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L’homme a toujours eu besoin socialement de se différencier des autres individus. Il se réfère à certains éléments de son existence, en particulier son travail, qui joue pour lui une fonction identitaire. Les artisans marocains ont, depuis toujours, été regroupés par métiers et la différenciation de ces métiers était liée à l’habileté et à l’expérience que les artisans avaient cumulée au fil des années. Avec l’arrivée de l’ère industrielle et du travail à la chaîne, Taylor et Ford préconisaient la spécialisation et la rationalisation du travail, qui se trouve divisé en tâches, qui composent le poste.

Depuis, plusieurs méthodes de classification et de pesée de poste ont vu le jour, visant à regrouper et à organiser les emplois dans un système cohérent. Dans son acception la plus générale, la classification est un dispositif qui permet de hiérarchiser les postes de l’organisation et de les positionner dans des catégories et des classes en fonction de leur « poids », qui tient compte essentiellement des exigences du poste et de sa contribution à la création de valeur pour l’entreprise.

D’une démarche empirique, basée sur un classement intuitif des postes, la classification a rapidement évolué pour adopter des méthodes de cotation plus objectives, où le poste est analysé de manière plus ou moins fine, moyennant divers critères de comparaison des emplois. Considérant cette évolution, le but de la conférence était de s’interroger sur les méthodes qui restent les plus couramment utilisées dans la cotation des emplois et plus particulièrement sur les critères d’évaluation. Il s’agissait ainsi de se demander si l’on peut affirmer aujourd’hui que ces méthodes de classification, qui ne relèvent d’aucune science, nous révèlent la réalité des postes étudiés. Considérant la multitude des critères de classification, il était également pertinent de se demander quelles pondérations choisir. De même, les intervenants se sont interrogés sur la pertinence dont relevait la cumulation de valeurs renvoyant à des critères de nature différentes pour calculer le poids des postes. Enfin à l’aune des nouvelles exigences de l’économie du marché du travail, les participants ont tenté de montrer dans quelles mesures ces méthodes, nées il y a plusieurs années, restaient encore aujourd’hui pertinentes. Pour répondre à ces différentes questions les intervenants ont chacun expliqué une méthode de classification. M.Hamid El-Otmani a ainsi développé la Méthode LMS, M.Jacques Perani la méthode HAY et Monsieur Mehdi EL Yousfi la méthode MERCER.

La méthode LMS se fonde tout d’abord sur l’idée que l’évaluation d’un poste par la contribution à la richesse nationale. Pour effectuer une telle mesure elle se base sur trois critères généraux : l’optimisation des ressources, le management des informations et enfin le niveau et la qualité des interfaces. Ensuite elle prend en compte les responsabilités liées au poste. Plus le poste à un poids sur la prise de décision et plus ces décisions sont porteuses de risques, plus le poste est considéré comme important. Trois prérequis jouent également sur la pondération du poste : le savoir, soit la qualification générale ; le savoir-faire, soit les compétences acquises et enfin le savoir-être. Commencer les présentations par la méthode LMS a eu le mérite de mettre en avant à la fois les critères généraux utilisés par les deux autres méthodes mais aussi les critères singuliers qui distinguent la méthode LMS des méthodes HAY et MERCER. La méthode LMS a ainsi trois spécificités à savoir : la prise en compte du management de l’information, celle de la prise de risques et l’attention portée sur le savoir-être.

Les deux autres intervenants sont ensuite rapidement revenus sur le fonctionnement de leur méthode en soulignant qu’outre les critères spécifiques à la méthode LMS ils utilisaient la même démarche critérielle. M.Mehdi EL-Yousoufi a cependant tenu à insister sur la dimension universelle de la Méthode MERCER qui tend à s’appliquer pour tous types de postes de l’exécution à la direction générale et ce dans tous les secteurs d’activités. Son cadre analytique a également été mis en exergue, soulignant ainsi que le contexte interne autant que la vision stratégique et organisationnelle sont toujours pris en compte. De son côté Jacques PERANI a mis l’accent sur l’intérêt des classifications dans le cadre des exigences économiques actuelles. Selon lui les classifications répondent toujours au rôle d’identification sociale liée au travail autant qu’à une fonction de classement consistant à construire une hiérarchie professionnelle et à justifier les écarts entre les différentes situations salariales.