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Présentations & compte-rendus

La crise libyenne : entre risque sécuritaire et opportunité économique

de Marie-Christine Roux, Slim Jaoued

La KAS et Sigma Conseil lancent « les Rencontres de Tunis »

Si 65% des Tunisiens considèrent que la crise libyenne aura des répercussions négatives sur la Tunisie, pour Mohsen Marzouk, Ministre conseiller auprès de la Présidence de la République, elle peut également constituer une opportunité majeure. Au cœur de l’actualité, la crise libyenne et ses répercussions sur la Tunisie ont été au centre des débats de la première « Rencontres de Tunis ». Risque ou opportunité? C’est entre ces deux questions que s’est articulé le débat au cours de la soirée-débat organisée par la Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS) et Sigma Conseil, le 19 mars 2015.

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La soirée a débuté avec une minute de silence en mémoire des victimes de l’attaque du Bardo. Pour Hardy Ostry, Représentant de la KAS en Tunisie, « il est important de continuer pour ne pas donner raison à ceux qui nous attaquent». Poursuivre les débats et aborder les défis sociétaux, auxquels la Tunisie se trouve confrontée, est donc essentiel. C’est ce à quoi les « Rencontres de Tunis» aspirent en abordant des sujets d’actualité, sous différents angles (politique, économique, social et sociétal), en donnant de l’importance à la fois aux données empiriques et aux idées. « Nous souhaitons, par ces rencontres, contribuer au débat public avec des chiffres, des idées et des recommandations, pour ensuite les transmettre à l’exécutif et au législateur », se joignant aux mots de bienvenue du représentant de la KAS, Hassen Zargouni, Président de Sigma Conseil, a précisé l’objectif des rencontres, que les deux institutions organiseront tout au long de l’année 2015.

>> La sécurité des Tunisiens en Libye première préoccupation

La présentation d’une nouvelle étude, portant sur la perception des Tunisiens des répercussions de la crise Libyenne sur la Tunisie, a permis de donner quelques éléments empiriques clés aux participants en introduction. Il en ressort qu’en termes de répercussions, l’impact sécuritaire l’emporte dans l’opinion des interrogés. En effet, pour 67% des interrogés la crise libyenne représente « un risque énorme » sur le plan sécuritaire. C’est néanmoins la sécurité des Tunisiens résidant en Libye qui arrive en première position en termes de préoccupations quant aux répercussions négatives, suivie de la hausse de la contrebande et la propagation du terrorisme. L’impact économique entre également dans les préoccupations des Tunisiens avec 53,4% des interrogés qui y voit un risque pour la Tunisie. Face à ces défis, les interrogés ont exprimé en majorité leur confiance dans les capacités du gouvernement à y faire face, en plébiscitant notamment des mesures de contrôle aux frontières (avec 95,7% d’opinions favorables) et d’aide à la Libye pour sortir le pays de la crise (88,1% d’opinions favorables).

>>La crise libyenne représente une opportunité économique

La présentation a ensuite fait place à la discussion entre les intervenants et les participants. Prenant la parole pour le politique, Mohsen Marzouk a mis en évidence l’importance pour le gouver-nement actuel de mettre en place une stratégie reposant à la fois sur le politique, l’économique et le sécuritaire (sans pour autant confondre politique sécuritaire et lutte contre le terrorisme). Il a également souligné la nécessité pour la communauté internationale de soutenir la Tunisie dans cette entreprise, au regard notamment de l’impact du nombre croissant de « réfugiés » libyens sur l’économie tunisienne. Si la crise a des conséquences négatives à ces yeux, elle constitue également une véritable opportunité pour l’économie tunisienne. La manière dont sera exploitée cette opportunité ne dépend pas de la stratégie économique du gouvernement tunisien à elle seule, mais également des acteurs économiques tunisiens, selon Marzouk. Pour lui, les acteurs économiques portent également une grande part de responsabilité, étant donné qu’ils ont la capacité, par leur mobilisation, la Tunisie étant maintenant une démocratie, d’encourager le gouvernement à agir dans ce sens. « La révolution a donné plus d’autonomie aux acteurs, maintenant c’est à eux d’agir ! »

>>Une perception erronée de la Libye en termes de richesse

Le volet économique, et plus particulièrement la perception erronée de l’état actuel de l’économie Libyenne, ont été au centre de l’intervention de Marouane El Abassi, Représentant de la Banque Mondiale en Libye. En présentant les chiffres des derniers budgets, Abassi a mis en évidence le déficit budgétaire croissant que connaît la Libye depuis le début de la crise. Ce déficit est notamment lié à la perte des recettes douanières et la croissance du commerce parallèle, toutes deux liées à la grandissante différence des prix entre les deux pays.

>>La Tunisie a intérêt à investir dans l’enfance

Malgré le nombre de Libyens résidant en Tunisie, comme conséquence de la crise, (entre 300.000 et 400.000 selon Sigma Conseil) et le poids qu’ils exercent sur la société tunisienne, la communauté internationale n’a pas encore reconnu la Tunisie comme pays d’accueil. Moez Cherif, Chirurgien pédiatre et Président de l’Association Tunisienne des Droits des Enfants, a ainsi rappelé que pour bénéficier de l’aide internationale la Tunisie doit être reconnu comme tel. Pour lui, cette situation va même au-delà de la question de l’aide financière, en posant la question du statut à donner à ces personnes et de la politique d’intégration à mener en fonction. Faut-il pousser les familles libyennes à s’intégrer et à s’installer de façon durable en Tunisie ou s’agit-il d’une situation seulement provisoire ? En fonction de la réponse à cette question, l’approche vis-à-vis notamment de la scolarisation des enfants libyens sera différente. Pour Cherif, la Tunisie a intérêt à investir dans l’avenir, et donc dans l’enfance. En intégrant les enfants dans la société tunisienne, et par ricochet les familles, la Tunisie crée un terreau fertile pour une meilleur compréhension du voisin et potentiellement une meilleure coopération à l’avenir.

Les questions et les propositions des participants ont clôturé le débat. Le statut de la population libyenne en Tunisie a notamment été soulevé ainsi que l’idée de créer un conseil d’hommes d’affaires tuniso-libyens afin de pouvoir exploiter l’opportunité économique.

Au regard du succès rencontré lors de sa première « Les Rencontres de Tunis » continuent et vous donnent rendez-vous le 30 Avril 2015 avec pour thème « les 100 jours du gouvernement Essid » !

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Les rencontres de Tunis-la Libye entre risque sécuritaire et opportunié économique pour la Tunisie KAS Tunisie

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