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L’économie sociale de marché est-elle possible en RD Congo ?

Table Ronde à la Konrad Adenauer Stiftung

La Konrad-Adenauer-Stiftung e.V. fidèle à sa tradition, a tenu ce mercredi 11 juin 2014, une table ronde sur l‘ « Etat des principes de l’économie sociale de Marché en RDC ».

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Le Représentant Résident de la Konrad-Adenauer-Stiftung, M. Steffen Krüger, a dit aux participants que le but poursuivi est de renforcer les capacités et favoriser des échanges entre experts, des universités, des décideurs et responsables des ONG en vue de scruter quels sont les avantages à tirer du système d’économie sociale de marché.

Il s’agit de faire un état de lieux conformément à la constitution du 18 février 2006 ; évaluer la connaissance de ce système d’économie par la population ; trouver des idées pour nos activités futures ; quels sont les problèmes actuels dans ce domaine et que faire pour l’application de ce système en RD Congo.

Dix-neuf participants, donc deux femmes ont pris part à cette activité. Des universitaires, chercheurs, des membres de la société civile, un député national, un représentant de l’Union européenne et de médias ont été présents à cette table ronde.

Le Représentant Résident de la Konrad Adenauer Stiftung, M. Steffen Krüger a rendu hommage à l’homme d’Etat allemand Ludwig Erhard qui a forgé cette expression d’économie sociale de marché. Il définit ce système économique mis en place en Allemagne fortement inspiré par l’ordo libéralisme qui vise à obtenir un équilibre social et maintenir à la fois une croissance élevée, une faible inflation, un faible chômage, de bonnes conditions de travail et une protection de travail.

Il a vu le jour au lendemain de la deuxième guerre mondiale en Allemagne. Ce système économique est caractérisé par des valeurs et la conception de l’homme démocratique, éclairée et libérale, efficace et écologique, sociale et fondée sur l’éthique. Ici, l’homme est au centre et l’Etat régule et veille à ce qu’il ne soit écrasé par le profit. La concurrence est encadrée par des règles.

Fidèle à sa mission, la Konrad-Adenauer-Stiftung e.V. assure la formation sur l’économie sociale de marché dans les universités (UNIKIN, UCC, UNILU) et le renforcement des capacités au niveau des Organisations Non Gouvernementales et du Gouvernement. Des publications et formations des formateurs et des médias sont mis en contribution en vue de favoriser des échanges entre institutions sur le sujet.

Trois conférences ont figuré au programme de cette journée:

« Eléments et principes de base de l’économie sociale de marché » par le professeur NTUNGILA NKAMA MBENDU Floribert

En fait, il existe des principes à retenir, dit-il et cite : le principe de subsidiarité comme étant le principe moteur qui sous-tend l’économie sociale de marché. L’Etat veille à ce que la population ne soit écrasée par le profit avec le capitalisme libéral ou sauvage. La satisfaction des besoins repose sur une éthique pour assurer un partage égalitaire du revenu national. Et le Prof. NTUNGILA a indiqué quelques éléments et principes de base de cette économie sociale de marché, à savoir :

  • La stabilité monétaire
  • La propriété privée
  • La sécurité sociale
  • La justice sociale
La garantie d’une justice distributive est assurée par des règles fixées par l’Etat qui joue à l’arbitre. Les conditions idéales ne sont pas encore réunies pour une économie sociale de marché selon le conférencier, mais dit-il, le pays se trouve sur une bonne dynamique.

En RD Congo, les conditions idéales font défaut, mais soutient le Prof. Ntungila, « nous avons de bonnes perspectives à confirmer dans les jours qui viennent ».

M.MULENDA Daniel, Directeur de Cabinet du ministre de l’Economie et Commerce Extérieur invité à cette rencontre commenté la situation actuelle. Il a fait observer que la croissance de la RD Congo estimée à 8,3% quoique bonne, ne transparaît pas dans le fait, le résultat n’est pas palpable par rapport à l’ensemble du pays ; pour la simple raison qu’elle est basée sur un secteur, celui des mines.il faudrait relancer l’agriculture, il, pour la satisfaction des besoins sociaux des populations locales.

Rôle de l’Etat dans une économie sociale de marché par le Prof. KUMBU ki NGIMBI Jean-Michel

Le Prof. KUMBU a indiqué que l’origine principale de la philosophie qui a conduit à l’établissement de l’économie sociale de marché qui fut certainement, en ce qui concerne son aspect économique, et avec tous les honneurs dus aux ancêtres de ce système, depuis Adam Smith jusqu’à la Fabian Society d’Angleterre, l’Ecole de Fribourg (Freiburger Schule).

Et le prof. KUMBU de souligner principes régulateurs sont essentiels :

Quelques principes :

  • La concurrence déloyale : en RD Congo, une loi interdit la concurrence déloyale et réprime tout comportement déviant dans ce ce sens.
  • La concurrence effective : est un processus de concentration et crée un monopole ou de position dominante. Ici, l’Etat doit règlementer le système et stopper un monopole nuisible.
  • La stabilité monétaire : un faible taux d’inflation avec une stabilité monétaire qui suppose qu’il y a une production, du travail, un salariat, et donc plus favorable à des populations économiquement plus faibles
  • La propriété privée : la possibilité d’acquérir une propriété privée et, comme en corollaire, le droit de succession, poussent des gens à contribuer au produit national.
  • La sécurité sociale : tout citoyen doit pouvoir bénéficier des moyens pour mener une vie digne. Il est indispensable que l’Etat garantisse à tout citoyen se retrouve au terme des cotisations effectuées durant des années.
  • La justice sociale est aussi importance pour assurer un partage égalitaire du revenu national en veillant à ce que les chômeurs ne soient incités à rechercher l’emploi.

Enfin, Professeur KUMBU ki NGIMBI Jean-Michel a indiqué que dans une économie sociale de marché : un Etat « régulateur » et « gendarme » est essentiel à sa bonne marche.

Intervenant à cette discussion, le directeur de cabinet du ministre de l’Economie et Commerce Extérieur a précisé aux participants que la régulation de l’Etat peut être efficiente si l’offre est importante. Selon M.MULENDA, il est plus intéressant que la production locale soit significativement forte en vue de permettre à l’Etat de réguler et de contrôler l’économie nationale. C’est dire qu’un « Etat gagne quand le producteur local est plus compétitif que la consommation extérieure ». Dans une économie extravertie comme celle de la RD Congo, soutient-il, il est difficile de réaliser l’économie sociale de marché en raison de la faiblesse des structures d’économie qui devrait viser la satisfaction locale.

Justice distributive et économie sociale de marché par le Manuelo Paulin

Le conférencier a situé le contexte et l’origine de la justice distributive aux origines de la philosophie grecque. Il a référé à Aristote dans l’éthique à Nicomaque. C’est la somme des vertus, la vertu qui se rapporte à autrui. « C’est la vertu qui contient toutes les autres vertus ». On distingue : la justice contributive ou légale (concerne les devoirs des individus vis-à-vis de l’Etat), distributive (concerne l’Etat vis-à-vis de ses citoyens, des services à assurer) et commutative (concerne les transactions de gré à gré entre citoyens).

Les trois formes de justice se tiennent comme en cercle. Ce cercle forme ce qu’il faut nommer : la justice sociale.

La constitution du 18 février 2006 affirme que le revenu doit être distribué équitablement. Que cela veut dire ? Comment l’Etat doit-il assurer la distribution de ses services et les biens (richesses) à ses membres ? S’appuyant sur Aristote, il faut une justice « proportionnelle » ou « géométrique », selon des mérites et des qualifications.

Cependant, la conception de la justice distributive, moderne, veut que l’Etat régule. Une intervention de l’Etat dans la distribution des richesses est considérée par les libéraux traditionnels comme une intrusion ; mais une conception plus modérée est développée par John Rawls dans A theory of justice en 1971. Elle est plus acceptée.

Deux principes sont proposés :

  • Les libertés de base égales ou fondamentales, d’égalités de chances
  • Le principe de différence : l’Etat se doit d’intervenir au profit de ceux qui sont défavorisés ; en cas d’inégalités économiques et sociales, il convient de donner plus de priorité là le besoin se fait sentir.

Regard sur la Constitution du 18 février 2006 dans la mise en œuvre de l’économie sociale de marché.

Les articles 50, 53, 58, 59, 65, et 67 sont des indications possibles de mise en œuvre de la justice distributive en RD Congo. Mais en réalité, une distance sépare les textes de la mise en œuvre effective. Un dysfonctionnement persiste dans la pratique ou la mise en œuvre ; ce qui sème le doute pour l’effectuation de cette justice sociale ou distributive. En Afrique comme en RD Congo, le malaise, c’est sans doute le paradoxe entre les richesses existantes et les textes de la mise en œuvre, dans toutes les relations de justice entre l’Etat vis-à-vis des citoyens et les citoyens vis-à-vis de l’Etat. Le conférencier conclut en s’appuyant sur le philosophe allemand Jürgen Habermas pense qu’ « à une crise économique, la réponse n’est pas qu’économique », il faut aller au-delà pour trouver des solutions ; la mentalité africaine ou congolaise serait-elle réfractaire à la justice distributive ?

En réponse à toutes les interrogations comme pistes permettant de rendre possible cette économie sociale de marché, le professeur Paulin MANUELO, sj. propose la remise en question développée dans la décolonisation mentale de Mabika Kalanda de 1960.

Quelques recommandations ont été formulées :

  • Plaidoyer pour la mise en œuvre d’une caisse de solidarité nationale et du conseil économique et social
  • Une campagne de civisme économique
  • Communication avec la société civile

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