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Présentations & compte-rendus

Dialogue interreligieux: Notre société a besoin d'orientation

de Dr. Ute Gierczynski-Bocandé

Communication du Dr. Kues

Dans le cadre du colloque sur le dialogue interreligieux du 7 décembre 2011, le secrétaire d'état parlementaire honorable député allemand Dr. Hermann Kues a tenu une communication sur l'importance de la doctrine sociale de l'église pour une société en mal d'orientation. Nous reproduisons ici sa communication, suivie des 20 thèses extraites de son ouvrage "Notre société a besoin d'orientation"

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« Religion et développement social.

Quelle approche propose le christianisme ? »

Communication du Dr. Hermann Kues

Colloque sur le dialogue interreligieux

7 décembre 2011

Fondation Konrad Adenauer Dakar

Madame la représentante résidente de la Fondation Konrad Adenauer,

Monsieur le Sénateur Sidy Dieng,

Monsieur le Recteur,

Excellence le Khalife de Pire,

Excellence le Nonce apostolique du Sénégal,

Excellence l’Ambassadeur du Sénégal en Allemagne,

Excellence Madame le Ministre de la culture, du genre et du cadre de vie,

Je suis rempli de joie de pouvoir vous parler aujourd’hui et je voudrais remercier cordialement la Fondation Konrad Adenauer de m’avoir invité.

Je voudrais parler aujourd’hui de la doctrine sociale de l’église et de la question de savoir en quelle manière elle peut contribuer au développement social.

Je suis profondément convaincu que les religions peuvent contribuer de manière extrêmement importante au développement social et à la paix sociale.

La cohabitation harmonieuse et constructive des différentes religions au Sénégal m’a beaucoup impressionné. Les communautés religieuses ont une responsabilité, non seulement pour elles-mêmes, mais pour toute la société. Si l’on ne poursuit que ses intérêts propres, on freine le dé-veloppement de tout un pays. Une société peut avancer seulement si l’on met toutes les forces en commun.

Les religions jouent un rôle important dans le cadre de la communauté des peuples. Les églises forment un lien éthique qui entoure le globe. Nous sommes une famille de l’humanité comme l’a dit une fois le Pape Benoît XVI.

2. Une société a besoin d’orientation

Les valeurs religieuses peuvent faire fonction fil conducteur dans la société et contribuer de ma-nière décisive à la construction d’une communauté viable.

Chaque société a besoin d’un fil conducteur. Elle en a besoin pour savoir :

Où voulons-nous aller en tant que société ?

Comment voulons nous façonner l’état, l’économie, la société ?

En Allemagne, en posant ces questions, on parle souvent d’abord des questions de la croissance économique et des places de travail. Mais dans mes yeux il ne faut pas parler primairement de questions économiques, mais aussi des questions sociétales t des valeurs. Comment voulons-nous vivre demain ?

Je vous donne un exemple : L’Allemagne rencontrera de gros problèmes si nous ne parvenons pas à renforcer les familles et à encourager les habitants de se décider à avoir des enfants. L’Allemagne doit devenir plus favorable aux enfants et à la famille. Dans ce sens, nous avons beaucoup à apprendre de vous, de l’Afrique !

Le schéma pour mes actions politiques et la doctrine sociale de l’église.

3. Principes de la doctrine sociale de l’église

(1) La doctrine sociale de l’église a une image spécifique de l’homme dont découle sa repré-sentation de la société.

Chaque homme a sa dignité. Il est, comme il est, voulu par Dieu.

Ainsi il possède une dignité inaliénable et des droits de l’homme inaliénables.

En appliquant ce principe dans le travail politique, cela veut dire : Chaque homme a des talents et nous devons donner à chacun une chance équitable de développer ses talents, sans con-sidérer son sexe ou sa religion ou son appartenance ethnique.

Etant donné que l’homme est créé à l’image de Dieu, la création est confiée à l’homme. Ce que nous faisons aujourd’hui, ou ce que nous omettons, n’influe pas seulement sur notre vie au-jourd’hui, mais aussi sur l’avenir de nos enfants et de leurs enfants. Notre responsabilité est beaucoup plus vaste qu’elle ne l’a jamais été dans l’histoire de l’humanité.

En effet, l’homme est au centre de l’action politique. N’oublions pas que ceci est valable également pour l’action économique et sociale.

L’idée directrice de la doctrine sociale de l’église est la priorité du bien commun devant l’intérêt individuel. La démesure d’individus est du poison pour le climat de la solidarité et du bien commun.

(2) Comment il faut imaginer un ordre social basé sur ces idées directrices et sur la base de cette représentation de l’homme ? Comment peut-on la façonner de manière juste et équi-table ? Que peut signifier la politique tenant compte de la responsabilité chrétienne et quels sont les effets ?

Une politique stimulée par la responsabilité chrétienne est marquée par la combinaison de deux éléments. Il s’agit de la liberté personnelle et de la responsabilité vis-à-vis de la société.

La subsidiarité suppose la responsabilité individuelle. Elle compte sur l’homme et son potentiel, elle fait confiance en ses capacités et en sa personne. L’individu, la famille, la communauté locale sont tout d’abord responsable d’eux-mêmes. Toutes les décisions et les actions que les hommes peuvent mettre en œuvre sur place, il faut véritablement les prendre et les mener sur place.

Le principe de la solidarité par contre part du fait que tous les hommes ne sont pas à même, dans la même mesure, à prendre leur vie en main.

Il n’y a pas de « Je sans le Nous » - ainsi on peut résumer le principe de solidarité. La solidarité entre les faibles et les forts dans le monde devrait donc être la chose la plus normale dans le monde.

Il y a des personnes dont la participation est limitée, des personnes qui ne peuvent pas mener pleinement une vie auto déterminée, pour des raisons variées : que ce soit par la misère per-sonnelle, la maladie, l’âge ou un échec.

En ce moment entre en jeu la conviction de base chrétienne, conviction de l’égalité et de la di-gnité de tous les hommes. Un homme reste un homme – même s’il est malade, vieux ou fai-ble, même quand il commet des erreurs et se trompe.

On vise le but de donner à chacun une chance équitable, de faire éclore ses talents et de faire le mieux possible de soi même.

L’accès de tout un chacun à la formation peut favoriser la participation. Dans le même temps, il est important que les hommes se rendent comptent que ce sont leurs propres efforts et leurs propres performances qui les font avancer. Cela peut déjà commencer au jardin d’enfant et à l’école dans la mesure où les éducateurs et les professeurs décèlent et promeuvent des talents, dans la mesure où ils prennent du temps pour promouvoir chaque enfant selon ses potentialités. Le message central est : Tu peux réussir, tu peux « faire quelque chose de toi-même ».

Benoît XVI a souligné récemment, dans son Encyclique sociale « Caritas in Veritate » la significa-tion et la valeur des principes de la doctrine sociale de l’église dans le monde globalisé.

La responsabilité et les devoirs chrétiens s’étendent sur le bien de tous les peuples dans le sens du bien commun mondial. Les principes de la subsidiarité et de la solidarité sont valables et applicables particulièrement dans le contexte d’une relation nouvelle –globalisée – entre l’état, le marché et la société civile.

(3) Le modèle économique qui relie ces deux principes est l’économie sociale de marché. Je suis convaincu que le marché seul ne crée pas de solidarité. Il lui faut des règles contraignantes. C’est seulement à ce moment que tous peuvent participer de manière équitable à la prospérité.

L’économie de marché s’est avéré le seul système garantissant l’approvisionnement avec des biens de qualité à des prix abordables et créant en même temps une valeur ajoutée pour une pé-réquation sociale entre les plus riches et les plus pauvres.

L’idée centrale de l’économie sociale de marché s’intitule ainsi : Promouvoir les forces positives du marché, garantir dans le même temps la protection des personnes socialement plus faibles et créer des conditions cadre pour une juste péréquation. C’est dans ce sens qu’il faut réguler le jeu libre des forces du marché.

C’est ainsi que nos amis Ghanéens appellent l’économie sociale de marché « Market Economy with a human face ».

Les règles ne sont pas faites pour donner la prime position à la personne avec le moins de scru-pules. Il faut sanctionner la fraude, la corruption, l’enrichissement illicite, l’escroquerie, l’exploitation et l’espionnage des employés.

La justice de participation signifie que les participants du marché moins forts ont d’égales chan-ces sur le marché et que l’économie se déroule en sorte que les profits bénéficient de manière durable aussi aux générations futures. Ces deux tâches n’incombent pas seulement à l’état, mais aussi aux entreprises.

Au fond, il s’agit de résoudre les problèmes de la société par une balance équitable entre la soli-darité et la liberté, entre la responsabilité individuelle et la responsabilité de l’état social.

4. Globalisation et responsabilité

La crise économique et financière nous tient toujours en haleine. Il y a beaucoup d’indices qui préconisent, à côté d’un meilleur contrôle financier et des conditions de garantie plus solides, aussi un changement de la mentalité des acteurs. Plus de sens de responsabilité, plus d’humilité et moins de maximisation de profits à tout prix, plus de sens de l’équité sociale. Ce sont des vertus avec lesquelles l’économie sociale de marché a atteint ses succès. Elles doivent jouer un rôle décisif dans le développement d’une nouvelle architecture financière mondiale.

Construire la justice, des relations équitables partout dans le monde entre les pays riches et les pays pauvres – ce but central de la doctrine sociale de l’église est en même temps l’objectif le plus difficile à réaliser et à faire comprendre. Ce n’est pas du jour au lendemain qu’un tel déve-loppement pourra intervenir. Mais il est nécessaire de s’approcher du but avec des petits pas. Je voudrais donner quelques exemples qui pourront aider à réaliser une économie sociale de mar-ché au niveau global.

1.La morale n’a pas de limites : Les entrepreneurs allemands à l’étranger ont une responsa-bilité particulière. Dans la plupart des pays en voie de développement, les standards éthiques minimaux quant à l’emploi, la protection de l’environnement et de la santé ne sont pas suffi-samment ou pas du tout respectés. Il incombe aux entrepreneurs de ne pas profiter de cette situation et de se porter garant pour assurer des standards solides, de donner le bon exem-ple.

2.Global Compact : Il s’agit ici d’un réseau global d’entrepreneurs qui s’engagent à respecter volontairement 10 principes sociaux et écologiques, parmi d’autres le respect des droits hu-mains, l’interdiction du travail des enfants et de la discrimination, la protection active de l’environnement, le droit des employés de s’organiser dans des syndicats et la lutte contre la corruption.

3.Investissement éthique : On effectue des investissements ciblés, par exemple dans les fonds thématiques ou dans des entreprises qui ont fait la preuve d’être particulièrement ou-vertes au changement et qui travaillent de manière durable. Les investisseurs, à force d’exiger de leurs créanciers le respect des standards sociaux et écologiques concrets, peu-vent induire des changements et à la longue se développera une tendance qui poussera le marché financier lui-même à aller vers une orientation éthique.

4.Microfinance pour garantir aux pauvres l’accès au crédit. Grâce aux microcrédits, les pauvres, jusque là exclus du marché financier, ont la chance d’investir leurs propres poten-tiels et de participer pleinement au développement. L’octroi de petits et de micro crédits, par-ticulièrement aux femmes. Est un instrument efficace d’une politique de développement du-rable pour combattre la pauvreté.

5.Social Business : Ce concept suppose que les entrepreneurs travaillent en tenant compte des critères habituels de l’économie de l’entreprise, cependant, à la place du profit financier, ils poursuivent en premier lieur des buts sociaux. Ainsi on peut citer la production dans des conditions équitables de denrées accessibles pour les couches pauvres de la société qui leur permettront de satisfaire leurs besoins primaires. Cette idée a été inspirée par la disponibilité convaincante des pauvres á s’aider eux-mêmes. Le concept est complémentaire à l’aide au développement conventionnel.

Les moyens sont disponibles, les moyens rendant possible une existence digne partout sur la terre et de créer dans le même temps les bases de la vie des générations futures. Nous avons besoin de la volonté de les utiliser au profit des pauvres d’aujourd’hui, c'est-à-dire d’une redistri-bution des moyens.

Dans le même temps, et après beaucoup d’années de coopération pour le développement, nous avons tiré un enseignement : les moyens publics seuls ne suffisent pas pour garantir de manière durable l’équité sociale et le développement. Ces deux facteurs peuvent être atteints seulement en garantissant des conditions cadres : un état fonctionnel et démocratique avec des structures solides d’un état de droit qui respecte les droits humains.

On peut combattre la pauvreté de manière durable dans les pays en voie de développement en améliorant l’activité économique et en accélérant la croissance économique. Dans le même temps, il faut que nous Européens nous remémorions notre responsabilité : Concrètement cela veut dire que nous devons faciliter l’accès des produits et des services africains aux mar-chés internationaux, surtout agraire, à des conditions d’échange équitables. C’est seulement de cette manière qu’une croissance économique durable peut commencer en Afrique aujourd’hui.

5. Je voudrais vous encourager à vous familiariser avec et à discuter les principes de la doctrine sociale de l’église.

Les principes de la doctrine sociale de l’église sont universels. Ils sont valables pour chaque homme.

Chaque homme a sa dignité.

Chaque homme a des talents et des capacités qu’il peut mettre au profit de la commu-nauté.

Chaque homme a besoin d’une chance équitable de faire valoir ses talents.

Il est important, que toutes les religions restent dans le dialogue. Il est également important que nous discutions sur les particularités du Sénégal et de l’Afrique de l’Ouest d’une part et de l’Allemagne et de l’Europe d’autre part.

Je vous encourage à la discussion et vous remercie de votre attention.

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Interreligiöser Dialog 1 U G Bocandé

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