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RAPPORT SUCCINT SUR LA SITUATION SECURITAIRE DANS LA PROVINCE DU NORD- KIVU POUR LE MOI DE JUIN 2012

Analyse de la société civile

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I.ANALYSE DU CONTEXTE

Le Nord Kivu en tant que province de la RDC est situé au cœur de la sous région des grands lacs africains, considérés comme l’épicentre des conflits en Afrique centrale. Sa situation sécuritaire a subi une détérioration progressive depuis la guerre de libération du Congo, dirigée par l’AFDL en 1996, avec des complications entre 1998 et 2002, période au cours de laquelle, le pays venait de connaitre une partition entre différentes rebellions dont le Nord – Kivu constituait le centre d’impulsion.

En vue de mettre fin à cette situation qui évoluait déjà vers la partition de la RDC, la communauté internationale a pesé de son poids pour juguler la crise en multipliant les médiations entre les parties prenantes aux conflits, ce qui a abouti aux accords de SAN CITY et à la formation du gouvernement de transition entre 2002 et 2006, dont la mission était l’instauration d’un Etat de droit par la préparation des élections démocratiques, libres, transparents et apaisées.

Cela étant, en 2006, une fois dans son histoire, la RDC a organisé les élections démocratiques et les institutions issues de l’expression libre de la population ont été mise en place. Malheureusement, après l’installation des institutions démocratiquement élues, une nouvelle guerre va prendre une fois encore naissance dans la province du Nord- Kivu à partir d’un mouvement insurrectionnel d’une partie de l’armée régulière, pour se transformer à une véritable rébellion sous la direction du CNDP. Cette nouvelle phase va encore une fois occasionner une détérioration de la situation entre 2006 et Septembre 2007, puis une aggravation lors des combats qui vont opposer l’armée régulière et la rebellions du CDNP jusqu’à Décembre 2007.

Vue l’aggravation de la situation, le Gouvernement congolais avec l’appui de la communauté internationale va organiser une conférence sur la paix, la sécurité et le développement dans le Nord et le Sud- Kivu qui s’est tenue à Goma en Janvier 2008 dans le but de mettre tous les fils et filles de deux provinces du Kivu autour d’une table et rechercher des issus pour décrisper la situation.

La conférence ayant abouti à la signature des accords inclusifs entre les parties aux conflits, incluant bien sûre tous les autres groupes armés opérant dans les deux provinces, les questions de paix, de développement et le retour des réfugiés Congolais et des déplacés internes ont été également au centre des discussions.

Après débat et délibération au niveau des ces diverses questions sensibles, tous les belligérants ont devant la communauté internationale signé l’accord de paix, pour capitaliser les acquis de la conférence.

Malheureusement, cette ne tentative de recherche de paix et de stabilité de la province n’a pas abouti à une solution durable car en Août 2008, la guerre va reprendre entre les FARDC et le CNDP provoquant ainsi des déplacements massifs de près de 16%de la population de la province, avec un record de 847000 personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays.

Les accords successifs entre la RDC et le Rwanda après l’arrestation du seigneur de guerre Laurent Nkunda ainsi que le ballet diplomatique pour la normalisation des relations avec le Rwanda et l’Uganda, d’une part et ceux signés entre le CNDP et le gouvernement congolais le 23 mars 2009, d’autre part et la réintégration des troupes qui s’en est suivi a favorisé le retour de plusieurs déplacés qui du reste étaient insuffisamment pris en charge par les humanitaires. En outre, la situation des réfugiés congolais qui vivent dans les camps de sécurisation n’a cessé d’inquiéter la communauté internationale, les pays d’asile et le gouvernement congolais, mais leur retour qui a déjà fait objet d’un accord tripartite entre la RDC, le Rwanda et le HCR, crée des polémiques au sein des communautés de la province qui craignent un rebondissement de la situation des guerres ethniques, cela suite au système de rapatriement mis en place par les trois partis aux accords. Malgré la mise en place d’un plan de rapatriement, on a observé un retour clandestin des réfugiés congolais vivant au Rwanda car non encadré par le HCR, entre 2010 et 2011, provocant ainsi une non cohabitation pacifique entre les nouveaux venus et les populations déjà installées sur les terres réclamées par ceux – ci comme concessions acquises avant le refuge. Voilà pourquoi, les conflits ethniques reprennent dans les territoires de Masisi, de Ruthsuru voir même au niveau de Lubero avec le retour de ceux que l’on a appelé Hutu Nande au sud de Lubero en provenance de Masisi. Il se pose également un problème de remise en questions des différents accords souvent signés entre le gouvernement et les ex – rébellions en tel enseigne que les engagements réciproques semblent souffrir toujours d’une non applicabilité. Cette situation est le plus souvent à la base d’un rebondissement de la crise dans la province du Nord- Kivu car les groupes lésés ont toujours pris comme moyen de revendication, la reprise des armes pour se faire entendre. La remise en cause des accords prouve en suffisance que les parties signataires placent leurs intérêts égoïstes au centre des discussions au lieu de ceux de la population qu’ils sont censés défendre. Quand ces intérêts égoïstes ne sont plus protégés par l’une des parties, le même scénario reprend dans la province du Nord- Kivu, ce qui semble justifier aujourd’hui la nouvelle guerre qui embrase encore une fois la province à partir des territoires de Rutshuru et de Masisi.

La province à une longue histoire dans cette mauvaise expérience des conflits de toutes sortes, d’aucun pouvait constater que cela est lié souvent à un certain positionnement politique soit en RDC soit dans toute la région des grands lacs africains.

Malheureusement, ce positionnement politique est souvent tributaire d’une manipulation des communautés de la région au profit des intérêts égoïstes de certains politiciens.

Cela étant, les conséquences pèsent lourdement sur la cohésion entre les communautés, l’économie de la province, la paix et la diplomatie dans la région des grands lacs.

II.ETAT DE LIEU SECURITAIRE

II.1 Description de la situation

La province du Nord Kivu est encore une fois plongée dans une situation de conflit armé depuis le début du mois de Mai 2012.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase étant, le mandat d’arrêt de la CPI qui pèse sur le Général Bosco NTAGANDA, un des officiers haut gradé des FARDC et commandant des opérations AMANI LEO.

Alors que la communauté internationale faisait pression sur Kinshasa pour livrer Monsieur NTAGANGA à la CPI, au mois d’Avril 2012, quelques signes précurseurs d’une situation qui allait tourner au pire commençaient déjà à se faire observer surtout à Goma, chef lieu de la province et ses environs, dans les villes de Beni et de Butembo voire même dans les autres territoires notamment :

- Les braquages des institutions de micro finances et des banques en pleine journée par les bandits armés à Goma ;

- Un grand activisme des coupeurs des routes sur les tronçons routiers d’intérêt général voire même de desserte agricole

- Des assassinats des paisibles citoyens dans les milieux périphériques de Goma (territoire de Nyiragongo et de Masisi), dans les villes de Beni et de Butembo.

- Les évasions des prisonniers dans les différentes prisons centrales dans les trois villes de la province.

- Les conflits ethniques dans les Masisi entre les communautés d’éleveurs en majorité Tutsi et les communautés des agriculteurs Hutu et Hunde autour de la problématique de la divagation des bêtes et de ravage des cultures vivrières.

- Les réclamations par force des soldes des militaires conduisant à une certaine indiscipline dans certaines compagnies (le cas de Walikale).

La situation s’est compliquée au début du mois de Mai, quand une forte pression sur l’arrestation du Général Bosco NTAGANDA a pesé sur Kinshasa et que la tendance du gouvernement central semblait prendre l’option de répondre favorablement à l’appel de la CPI. Devant cette situation, le Général NTAGANDA, constatant qu’il perdait progressivement le soutien du pouvoir de Kinshasa, il va organiser une division au sein de l’armée régulière en commençant par le groupe de REGIMENT qui était sous son commandement à partir du territoire de Rutshuru. N’ayant pas reçu l’accord d’une partie des militaires, avec ceux qui étaient déjà de son obédience, ils vont faire une défection et quitter les troupes régulières après avoir détruits armes, munissions et véhicules de l’armée dans le territoire de Rutshuru pour former un groupe à part.

Cela étant, soucieux de la situation qui prévalait dans la province, le chef de l’Etat va organiser à Goma une grande réunion de tous les officiers de la RDC au début du mois de Mai, pour une analyse de la situation et une commission technique militaire sera mis en place pour examiner la question. Au même moment, dans les territoires de Ruthsuru, l’armée régulière va tenter de maîtriser et de persuader ceux qu’elle appelait indisciplinés pour qu’ils se rendent aux FARDC, mais en vain.

Après le territoire de Ruthsuru, poursuivi par les FARDC, le Général NTAGANDA va descendre dans le territoire de MASISI avec ses troupes et récupérer quelques localités qui lui seront ravies après par les FARDC à la suite des violents combats ayant occasionné à part la perte des vies humaines, un déplacement des populations vers Sake, Goma, Kitchanga, et Gisenyi au Rwanda.

Le même mouvement va continuer dans le territoire de Walikale où une certaine rumeur d'alliance avec le groupe Mai Mai CHEKA était déjà observée depuis le début des événements. Signalons qu’au cours des affrontements des FARDC contre l’alliance mutins et groupe CHEKA, l’armée congolaise va perdre deux grands officiers à Walikale dont le Colonel CHUMA, commandant secteur de Walikale qui d’ailleurs a été très actif dans les assises du forum de dialogue sur les droits civils et politiques de Walikale ainsi que le Colonel PILIPILI tous deux tombés dans une embuscade au même moment.

Cependant, après une large sensibilisation des mutins de se rendre aux FARDC et un grand échec qu’ils venaient de connaître dans le territoire de Masisi et de Walikale, une partie va se rendre aux FARDC et une mutation vers les autres régions militaires sera organisée par le haut commandement militaire.

Malheureusement, alors que le gouvernement et le haut commandement militaire annonçaient déjà la neutralisation de la situation dans le territoire de Masisi, en date du 06 Mai, un nouveau mouvement dénommé M 23 (Mouvement du 23/ Mai 2009) va prendre naissance avec les mêmes mutins, se justifiant par le non respect par Kinshasa des accords signés avec le CNDP leur ancien mouvement et faisant appel aux autres militaires des FARDC de se rallier à leurs revendications. Ce nouveau mouvement ayant installé sa base arrière dans le territoire de Rutshuru sur la frontière entre le Rwanda et la RDC dans la localité de Jomba à Runyonyi ancien quartier général de Laurent Nkunda lance depuis lors des attaques contre les FARDC pour tenter de gagner le terrain dans ladite localité.

Cette position stratégique à la frontière entre la RDC et le Rwanda, a poussé dans un premier temps certains analystes de croire que ce nouveau mouvement considéré comme un plan B du CNDP est encore une fois soutenu par le Rwanda avant que cela soit dénoncé par l’ONU représenté par la MONUSCO dans sa déclaration annoncée par la BBC le Mardi 29 Mai 2012, et renforcé par Human Right Watch au début de ce mois de Juin. Avant que cette information officielle de l’ONU soit diffusée, une radio locale KIVU 1 venait au cours du même mois d’interviewer un leader de Jomba en direct qui avait annoncé la capture de deux éléments de M23 fuyant les affrontements et ayant déclaré qu’ils étaient des ex combattants FDLR démobilisés et rapatriés au Rwanda par la MONUSCO, puis récupérés à partir du Rwanda par l’armée rwandaise pour combattre au coté des M23.

Signalons également qu’au cours d’un café de presse organisé par la société civile de la province du Nord Kivu à Goma à l’hôtel IHUSI le 26 mai 2012, les OSC présentes dans les assises venaient de dénoncer également à Madame la représentante de la MONUSCO présente dans la salle, que des sources sûres et vérifiables le Rwanda était impliqué dans l’opération et qu’il faudra l’implication directe de la communauté internationale pour résoudre la crise avant qu’il ne soit tard.

Dans les mêmes assises, le commandant de la MONUSCO avait annoncé que, selon les informations reçues sur le terrain, le M 23 se préparait pour attaquer et récupérer la cité frontalière de BUNAGANA et que la MONUSCO était en train de déployer ses forces pour sauver la situation et surtout protéger les civiles.

En outre, le constat général est tel que le déploiement des militaires des FARDC dans les zones des affrontements a occasionné un vide dans les territoires qui étaient encore protégés dans la province du Nord Kivu, comme conséquence on observe un grand activisme des groupes armés qui ont récupéré certaines positions anciennement occupées par celles- ci presque dans tous les territoires entrainant ainsi une insécurité généralisée.

II.2. Les défis de la protection des populations civiles dans les territoires

Comme signaler ci haut, le déploiement des militaires des FARDC dans les zones des combats a occasionné l’activisme des groupes armés dans les différents territoires de la province.

Territoire de Masisi

Pendant les combats qui avaient opposé les FARDC et les mutins dans le territoire au mois de Mai, les groupes Mai Mai de Janvier KARAIRI a profité du vide que venait de créer le déploiement des FARDC pour récupérer certaines positions de ces dernières dans le territoire notamment à Mweso, Kalembe,… Au même moment, les FDLR qui avaient les mêmes ambitions se sont confrontés à la résistance des Mai Mai ; cela étant, les affrontements entre ces deux groupes armés s’observent dans le territoire et la population dans certaines localités vit dans une insécurité permanente. La même situation d’insécurité est vécu par les populations au cours des opérations menées par les FARDC pour tenter de chasser les groupes armés dans les différentes localités (Kalembe, Pinga,…). L’on signale également dans le même territoire, le déplacement massif des populations fuyants les hostilités et une situation humanitaire très précaire.

Territoire de Rutshuru

La situation des combats dans les collines de Runyonyi est actuellement à la base d’une insécurité presque généralisée sur toute l’étendue du territoire. Dans ce territoire, on observe également l’activisme des groupes armés et des coupeurs des routes surtout sur l’axe Goma – Kanyabayonga et l’axe K iwanja – Ishasha ; l’axe Rutshuru- Bunagana étant plus ou moins sécurisé avec la présence des FARDC déployées pour combattre le M 23 et le cantonnement de la MONUSCO à Bunagana. Signalons que les coupeurs des routes qui pillent et tuent presque chaque jour les passagers ont développé un nouveau système, celui de kidnapper les passagers dans les forets et imposer des montants très colossaux pour libérer les otages.

Territoire de Lubero

Au sud du territoire de Lubero, avec le déploiement des FARDC dans le territoire de Rutshuru, le groupe Mai Mai la Fontaine et les FDLR ont repris leur activisme dans plusieurs localités notamment Bunyatenge, Mbingi, Fatua, MbughaVinywa et Kasugho. L’on signale également la présence des Mai Mai dans certaines localités à l’Ouest du lac Edward dans le même territoire. Sur le plan sécuritaire, les attaques sont observées entre les FARDC et ces groupes armés, les cas des coupeurs des routes, des pillages et des assassinats sur l’axe Kirumba – Alimbongo sur la route Goma – Butembo.

Territoire de Beni

Le territoire de Beni connaît depuis un bout de temps la présence des ADF NALU qui sont à la base de la mise en place par le haut commandement militaire de la RDC de l’opération RUWENZORI pour la traque de ce groupe armé qui sème désolation dans ce territoire. Comme signaler dans les pages précédentes, avant le début de la guerre dans les territoires de Rutshuru et de Masisi, cette partie de la province connaissait déjà une insécurité grandissante avec les attaques sporadiques des camps des FARDC, les enlèvements et les exactions commises sur les paisibles citoyens. Avec la nouvelle guerre au Nord Kivu, cette situation s’est aggravée et aujourd’hui le territoire, comme la ville de Beni connaît beaucoup de cas d’assassinat et d’insécurité sur certains axes comme Mutwanga, Lume, Kasindi, Batalinga, Muhola… Au niveau de Beni ville, quelques cas d’attaques de la prison par les bandits armés ont été enregistrés occasionnant ainsi l’évasion des prisonniers.

Territoire de Walikale

Le territoire de Walikale a connu presque les mêmes scénarios que celui de Masisi, à la seule différence que la situation sécuritaire se complique actuellement avec le nouveau mouvement Mai Mai RAIA MUTOMBOKI qui s’est arrogé le droit de combattre les FDLR dans le secteur des BAKANO ou les populations fuient les affrontements actuellement. D’autres affrontements sont signalés entre les FDLR et le groupe Mai Mai CHEKA sur l’axe Kembe – Kibua occasionnant le déplacement des populations vers Walikale centre et sud de Minova.

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