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Dans le cadre de la démarche de l’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES) pour l’établissement d’une stratégie nationale à l'horizon 2025 visant l’émergence et la résilience, le secteur de la santé a été identifié comme l’un des six secteurs stratégiques pour la Tunisie. En vue de réorganiser notre système national de santé afin d’assurer à chaque citoyen la bonne prise en charge, dans la bonne structure de santé, par le bon professionnel, au bon moment, l’activité hospitalière a été retenue comme l’une des priorités dont dépend, en partie, l’état de santé de la population. Plus précisément, l’objectif est de moderniser l’offre de soins au sein des établissements de santé à travers une meilleure organisation des parcours de soins, afin d’assurer une meilleure qualité de prise en charge des patients mais également de réduire les disparités de santé entre catégories sociales et régions et de positionner dorénavant l’hôpital comme un contributeur essentiel à la santé.

De nos jours, l’hôpital pose de nombreux problèmes, souffre de profondes défaillances et nécessite une réflexion approfondie car le concept même d’hôpital et ses attributions n’ont cessé d’évoluer en fonction de facteurs comme l’évolution des besoins en soins, l’émergence de nouvelles maladies et l’essor de nouvelles technologies. Le rôle, les statuts, la taille des établissements et les modes de gouvernance sont variable d’un pays à l’autre, sans qu’il soit possible de dresser une véritable typologie, même si les pays à système d’assurance sociale ont une organisation plus hospitalo-centrée que les pays à système national de santé.

Néanmoins, des similitudes existent, notamment dans la volonté de recentrer l’activité hospitalière sur les soins qui ne peuvent être prodigués qu’en hospitalisation. Ainsi la tendance à diminuer le recours à l’hôpital est largement partagée. Ces tendances de fond conduisent à l’émergence de multiples innovations organisationnelles, souvent spécifiques à un pays donné. Dans les pays industrialisés, d'importantes mesures de réorganisation du système hospitalier sont prises prenant en considération ses missions de soins, mais aussi de formation et de recherche sans perdre de vue ses responsabilités sociales. L'évolution accélérée des technologies des soins et de la société fait que l’hôpital devra s'adapter plus rapidement que par le passé.

En Tunisie, l’offre de soins est organisée autour de trois secteurs :

-Un secteur public : organisé en trois niveaux, il demeure le principal fournisseur des soins préventifs et curatifs et détient plus de 85% de la capacité d’hospitalisation ;

-un secteur privé : il représente actuellement 13% de la capacité hospitalière ;

-Un secteur parapublic : il dépend de la santé militaire, des forces de sécurité intérieure, du ministère des affaires sociales (6 policliniques de la CNSS) et des services médicaux relevant de certaines entreprises.

Le système de santé tunisien évolue dans un contexte de mondialisation du marché de la santé et un environnement caractérisé par de profondes transitions démographiques, épidémiologiques, socio-économiques et culturelles sans oublier l’avènement de profondes mutations politiques depuis 2011. Tous ces facteurs ont mis à nu les insuffisances du système, en particulier, dans le secteur de la santé publique et, ce en dépit de la bonne renommée internationale dont jouissent les compétences médicales et les professionnels de la santé tunisiens. En l’occurrence, c’est cette bonne réputation qui a fait de la Tunisie un pays exportateur de services et de biens sanitaires.

En dépit de ces réussites, le secteur public, avec ses trois niveaux de recours, comporte un certain nombre d’insuffisances en termes d’équité, de qualité et d’efficience. En effet, bien que l’infrastructure hospitalière assure une couverture géographique satisfaisante de la population, celle-ci se caractérise par son inadaptation en raison de la vétusté de certains bâtiments, de l’inaptitude des plateaux techniques à assurer les prestations requises dans des délais acceptables, d’où la prolongation des durées de séjour hospitalier, les retards de rendez-vous avec leurs conséquences sur les coûts et la santé du citoyen.

Afin d’améliorer la performance du système de santé tunisien, il est impératif de redéfinir l’architecture, le rôle et les moyens nécessaires à chaque niveau d’établissement de santé en vue de rapprocher les soins des citoyens et de désengorger les hôpitaux de troisième niveau pour les recentrer sur leurs vrais missions de soins, de formation et de recherche.

L’objectif de ce séminaire est de débattre des questions visant l’amélioration de la qualité et de la sécurité des établissements hospitaliers tunisiens et d’identifier les orientations stratégiques dessinant les contours de l’hôpital de demain. A cet effet, nous réunissons, dans un cadre propice à la réflexion, les professionnels de la santé des secteurs public et privé et l’ensemble des autres acteurs et chercheurs impliqués dans ce processus.