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Seminar

La Politique européenne de voisinage : Quelle nouvelle vision à l’aune des mutations du contexte régional et internation

La KAS et l’Institut Royal d’Etudes Stratégiques ont organisé le 10 Septembre 2015 un séminaire intitulé « La Politique européenne de voisinage : Quelle nouvelle vision à l’aune des mutations du contexte régional et international ? »

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Le 18 novembre 2015 constituera bientôt une date importante dans l’histoire de la politique extérieure européenne. En effet, à cette date sera définie la nouvelle direction de la Politique Européenne de Voisinage. Ceci devrait ainsi marquer un tournant dans les relations qu’entretient l’Union-Européenne avec ses partenaires les plus proches. A cette occasion, les attentes de part et d’autre de la Méditerranée sont nombreuses et se justifient à plus d’un titre. D’une part, la révision de la PEV est rendue nécessaire par le contexte humanitaire et sécuritaire alarmant qui caractérise la région. D’autre part, fort d’une expérience accumulée depuis la mise en place du Processus de Barcelone en 1995, la révision de la PEV pourra se faire selon une prise en compte des réussites ainsi que des difficultés rencontrées ces dernières années. Considérant ces différents éléments, membres du corps diplomatique européen et experts marocains se sont réunis le 10 septembre 2015 à l’Institut Royales d’Etudes Stratégiques afin de dresser un bilan de la PEV enrichi par les regards croisés et le partage d’expérience. Pour tous, l’idée que le progrès de l’Union-Européenne ne pouvait se faire sans ses voisins est apparue comme Leitmotiv devant inspirer les évolutions à venir.

Son Excellence Rupert JOY, Ambassadeur de l’Union Européenne au Maroc avait d’ailleurs déjà appuyé ce principe lors de la 11e rencontre UE-Maroc organisée en mai par la Fondation Konrad Adenauer et l’Association Ribat al-Fath. De nouveau il a tenu à faire de ce consensus commun la pierre angulaire de son propos, soulignant ainsi que la prospérité économique, politique et culturelle de l’Union-Européenne ainsi que celle de ses voisins étaient plus que jamais intrinsèquement liées. L’objectif de l’Union-Européenne réside donc dans l’approfondissement des relations entretenues avec ces pays. Ceci passe par une avancée des trois « M » : Marché, grâce aux accords de libre-échange ; Mobilité, en facilitant l’acquisition des visas ; Money, soit la promotion d’un développement inclusif.

Considérant le contexte géopolitique particulier, qui caractérise la région aujourd’hui, l’Union-Européenne se doit également d’œuvrer dans le sens d’un soutien à la stabilisation politique de ses voisins. Ceci résulte non seulement d’un devoir humanitaire, ainsi que d’une volonté d’assurer les bases de régimes démocratiques stables, mais également d’un impératif pragmatique dans la mesure où l’instabilité politique aux portes de l’Europe constitue aussi un danger sécuritaire qui touche directement l’Union-Européenne. La situation migratoire alarmante de ces derniers mois est un exemple concret des conséquences directes de l’instabilité politique touchant ses voisins. Son Excellence Monsieur Volkmar WENZEL, Ambassadeur de la République Fédérale d’Allemagne au Maroc a ainsi rappelé que pour l’année prochaine l’Allemagne devrait se préparer à accueillir plus de 800 000 migrants sans savoir si l’Allemagne ni l’Europe est capable d’accueillir ces populations.

Si la situation actuelle nécessite des réponses urgentes, il n’en demeure pas moins que les causes sont également structurelles et ne pourraient être résolues uniquement par la mise en place d’une politique de long terme. Ce propos a été défendu par son Excellence Monsieur Ethem Barkan Öz, Ambassadeur de la République de Turquie au Maroc, ainsi que par son homologue, l’Ambassadeur de la République de Croatie au Maroc, son Excellence Monsieur Zvonimir FRKA PETESIC. Tous deux ont en effet défendue l’idée que l’avenir de l’Europe et de son voisinage sont intrinsèquement liés car ils dépendent de la capacité de l’Union Européenne à diffuser sa prospérité économique autant que politique chez ses voisins.

Fort de ces constats, tous les participants ont tenu à souligner que le Maroc est un exemple concret de réussite puisque la PEV au Maroc s’inscrit d’ores et déjà dans ces logiques. Ce point a d’ailleurs été appuyé par Monsieur Senén FLORENSA, Président exécutif de l’Institut Euro-Méditerranéen, qui a constaté que le PEV était souvent critiquée dans l’ensemble de la région mais qu’au Maroc il fallait reconnaître les avancées qu’elle a permis de soutenir.

Pour leur part, les intervenants marocains ont confirmé les constats dressés par leurs collègues européens tout en appelant à plus d’appropriation. Monsieur Hatem Ben SALEM, Directeur Général de l’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques, ainsi que Zakaria ABOUDDAHAB, vice-doyen de la faculté de droit à l’Université Mohammed V de Rabat, ont tous deux pointé le manque d’inclusion qui caractérise selon eux la PEV actuelle. Ils considèrent ainsi que la nouvelle direction de la PEV devrait se faire dans le sens d’une meilleure participation de la société civile. A cette remarque s’est également ajouté le fait que jusqu’à lors il y avait surtout des relations bilatérales européanisées plutôt que des relations multilatérales se gardant de toutes influences bilatérales. La PEV a en effet du mal à s’imposer dans de nombreux pays comme une véritable politique européenne et ce d’une part en raison de traditions bilatérales fortes, dont le Maroc est un exemple évident, et d’autre part parce que l’Union-Européenne peine encore à présenter une diplomatie unie malgré son Service Européen d’Action à l’Etranger. Par ailleurs, la situation économique complexe que traverse actuellement l’Union Européenne amène également à se demander, comme l’a fait Lahcen OULHAJ, ex-doyen de la Faculté de sciences Juridiques, Economiques et Sociales à l’Université Mohammed V-Rabat, si l’Europe déjà en crise serait capable d’aider un voisinage touché par le chaos.

Après avoir évoqué ces éléments techniques, les intervenants ont ensuite mené une réflexion portant sur l’approche caractérisant la PEV. Abdelhak BASSOU, expert des questions sécuritaires, a ainsi démontré que les avancées en matière de PEV étaient, selon lui, toujours corrélées avec la dégradation du contexte sécuritaire. Si ce constat se confirme empiriquement il ne contredit pas cependant le fait que la PEV peut se renouveler initialement en raison du contexte sécuritaire mais ensuite dépasser ces considérations stricto-sensu afin d’y intégrer des avancées politiques, économiques et culturelles profitables à chacun.

Enfin au terme de cette rencontre, il est apparu que toute réflexion sur la PEV ne pouvait se faire uniquement selon un prisme quantitatif mais devait également intégrer des approches qualitatives au profit d’une meilleure efficacité. Prenant l’exemple de l’aide au développement, tous les intervenants sont ainsi tombés d’accord sur le fait qu’augmenter l’aide sans repenser la qualité de sa mise en œuvre ne serait être une solution adéquate. Ceci est d’autant plus pertinent que les quantités d’aide au développement promises par l’Union Européenne ne sont finalement jamais décaissées en totalité. En outre la quantité de l’aide annuelle ne représente environ que 200 millions d’euros soit aux alentours de 0,1% du budget de la Commission et 0,2% du PIB marocain, comme l’a montré Mohamed CHATER, Professeur de l’Enseignement supérieur à l’INSEA. Qui plus est, l’expérience a montré qu’il fallait mettre l’accent sur la coopération décentralisée puisque celle-ci montre d’une part de meilleurs résultats ces dernières années et d’autre part elle va dans le sens de la politique de régionalisation avancée mené par l’Etat marocain. Par ailleurs, une approche qualitative profiterait également à une meilleure prise en compte de l’aspect culturel unissant l’Union Européenne et ses voisins. La communauté de valeurs partagés par la région appel en effet au dépassement d’un partenariat strictement économique et sécuritaire. Ces derniers propos faisant directement référence à la notion de capital immatériel, évoqué récemment dans les discours du Roi Mohammed VI.

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de gauche à droite : Ethem Barkan ÖZ, Ambassadeur de la République de Turquie ; Helmut REIFELD, Représentant-Résident de la KAS ; Mohammed Tawfik MOULINE, Directeur Général de l’IRES ; Rupert JOY, Ambassadeur de l’Union Européenne au Maroc ; Zvonimir FRKA PETESIC, Ambassadeur de la République de Croatie ; Volkmar WENZEL, Ambassadeur de la République Fédérale d'Allemagne ; Senén FLORENSA, Président exécutif de l’Institut Euro-Méditerranéen ; Hatem BEN SALEM, Directeur Général de l'ITES KAS
Discours d'ouverture KAS

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