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L’entrepreneuriat en milieu rural dispose en Tunisie de plusieurs potentialités, dont on peut mentionner la disponibilité des ressources naturelles, agricoles, animales, végétales, voire minérales suivant les régions, ainsi que des savoir-faire ancestraux en matière de transfor-mation de la matière. Conjugué au féminin, l’entrepreneuriat s’apparente, cependant souvent, au parcours du combattant. Le manque de moyens ainsi que le déficit en infrastructures de base dans les domaines des transports, de la santé, de l’éducation, de la formation profes-sionnelle, des services, etc., représentent, dans plusieurs cas, des handicaps majeurs pour la réalisation d’un projet viable. Les pesanteurs familiales et sociales, qui acculent l’entrepreneure à remplir plusieurs tâches à la fois, non ou peu rémunérées, et à se soumettre au droit d’ascendant familial dans la gestion de son affaire ne sont pas négligeables non plus. Il n’en reste pas moins que, mue par le rêve de monter son propre projet, quand elle n’est pas poussée par le besoin, la candidate à l’entrepreneuriat fait preuve d’une grande détermination.

Est-ce à dire que celle-ci est livrée à son propre sort ?

Il faut dire que dès le début des années 1980 un large éventail de programmes ont été déployés avec pour objectif ultime la réduction du chômage. Ceux mis en œuvre par l’État, à l’instar du Fonds National de l’Emploi (Fonds 21-21) ou la Banque Tunisienne de Solidarité se proposent, entre autres, de promouvoir le travail indépendant et les petites entreprises en fournissant des fonds pour l’entrepreneuriat dans les zones rurales et urbaines. D’autres programmes initiés par des organismes internationaux (Banque Mondiale, Banque Africaine de Développement, GIZ, Agence Française de Développement, etc.) et différentes ONG s’inscrivent dans cette optique en essayant de varier leurs prestations et d’appuyer les popu-lations vulnérables pour leur permettre d’accéder au capital financier. C’est le cas, par exemple, du programme « ENDA Tamweel » dont 42% des clients se recrutent en milieu rural et 65% sont des femmes.

Il se trouve que les actions ponctuelles et les réformes du cadre juridique ne prennent pas suffisamment en compte les besoins réels des candidates à l’entrepreneuriat en milieu rural, en l’occurrence, l’encadrement socio-culturel, la réduction des formalités administratives et l’amélioration des infrastructures de base.

Par ailleurs, le micro-crédit, principale pierre d’achoppement de ce type d’entrepreneuriat, se construit encore sur une ambiguïté socio-économique qui reste difficile à clarifier : doit-il s’inscrire dans les règles strictes du marché et de la rentabilité ou est-il d’abord un outil au service d’un développement harmonieux visant la régression de la pauvreté ?