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Islamisme, radicalisation et dé-radicalisation

Enjeux politiques et nouvelles approches

Le workshop proposé par la Konrad-Adenauer-Stiftung(KAS) et l'Observatoire Arabe des Religions et des Libertés(OARL) les 27 et 28 mai, traitera des pistes de reflexions sur l'islamisme et la radicalisation et les enjeux politiques qui en découlent.

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Détails

En effet, l’analyse des mouvements religieux est une entreprise difficile, puisqu’elle demande de définir un sujet presque indéfinissable (qu’est-ce qu’un mouvement religieux ?) et choisir entre plusieurs stratégies d’analyse qui pourraient reposer toutes sur des arguments valables. En outre, il s’agit d’une pratique naissante, puisque ces mouvements ont été longtemps perçus comme étant des dérives des religions majoritaires.

Les mutations récentes et la mondialisation donnent aujourd’hui une dimension primordiale à l’analyse de ces mouvements à partir de leur logique propre. Elles invitent à bien évaluer l’aspect religieux dans leur développement. Que ce soit dans les politiques internes des pays arabes, dans la coopération de ces pays avec l’Europe ou dans la résolution des problèmes sécuritaires du moment (violence, terrorisme, immigration clandestine), ces mouvements constituent aujourd’hui des sujets incontournables.

Pendant longtemps, on s’est fié à la dichotomie islam/islamisme. Explicitement ou implicitement, elle signifiait que l’islam est la règle et l’islamisme en est une sorte de dérive. Plusieurs synonymes ont été donnés au deuxième terme : islam radical, islam politique, fondamentalisme, etc. Aujourd’hui, c’est l’opposition en soi qui pose problème, pour les raisons suivantes :

1- Le rapport entre religion et politique n’est pas clairement défini chez les musulmans, aucun consensus n’a jamais été réalisé dans l’histoire de l’islam sur ce sujet. L’opposition islam/islamisme pourrait s’avérer une simple projection occidentale ou intellectuelle sur l’islam réel. Plutôt que de penser qu’une minorité est entrain de pervertir l’islam, ne serait-il pas plus pertinent de poser le problème à partir de ses racines et oser soutenir une pensée réformiste de l’islam qui tranche ce problème, et tant d’autres tenus en suspens depuis déjà des siècles ?

2- L’islamisme étant devenu aujourd’hui plus acceptable, nous assistons à une sorte de chaos terminologique, puisqu’une multitude d’appellations se sont substituées à l’appellation d’origine : nous sommes passés de l’islam radical à l’islamisme radical, puis à l’islamisme radical violent, puis au salafisme, jihadisme, terrorisme, etc. Or, plutôt que de se fixer sur l’appellation, ne serait-il pas plus urgent de définir d’abord ce dont on parle ? Des termes comme salafisme ou jihadisme résonnent négativement pour un occidental, mais est-ce aussi le cas pour un musulman pratiquant, qui puise ces termes dans une longue tradition théologiques de référence ? Des appellations mal réfléchies ne risquent-elles pas de donner une certaine légitimité à des mouvements que l’on veut dénoncer ?

3- L’opposition entre sunnisme et chiisme, qui devient une donne stratégique majeure dans le Grand Proche Orient, complexifie l’analyse et montre que, loin d’être un phénomène marginal, la politisation de la religion est un outil qui s’intègre dans des stratégies étatiques ou sociales.

Qu’en serait-il si l’avenir de la région se réduit à un conflit entre deux blocs doctrinaux, qui commencent à s’esquisser actuellement dans le contexte de la guerre contre le terrorisme? Cette guerre « existentielle » - pour reprendre un terme utilisé par le Président américain- peut-elle occulter des valeurs fondamentales et les sacrifier sur l’autel de l’union contre l’horreur suprême?

4- Le terme de « radicalisation » est aujourd’hui en vogue. Il a été lancé pour éviter l’amalgame entre l’islam et la violence, éloigner le risque d’une ségrégation des communautés musulmanes vivant en Occident, ne pas poser la violence comme l’apanage des religions en général. Par-delà la noblesse de l’intention, ce terme supposé neutre peut-il lever les confusions? Ne pose-t-il pas immédiatement le sujet de savoir si nous vivons aujourd’hui la radicalisation de l’islam ou l’islamisation de la radicalisation? Or, ce questionnement ne nous renvoie pas à son tour à la case de départ?

5- Les appels à adopter des lois dites contre le dénigrement des religions ainsi que l’assimilation de l’islamophobie au racisme pourraient se révéler dangereux dans des contextes où les limites entre la religion, ses adeptes et les projets politiques qui l’instrumentalisent sont confuses. La critique de la pensée religieuse, des organisations politico-religieuses et des figures de l’islamisme ne risque-t-elle pas de devenir des délits punis par la loi, même dans les sociétés les plus rompues à la liberté d’expression ?

Ainsi, les problèmes posés ici ne sont pas théoriques ou académiques, ils sont éminemment politiques. La confusion actuelle profite aux « radicaux » qui jouent sur les libertés religieuses dans les démocraties et sur le conservatisme religieux dans les pays musulmans pour dominer un vaste espace d’activisme et de propagande, englobant les mosquées, les chaines satellitaires religieuses, les sites « islamiques » sur la toile et les réseaux sociaux, l’éducation religieuse officielle et para-officielle, les associations caritatives, voire, comme aux Etats-Unis, certaines institutions académiques qui abritent des pseudo « centres de recherches », lesquels ne sont que des centres de propagande et des lobbys pro-islamistes.

Ce workshop n’a pas l’ambition de trancher sur les sujets débattus, mais de tracer certaines pistes de réflexion. Chaque participant est appelé à exposer ses opinions et ses prospections, à partir de ses études et de ses recherches. Nous envisageons d’organiser ultérieurement un colloque international sur les mutations de l’islamisme, qui sera ouvert à un plus grand nombre de chercheurs et qui se basera sur les orientations retenues lors du workshop actuel.

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Lieu de l'événement

Tunis

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Dr. Hardy Ostry

Dr

Head of the USA office (in preparation)

hardy.ostry@kas.de
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Olfa Béji

Portrait Olfa Beji

Chargée de Programme pour la Tunisie

olfa.beji@kas.de

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Partenaire

Observatoire arabe des religions et des libertés (OARL)