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la Gauche et la Religion

von Hatem Gafsi
Le débat a opposé les deux auteurs et analystes politiques M. Habib Bouagila et Mustapha Kalaï. Il a été modéré par M. Oualid Jaâfar, membre du conseil consultatif de l’association Tounes Al Fatet. Le débat s’est articulé autour de la question « est-ce que la gauche est hostile, par essence, à la religion ? »

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Dans son intervention, M. Bouagila a affirmé que les définitions de la gauche sont multiples, et toute force prônant le changement peut être considérée comme une force de gauche. Aux fins du débat, il achoisi de se concentrer sur la gauche marxiste. L’intervenant a précisé que la relation entre la gauche et la religion diffère selon les régions géographiques. Par exemple, en Amérique Latine, la gauche a su exploiter certains éléments progressistes de la religion pour sa cause. Il s’agit d’une gauche dynamique, reflet d’une authentique lecture dialectique de l’histoire, à l’inverse de la gauche dogmatique fermée qui n’a pas pu dépasser les premiers écrits de Karl Marx. Dans le monde arabe, il y a ceux qui ont considéré que la gauche est hostile aux religions, mais certains penseurs gauchistes notables ont affirmé l’inverse. Par exemple, Salama Kila considère que cette hostilité est une altération au marxisme. Mehdi Amel précise que la lecture de la gauche arabe est influencée par les courants orientalistes. Certains partis communistes arabes ont adopté une lecture dynamique, à l’instar du Parti communiste Libanais, mais ce n’est pas la tendance générale des communistes arabes.

En Tunisie, une partie de la gauche a une vision idéaliste selon laquelle c’est la pensée qui change la réalité, ce qui constitue l’inverse de la pensée marxiste. Si les écrits théoriques de la gauche tunisienne sont rares, on peut constater dans les écrits des pionniers du Parti Communiste Tunisien (comme Ali Jrad et Mohamed Saadaoui), la question religieuse n’était pas prioritaire, et la tendance était plutôt vers une approche pragmatique. Les textes des jeunes du mouvement Perspectives insistent sur l’identité arabo-musulmane de la Tunisie, mais vu que la société tunisienne était plutôt sécularisée, la question identitaire ne revêtait pas une grande importance. Le problème est qu’avec l’affrontement entre le régime et les islamistes, la position de la gauche était proche de celle du régime, et s’est éloigné peu à peu des attentes du peuple. En effet, la gauche, dans sa lutte avec les islamistes, n’a pas pu développer un vrai discours révolutionnaire relatif à la religion qui peut concurrencer celui des islamistes.

Dans son intervention, M. Kalaï a tenu à préciser les concepts. Il a affirmé que le terme « gauche » était plutôt arbitraire et relatif à un fait historique de la Révolution française. On attribue le progressisme à la gauche, et le conservatisme à la droite. En ce qui concerne la religion, il s’agit d’un terme plus ancien qui part de la métaphysique pour expliquer la création de l’univers et son destin. De prime abord, il est difficile de trouver une relation entre les deux termes ; vu que la religion s’intéresse à l’Au-delà alors que la gauche se préoccupe de la société. S’il convient de limiter la recherche à l’Islam, il ne s’agit pas seulement d’une religion, mais d’un aire culturel et civilisationnel, et selon cette optique, l’intervenant a affirmé « on est tous des musulmans ». M. Kalaï a choisi de limiter son intervention à la gauche et l’instrumentalisation de la religion par l’Islam politique. Si la gauche a toujours neutralisé le fait religieux, le considérant comme une affaire sociale commune à tous, l’Islam politique l’a instrumentalisé depuis sa fondation au point qu’il ait monopolisé le discours religieux aujourd’hui. La gauche était la victime de cette instrumentalisation doublement : 1- Elle a été amenée à entrer dans une discussion erronée sur la religion, comme c’était le cas de l’affaire du film Persépolis, où la gauche, défendant la liberté d’expression, a été diabolisée et présentée comme hostile à la religion, alors qu’aucun gauchiste n’a émis une réserve sur l’article 1er de la Constitution.

M. Bouagila a affirmé que l’article 1er de la Constitution était, entre autres, l’objet de manipulations politiciennes, et ne clarifie guère la question identitaire. Il a souligné qu’il est tout à fait normal que la religion soit instrumentalisée dans la lutte sociale, et qu’il faut admettre qu’on a échoué de traiter « l’Islam violent », et on ne peut pas mobiliser les gens contre lui sans un discours bien clair de la question religieuse. La gauche s’est transformée en un vassal à l’Etat colonial et ses produits, et sa production culturelle et artistique est néolibérale et ne reflète pas une culture nationale. En effet, la gauche tunisienne n’a pas pu produire un discours relatif à la question religieuse, et a contribué à l’éradication intellectuelle.

M. Kalaï a affirmé que la gauche a un fort potentiel de mobilisation, mais ne l’utilise qu’à travers les voies légales, à l’inverse de l’Islam politique qui a recours à la manipulation. Il a souligné que l’idée de l’éradication intellectuelle est utilisée à tort et à travers, et que certains grands penseurs islamiques étaient les victimes de l’Islam politique, à l’instar de Mohamed Mahmoud Taha et Nasr Hamed Abouzid.

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