO2 en 2022, celle-ci devait passer de 50 dollars canadiens (CAD) à 95 CAD en avril 2025. Cela a pesé à la fois sur l'industrie et sur les consommateurs. La productivité de l'industrie canadienne s'est réduite et le chômage a atteint 6,7 % au premier trimestre 2025. Lors d'élections régionales partielles anticipées dans certaines circonscriptions législatives, le déclin des Libéraux était presque annoncé l'année dernière.

Les Conservateurs ont remporté les élections les unes après les autres dans des bastions libéraux comme Toronto en juin 2024 ou Montréal quelques mois plus tard. Dans un commentaire du 23 septembre 2024 dans THE HILLTIMES, le commentateur Michael Harris a comparé le comportement de Trudeau à celui de Joe Biden lors de la campagne électorale américaine, qui a réalisé trop tard qu'il était la cause du problème, mais pas la solution. Selon lui, tout porte à croire que Pierre Poilievre remportera une victoire écrasante pour les conservateurs. Les perspectives des libéraux de remporter à nouveau les élections régulières d'octobre 2025 étaient considérées comme quasiment nulles avec 1- 4 %.

L'atmosphère de changement qui persiste sans cesse depuis un an était trop forte, notamment en raison de la personnalité de l'ancienne star de la politique Justin Trudeau. Au sein de son propre parti, les doutes sur sa capacité à diriger ne cessaient de croître. Sa tentative tactique de redonner aux libéraux la première place lors d'élections anticipées en septembre, après avoir surmonté la pandémie du COVID en 2021, a échoué. Au sein de son propre parti, les doutes sur sa capacité à diriger ne cessaient de croître. Sa tentative tactique de redonner aux libéraux la première place lors d'élections anticipées en septembre, après avoir surmonté la pandémie du COVID en 2021, a échoué.

Avec 32,2 %, les libéraux ont été devancés par les conservateurs avec 34 %, mais ont remporté 158 circonscriptions, contre 119 pour les conservateurs. Néanmoins, les libéraux de Justin Trudeau n'ont pas réussi à gouverner seuls, ce qui aurait été le cas avec un nombre de sièges de 170 dans 338 circonscriptions. Ce n'est qu'avec la complicité des Néo-Démocrates (NPD), parti de gauche progressiste et social-démocrate, autour de son chef Jagmeet Singh, que Trudeau a pu continuer à gouverner dans un gouvernement minoritaire, ce qui n'est pas du tout inhabituel au Canada.

Les coalitions plus ou moins grandes ou multipartites comme en Allemagne sont inhabituelles au Canada en raison du système électoral majoritaire et de la tradition. La tolérance des Canadiens à l'égard des nombreuses erreurs commises par le gouvernement Trudeau a nettement diminué depuis l'automne 2024 (Veuillez voir aussi l'évolution sur https://338canada.com/federal.htm ). Le Parti Conservateur du Canada (PCC) a continuellement augmenté pour atteindre plus de 44 %.  Avec près de 218 sièges, ils auraient constitué leur propre majorité au Parlement en cas d'élections dès 2024. Le Parti libéral du Canada (PLC) (plutôt d'orientation sociale-libérale) n'était plus qu'à 22 pour cent, les Néo-Démocrates (NPD) à 18 pour cent, le Bloc québécois, principalement concentré dans la province de Québec, à environ 8 pour cent, le Parti vert du Canada (GPC) à environ 4 pour cent et le Parti du peuple du Canada (PPC) à 2 pour cent. L'institut de sondage NANOS-Research a démontré à plusieurs reprises dans des sondages réalisés l'année dernière les inquiétudes et les craintes croissantes des Canadiens. En tête de liste figurait l'inquiétude de la population quant à la perte de son propre emploi, suivie par la baisse menaçante de la puissance économique du pays. Le Canada s'inquiète de plus en plus de l'inflation et de l'augmentation du coût de la vie, de la hausse des loyers et des prix de l'immobilier, de l'augmentation de l'immigration, de la faiblesse du système de santé médicale ou de l'augmentation du nombre de sans-abri.

La politique migratoire canadienne, jusqu'alors plutôt libérale, se heurtait manifestement de plus en plus aux limites de l'acceptation par la population. L'objectif fixé par le Premier ministre Justin Trudeau d'une immigration allant jusqu'à 500.000 personnes par an a entraîné une pénurie de logements, les nouvelles constructions annoncées étant largement en retard sur les besoins. L'augmentation sensible du coût de la vie a été au centre du débat, car cela touchait directement la classe moyenne au sens large et bien sûr les catégories de revenus inférieures, et notamment les jeunes, qui voyaient leur rêve de devenir propriétaires s'éloigner. La tentative de Trudeau en décembre 2024 d'alléger temporairement la charge fiscale en suspendant la TVA à partir du 15 décembre, c'est-à-dire juste avant Noël, et en versant 250 CAD à chaque Canadien en février 2025, s'est perdue dans les méandres de la politique fiscale des provinces.

Cette manœuvre du gouvernement libéral, souvent qualifiée de cadeau électoral de plusieurs milliards de dollars, a abouti à un grave conflit entre la ministre des Finances Chrystia Freeland et le Premier ministre Trudeau en décembre 2024. Freeland a démissionné. Cette à ce moment-là, la fin du gouvernement de Justin Trudeau en tant que Premier ministre a été lancée. Auparavant, son équipe gouvernementale et elle-même avaient tenté en vain de convaincre le président américain Donald J. Trump, réélu en septembre, de renoncer aux droits de douane punitifs annoncés contre le Canada. Au début de la guerre commerciale, Trump a reproché au Canada de ne pas en faire assez dans la lutte contre l'immigration illégale et la criminalité transfrontalière liée à la drogue. La visite de Trudeau à Donald Trump à Mar-a-Lago a manifestement échoué, d'autant plus que le président américain Trump s'est ensuite moqué du Premier ministre Trudeau en le traitant de gouverneur et en réitérant sa demande de voir le Canada devenir le 51e État fédéral des États-Unis. Dans cette situation déjà compliquée, le NPD s'est en plus éloigné de Trudeau et a exigé sa démission.

 

La prorogation comme ceinture de sauvetage des libéraux

En janvier 2025, Trudeau a voulu anticiper un éventuel vote de confiance au Parlement en demandant officiellement à la gouverneure générale, Mary Simon, de suspendre la session parlementaire jusqu'au 24 mars 2025. Une possibilité offerte par la Constitution canadienne, que ses prédécesseurs avaient déjà utilisée de manière stratégique par le passé. Parallèlement, il a annoncé sa démission immédiate du poste de chef du parti libéral et, par conséquent, de celui de Premier ministre jusqu'à ce qu'un successeur soit désigné. Une manœuvre tactique qui a permis aux libéraux de profiter jusqu'au début du mois de mars de ce que l'on appelle la prorogation pour désigner leur nouveau chef de parti dans le cadre d'une compétition interne au parti. Leur demande de convoquer le Parlement pour fixer un ensemble de mesures contre les droits de douane punitifs de Donald Trump, que tous les partis considèrent comme injustifiés, est restée sans succès. Au lieu de cela, le 10 mars 2025, les libéraux ont élu à une nette majorité l'ancien directeur de la banque centrale Mark Carney pour succéder à Trudeau à la tête du parti. Carney, qui ne disposait d'aucun siège au Parlement mais était considéré comme un expert financier confirmé, s'est imposé avec une majorité de plus de 80 % au sein du parti face à ses concurrents, parmi lesquels se trouvait également la ministre des finances Freeland, qui avait démissionné. 

Après avoir prêté serment en tant que nouveau Premier ministre deux semaines avant la fin de la prorogation avec une équipe gouvernementale quelque peu réduite, il a dissous la veille le parlement et annonce de nouveaux les élections nationales pour le 28 avril. Il s'agissait là aussi d'une manœuvre pour éviter un éventuel vote de défiance contre le nouveau gouvernement au Parlement. Une courte campagne électorale devait permettre de trancher et a été considérée comme le moment le plus approprié dans cette situation, la date normale des élections après quatre ans, toujours le troisième lundi d'octobre, ayant été rejetée.

 

Comparaison des partis et des stratégies de campagne électorale

Les libéraux voulaient profiter de cette opportunité avec Mark Carney. Les attaques incessantes de l'administration Trump contre le Canada, avec des arguments fluctuants et entre-temps justifiés par un désavantage supposé des États-Unis dans le commerce avec le Canada dans le cadre de l'accord USMCA existant, ont conduit, à un phénomène de rassemblement derrière le gouvernement en place, connu dans d'autres crises. Le candidat principal des conservateurs a transformé les attaques de Trump - peut-être de manière irréfléchie - en « Canada First ». Certains Canadiens ont gardé un mauvais souvenir du slogan de Trump, « America First », lors de la campagne électorale américaine.

Selon ses critiques, Poilievre n'a peut-être pas réussi à se détacher assez clairement de l'image populiste d'un Trump supposé canadien, d'autant plus que le souvenir du soutien de Poilievre aux blocages de routiers à l'époque de Covid était apparemment encore attaché à lui. Brillant orateur au parlement et en tant que chef de l'opposition, il avait également acquis une réputation d'attaquant sévère, ce qui a probablement joué en sa défaveur dans la situation des attaques verbales de l'administration Trump contre le Canada. La stratégie de campagne proprement dite des conservateurs, qui consistait à souligner les faiblesses du pays après près de 10 ans de règne libéral et à présenter Mark Carney comme identique à Trudeau, n'a pas eu l'écho espéré auprès des électeurs au cours d'une campagne courte et très polarisante. Sur les conseils de ses plus proches conseillers, il n'a pratiquement pas modifié son mode de campagne. Pierre Poilievre n'a présenté son programme de gouvernement détaillé que deux semaines avant l'élection. Son programme allait de la construction de logements à la réduction des impôts pour la classe moyenne, en passant par la réduction des obstacles réglementaires et fiscaux entre les provinces, l'expansion de l'infrastructure des oléoducs et gazoducs dans une direction ouest-est pour stimuler les activités pétrolières et gazières du Canada, la lutte contre la criminalité liée à la drogue et l'augmentation des dépenses de défense pour les forces armées canadiennes, compte tenu des activités croissantes de la Russie et de la Chine dans l'Arctique.

Les libéraux, quant à eux, ont adopté de nombreuses revendications au contenu presque identique. En plus d'être difficile à distinguer en réponse aux attaques de Trump contre le Canada, cette stratégie d'adoption des revendications de l'adversaire politique a pu avoir un effet partiellement neutralisant. Les libéraux et Carney ont répondu à l'appel au « changement » de Poilievre par un « Canada fort ». En d'autres termes, les Canadiens étaient stratégiquement confrontés au choix difficile d'opter pour le « changement » en période de grande incertitude ou de rester forts et éprouvés afin de remporter la bataille contre les États-Unis. Néanmoins, Poilievre a continué à se battre sans relâche, ce qui a porté ses fruits dans certaines provinces. Lors de nombreux forums de parti bien organisés et soutenus par sa femme et toute sa famille, il a tenté de faire pencher la balance en faveur du Parti conservateur. Poilievre continuait à enthousiasmer ses partisans avec « Axe the Tax », « Cut the Budget », « Stop the Crime ». Néanmoins, ses adversaires au sein du parti, dont certains occupaient en outre des postes à responsabilité dans les provinces, ont commencé à douter de plus en plus de sa stratégie de campagne. Le Premier d’Ontario Doug Ford, important en termes de population et d'économie, a délibérément placé sa réélection le 13 mars avant les élections législatives et en est sorti début mars avec son Parti conservateur progressiste (PCPC) en tant que vainqueur incontestable des élections. Le PCPC est représenté au niveau régional dans certaines provinces et fait partie du Parti conservateur du Canada. Alors que Ford n'a fait remettre en question la stratégie de Poilievre qu'en arrière-plan et en partie publiquement par ses stratèges électoraux quelques jours avant l'élection décisive à la Chambre des communes, l'ancien Premier ministre canadien Stephen Harper (jusqu'en 2015), a sauté dans les bras de son camarade de parti Pierre Poilievre et l'a désigné comme le seul espoir pour le Canada.

Après tout, tous deux ont travaillé sous son gouvernement, Carney en tant que directeur de banque et Poilievre en tant que jeune ministre du logement. Malgré ce soutien important, Pierre Poilievre a lutté contre la baisse de sa cote de popularité jusqu'au dernier jour avant l'élection. Alors que les principaux candidats se disputaient l'attention des électeurs lors des débats télévisés centraux et que Poilievre apparaissait cette fois plutôt calme et digne d'un homme d'État, il est apparu de plus en plus clairement dans les sondages électoraux que l'humeur du Canada avait changé au plus tard depuis la nomination de Carney. Le contenu des manifestes des partis a été pratiquement écrasé par les menaces répétées de tarifs douaniers punitifs de la part du président américain. Pour compliquer les problèmes, M. Trump a indirectement fait savoir aux Canadiens qu'il appréciait l'expérience de M. Carney en tant qu'expert financier.

En réponse aux attaques de Trump, Mark Carney avait utilisé pour les libéraux le slogan bien connu du sport national qu'est le hockey sur glace, « Elbows up », et lors d'un duel télévisé, il avait simplement répondu aux attaques de Poilievre selon lesquelles lui, Carney, était quasiment Trudeau 2, par une réponse très sobre mais réfléchie : "Je ne suis pas Justin Trudeau. Point final". Carney n'a pas encore eu à affronter de débat parlementaire, car il n'avait jamais siégé au Parlement auparavant. Après les duels télévisés au moins, de nombreux Canadiens ont compris qu'il n'y aurait que deux partis et leurs candidats, car seuls Poilievre et Carney ont su s'adresser à l'ensemble du pays.

En résumé, il s'agit d'une période de transition : La campagne électorale des 36 jours précédant le scrutin a été marquée par une montée en puissance des libéraux, mais aussi, vers la fin, par un retour des conservateurs. Tout se résumait à une décision serrée. Les provinces décisives pour l'élection ont été labourées de maison en maison, de manifestation en manifestation, d'entreprise en entreprise. Les entretiens avec les représentants des Premières Nations ont été suivis de visites des deux candidats dans l'Arctique, afin de souligner là aussi l'importance des traditions et de la culture du pays. Les autres partis importants risquaient de perdre de plus en plus de voix au profit des libéraux ou des conservateurs. Selon ls règles, Le candidat qui remporte 172 sièges obtient automatiquement la majorité des 343 sièges et devient ainsi le prochain premier ministre. Ce duel allait devenir un désavantage pour les autres partis, le NPD subissant des pertes importantes. Avant même les élections, les spéculations allaient bon train sur le successeur possible de son chef de parti, Jagmeet Singh. Les autres partis ont également soulevé les questions de la politique de santé et d'égalité et de la sécurité sociale. Le NPD était de plus en plus désavantagé, ayant servi de faire-valoir au gouvernement minoritaire libéral pendant quatre ans. Tout semble indiquer que les électeurs potentiels du NPD sont plus susceptibles d'opter pour les libéraux ou les conservateurs. Dans le passé, les électeurs traditionnels du NPD dans les provinces appartenaient au secteur industriel. Dans ce pays en crise, il y avait cependant peu de place pour les thèmes plutôt tendres et du NPD, étant donné que l'on risquait de perdre son propre emploi et de subir des pertes économiques. Le Parti Vert a eu du mal à présenter suffisamment de candidats dans toutes les circonscriptions du pays et ils n'ont obtenu que quelques points de pourcentage. Leurs thèmes classiques comme l'environnement et la protection du climat n'ont pas ou peu été débattus lors de cette campagne électorale. Ils n'avaient déjà pu obtenir que deux sièges lors des dernières élections législatives.

Le Bloc québécois s'est presque exclusivement et traditionnellement concentré sur la revendication d'avantages pour la région de Québec et la population francophone de cette province à forte population. Les autres partis ne jouaient à ce moment-là aucun rôle visible. Dans le dernier sondage réalisé peu avant les élections, 2.800 personnes interrogées de manière représentative donnaient les libéraux en tête avec près de 41 pour cent, suivis des conservateurs avec environ 39 pour cent. L'ambiance s'était retournée à une vitesse inconnue jusqu'alors dans le sud de Vancouver, un homme apparemment dérangé a foncé avec son SUV dans la foule lors d'une fête traditionnelle Lapu Lapu de la communauté philippine, faisant 11 morts et de nombreux blessés. Le deuil des victimes est toujours en cours. C'est avec cette nouvelle situation de départ que le dernier week-end avant l'élection officielle du Parlement canadien, prévue pour lundi, a débuté.

 

La journée électorale

Avant l'ouverture des scrutins, environ 7,3 millions des 29 millions d'électeurs avaient déjà voté dans des bureaux de vote installés quelques jours auparavant, soit à l'échelle nationale, soit par courrier électronique. Environ 25 % de plus que lors des dernières élections de 2012, ce qui laisse supposer une forte mobilisation des électeurs. Les élections ont eu lieu dans 343 circonscriptions électorales (contre 238 auparavant). Seul le candidat directement élu avec le plus de voix obtient un siège au Parlement. Le Canada n'a pas de système proportionnel ni de mandats excédentaires ou compensatoires, comme c'était le cas en Allemagne jusqu'à la réforme électorale. Le nouveau nombre de 343 circonscriptions électorales a été formé par les régions électorales des Territoires du Nord, de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, du Saskatchewan, du Manitoba, de l'Ontario, du Québec et, de l'Atlantique. En raison des différences de population, le nombre de circonscriptions avait été légèrement augmenté.

La proclamation des résultats des élections après la fermeture des bureaux de vote se déroule sur plusieurs heures en raison des différents fuseaux horaires du Canada. Dans de nombreuses circonscriptions, les résultats ont été très serrés. La loi électorale canadienne prévoit automatiquement un recomptage, qui s'étend généralement sur plusieurs jours, en cas de faible différence de moins de 0,1 pour cent dans une circonscription. Le vendredi suivant les élections, deux mandats se sont encore échangés entre les libéraux et les conservateurs. Jusqu'à présent, l'élection du Parlement canadien, la Chambre des communes, se jouait souvent dans les provinces à forte population du Québec et de l'Ontario. Mais au vu des sondages électoraux, le résultat en Colombie-Britannique, dans l'Ouest canadien, était également très attendu. Traditionnellement, les conservateurs obtiennent de bons, voire de très bons résultats électoraux dans les provinces de l'Alberta, centre de l'industrie pétrolière et gazière, et du Saskatchewan. La soirée électorale avec les résultats provisoires à partir de 21 heures EST a été passionnante. le premier mandat de la soirée reçu les Conservateurs de la région électorale de l’Atlantique. Je l'ai vu initialement après une étonnamment performance forte des Conservateurs au Labrador et Terre-Neuve a conclu les résultats avec un résultat solide pour Pierre Poilievre et les Conservateurs. Cependant, la province d’atlantique était une catastrophe pour le NPD. À partir de 40% dans la région d'Halifax, ils ont tout juste réussi à 16% et le Bloc Québécois a remporté 1 siège.

Les résultats dans les provinces prioritaires du Québec et de l'Ontario ont été publiés à partir de 22 heures environ, et ce n'est qu'à partir de 21h30 dans le fuseau horaire de l'ouest du Canada que les bureaux de vote des comtés de l'ouest du Pacifique et des 3 comtés du nord ont fermé. Mais dès 22h12, il était clair à Ottawa, en raison de l'arrivée des résultats pour les régions de l'Ontario et du Québec, que les conservateurs n'obtiendraient plus la majorité des sièges. de 172 sièges. La seule question était de savoir de savoir s'il y aurait un gouvernement minoritaire ou un gouvernement un gouvernement libéral majoritaire avec Mark Carney, qui a remporté sa circonscription Nepean avec une nette avance dans le nord du pays. Ontario a gagné.

Les libéraux remportent 169 mandats avec une augmentation de 11,1 pour cent des voix exprimées. Mark Carney a annoncé la victoire des libéraux le soir même des élections, même s'il lui manquait trois mandats pour gouverner seul. Son adversaire, Pierre Poilievre, s'est livré à une course serrée dans l'Ontario-Carleton avec son homologue libéral, Bruce Fanjoy. A la fin du dépouillement, Poilievre s'est étonnamment incliné dans sa circonscription, qu'il a toujours gagnée directement depuis 2004, avec 38, 6 pour cent contre 42,4 pour cent pour Fanjoy. L'ambiance était visiblement morose chez les conservateurs au Rogers Center à Ottawa. La salle s'était déjà sensiblement vidée lorsque Pierre Poilievre est monté sur scène tard dans la nuit avec son épouse pour annoncer qu'avec 144 sièges et 41,3 pour cent (+ 7,5 pour cent) des 19,6 millions de voix exprimées (avec une participation de 68,7 pour cent), les conservateurs avaient tout de même obtenu leur meilleur résultat depuis 1988 et qu'il souhaitait rester à la tête du parti même sans siège au Parlement. Le Bloc québécois a obtenu 6,3 pour cent (-1,4 pour cent) et a remporté 23 sièges. (- 11 par rapport à l'élection de 2021) Le NPD est le grand perdant de la soirée avec 7 sièges et seulement 6,3 pour cent du total des votes, ce qui représente une perte de 11, soit une perte de 11,5 % et de 18 sièges. Le NDP perd ainsi le statut qu'il avait jusqu'à présent au Parlement, qui aurait nécessité au moins 11 sièges.

Jagmeet Singh, le président du parti, a démissionné le soir même des élections. Il avait également perdu son siège. Les Verts ont obtenu 1,2 % (-1,1 %), mais la présidente du parti, Elizabeth May, a retrouvé son siège à Vancouver-Island. Les Verts n'ont donc plus qu'un seul siège au Parlement canadien (contre 2 auparavant). Le Parti du peuple canadien (PPC), qui s'est formé en 2018 s'est séparé du Parti conservateur en tant que branche de droite, n'a plus obtenu que 0,7 pour cent perdant ainsi 4,2 pour cent et est probablement en cours de dissolution. Lors des élections, elle s'était aux élections de 2021, en raison de sa politique anti-Corona et de son opposition à ce qu'il considérait comme une politique de protection du climat qu'elle jugeait excessive se définissait par rapport à la politique. Le parti Independent / Les Indépendants a obtenu 0,2 % des voix exprimées, tous les autres partis n'ont obtenu ensemble que 0,3 pour cent. Alors qu'en Alberta et au Saskatchewan les conservateurs étaient clairement en tête, le résultat était au Manitoba, en termes de répartition des sièges équilibré. En Colombie-Britannique, une légère avance d'avance pour les libéraux.

Au Québec, les libéraux avec le Bloc québécois, clairement en tête. Dans les régions de l'Atlantique, les comme on pouvait s'y attendre, les libéraux devant les conservateurs, bien que certaines circonscriptions aient été surprises par les conservateurs ont été gagnées. Au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest, les candidats respectifs ont remporté la victoire. Des libéraux, et au Nunavut, le candidat du parti Le candidat du NPD, par ailleurs désavoué dans l'ensemble du pays.

 

Évaluation des résultats des élections au Canada

Lors de cette élection, le Canada a nettement progressé vers une démocratie bipartite. Les attaques du président américain Donald Trump ont influencé le climat et le vote au Canada ont exercé une influence déterminante. Les craintes de pertes économiques pour le Canada ont particulièrement touché l'électorat âgé, et plus particulièrement les électeurs de l'électorat populaire.

La sauvegarde de la souveraineté du Canada et la gestion des attaques de Trump ont en grande partie déterminé l'élection. Dans cette situation, l'expérience et l'expertise de l'expert financier Mark Carney, ainsi que son attitude pondérée, qui peut paraître technocratique à certains, ont peut-être été un élément favorable et stable de sa campagne, qui a eu un effet rassurant sur la population inquiète. En pleine campagne électorale, il a déclaré, non sans risque, que le partenariat jusqu'ici étroit avec les Etats-Unis était « irrémédiablement rompu » et a envoyé un signal clair en direction de l'Europe avec son premier voyage officiel à l'étranger, à Paris et à Londres. Mais parallèlement, il a déclaré que le Japon, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud et même l'Inde étaient à nouveau des partenaires importants du Canada après les conflits diplomatiques des deux dernières années.

De plus, Carney couvrait avec son profil professionnel d'ancien gouverneur de la Banque d'Angleterre et de la Banque Canada, a peut-être comblé une lacune souvent évoqué du parti libéral dans le domaine de la politique économique et politique économique et financière. Il s'est distancié rapidement des décisions prises par le gouvernement précédent et, en tant que Premier ministre, il s'est débarrassé du fardeau de Trudeau. Les conservateurs, avec Pierre Poilievre, ont essayé d’en partie en vain, une ligne directe entre Trudeau et Carney et ont mené une campagne électorale passionnée contre les mauvaises décisions prises par le gouvernement Trudeau mais cela n'a pas été sans heurts dans les rangs de l'opposition. Pierre Poilievre a pu rencontrer des gens lors de ses mais aussi lors de discussions sur place, sur le terrain. Ses partisans ont travaillé pour lui se sont battus sans relâche. Il s'est présenté avec la ferme intention de volonté de relever les défis et de résoudre les problèmes du pays. Pour cela, il faudrait que les gens doivent être prêts au changement pour éviter les mauvaises décisions ou les obstacles à la développement économique, comme les différents systèmes d'impôts et de taxes des différentes provinces. Il est possible que durant la crise, certains électeurs potentiels des Conservateurs a été déstabilisé.

En outre, selon Poilievre, le Canada devrait miser sur ses points forts dans le domaine de l'énergie et des matières premières. Construire l'infrastructure de pipelines qui lui fait défaut, afin de se positionner de manière moins dépendante des États-Unis et mieux exploiter le commerce avec l'Europe sur la base de l'accord CETA. Le site développement nécessaire d'une infrastructure de transport se heurte, comme chacun sait, à des obstacles lorsqu'il s'agit de le réaliser concrètement. Il a cependant obtenu le plus grand succès auprès de ses partisans avec ses annonces fermes contre l'immigration illégale et la criminalité liée à la drogue. Mais il a aussi marque à la campagne avec ses les déclarations sur la lutte contre la criminalité. Les gains importants de plus 25 sièges pour les conservateurs indiquent clairement que ses arguments ont été très bien accueillis dans tout le pays et pas seulement dans les bastions électoraux classiques des conservateurs en Alberta ou au Saskatchewan. Les conservateurs ont également gagné du terrain en Colombie-Britannique ou en Ontario. Les deux ont gagné du terrain, le plus souvent auprès d'anciens électeurs du NPD ou du Bloc québécois. Dans les circonscriptions de l'Atlantique, le résultat des conservateurs a été meilleur que prévu au regard des sondages. Mais pour la quatrième fois consécutive, les élections ont été déterminantes avec des sièges alternés en Ontario et du Québec en faveur des libéraux se sont décidés.

La goutte d'eau qui fait déborder le vase pour Pierre Poilievre et son parti conservateur reste en fait c'est qu'il a perdu son propre siège au Parlement n'a pas pu défendre son siège. Sa réponse aux attaques de Donald Trump avec le Canada First était peut-être discutable pour certains sceptiques indécis, dans la mesure où il a passé toute l'année à se battre pour les droits de l'homme. Le fait qu'il ait mené avec succès la lutte contre Trudeau et les libéraux de la même manière en 2024 est une preuve supplémentaire de son succès. L'échec s'est distingué avec succès du revirement de l'opinion publique contre le gouvernement Trump, Poilievre s'est peut-être retrouvé à la traîne. En temps de crise, de nombreux électeurs recherchaient la sécurité, la stabilité et la protection contre les Etats-Unis. Il y avait là au moins une faille dans la manière de mener la campagne électorale s'était créé, qui n'a pas pu être comblée à temps. C'est manifestement la raison pour laquelle le changement d'humeur qui s'était manifesté l'année précédente contre la personne du Premier ministre de l'époque.

 

Que-va-t-il passer ensuite ?

Moins d'une semaine après avoir remporté la circonscription de Battle-River-Crowfoot en Alberta pour les conservateurs, le vainqueur de l'élection, Damien Kurek, démissionne de son siège au profit de celui de Pierre Poilievre. Là, dans le cadre d'une élection dans cette circonscription, qui est une circonscription sûre pour les conservateurs, Pierre Poilievre reviendra au parlement plus tôt que prévu plus tôt que prévu. Les conservateurs passeront la période transitoire au parlement sans leur chef de parti et convoqueront une conférence de parti conférence du parti pour donner suite à l'élection.

La conférence discutera également des déclarations faites par certains conservateurs au milieu de la campagne électorale. On peut actuellement supposer que Pierre Poilievre restera président du parti. Les membres importants et réélus défendent déjà publiquement sa campagne électorale et attaquent plus ou moins ouvertement le président du parti plus ou moins à huis clos. Il sera important que Pierre Poilievre réussisse maintenant à réussir à user de toute son autorité pour maintenir l'unité du parti.

Au plus tard lors des prochaines élections dans quatre ans, les conservateurs auront à nouveau toutes les chances, car si le nouveau gouvernement minoritaire de Mark Carney,pourra mettre en œuvre tout ce qu'il a annoncé, reste à voir. On attend de lui on attend notamment de lui qu'il consolide les finances publiques, qu'il fasse preuve de sagesse et de détermination face aux États-Unis s'opposer à la crise, réduire les impôts et les taxes, stimuler l'économie.

Le nouveau cabinet devrait être nommé le 12 mai.Le 26 mai, le Parlement se réunira pour la première fois, et première séance depuis le 6 janvier 2025 dans la Chambre des communes à Ottawa, en cours de rénovation. Le lendemain, le Roi britannique Charles III sera présent en tant que chef d'État dans le Parlement canadien à Ottawa pour son discours du trône. D'ici la réunion des pays du G7, va se dérouler de 15 au 17 juin 2025 à Kananaskis (Alberta), à laquelle devrait également participer le nouveau chancelier allemand, Friedrich Merz (député), et Il reste encore beaucoup à faire. Ainsi que les préparations de la fête nationale du 1er juillet, qui se déroulent dans une période vraiment mouvementée, sont en cours.

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Dr. Bernd Althusmann

Dr. Bernd Althusmann

Directeur bureau Konrad Adenauer Fondation Canada

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