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Les relations Maroco-Africains

Quels défis pour la diplomatie, l'économie et la politique migratoire ?

Le 3 octobre 2014, la KAS, le Centre Jacques Berque et le Centre d'Etudes Sahariennes de l'Université Mohammed V Rabat-Agdal ont organisé à Rabat une journée d'étude sur "Les relations Maroco-Africains".

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Détails

Le contexte actuel, celui de l’avancée du continent sur la voie de l’émergence, suscite un regain d’intérêt et un besoin de redéfinition de la politique du Maroc en Afrique. Or il convient tout d’abord de s’informer sur la diplomatie économique du Maroc, ses intérêts sécuritaires, sa politique envers les Africains à l’intérieur du pays, ainsi que les intérêts des Etats africains au Maroc. D’autre part, il est devenu nécessaire d’élaborer de nouveaux outils d’analyse de la géopolitique marocaine.

 

Les puissances étrangères historiques comme la France sont affectées également par ces changements en Afrique. Du rôle de protecteur, elles passent au statut de partenaire en matière de sécurité, ce qui implique, par la même occasion, un changement stratégique.

 

Sur le plan de la recherche, ce projet a pour but d’adopter une démarche transdisciplinaire, puisqu’il est question d’aborder des champs divers comme la sécurité, l’économie, la diplomatie, ou encore la sociologie.

 

Ces deux aspects expliquent en partie le choix d’une journée d’étude : inviter des acteurs clés issus ou exerçants dans les Etats concernés et exerçant des fonctions importantes dans ceux-ci (diplomates, entrepreneurs, ONG) qui sont directement impliqués dans ce changement, afin d’en mesurer l’ampleur et les caractéristiques.

 

Le 3 Octobre 2014, la fondation KAS et le Centre Jacques Berque (CJB), en collaboration avec le Centre d'Etudes Sahariennes de l'Université Mohammed V Agdal de Rabat et le Conseil National des Droits de L'Homme (CNDH) ont donc organisé un forum international à Rabat sur les relations Maroco-Africaines. Le but de ce Forum, qui a eu lieu à Rabat à l'Hôtel Golden Tulip Farah, était de mettre en évidence la diversité des intérêts du Maroc en Afrique et les intérêts africains au Maroc en utilisant une analyse transdisciplinaire. Etaient invités les acteurs clés de la politique (diplomates), de l´économie et de la science, ils ont échangé sur les relations entre le Maroc et l'Afrique, et notamment à propos de la politique de sécurité, de la croissance économique et de la politique d'immigration.

 

Le Forum a été ouvert, entre autres, par le président du Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH), M. EL YAZAMIM, le représentant de la fondation KAS au Maroc M. REIFELD et la coordinatrice du projet du CJB, Mme ABOURABI. Ils ont souligné l'intérêt croissant et le besoin pressant d'aborder les questions concernant la politique d'immigration, les relations extérieures du Maroc, la croissance économique de l'Afrique et le désir de trouver des solutions ensemble avec l'aide de ce think tank.

 

Le sujet des relations diplomatiques du Maroc en Afrique a été lancé par l'ancien ambassadeur marocain Khalil HADDOUI. Dans sa présentation, il a abordé principalement les relations du Maroc avec l'Union Africaine (UA). M. Haddoui a présenté, par un résumé historique, pourquoi les relations entre le Maroc et l'UA sont toujours très délicates. Le Maroc, qui est parti du prédécesseur de l'Union africaine (OUA), en raison du conflit de la République démocratique arabe du Sahara en 1984, est aujourd´hui prêt pour une reprise des négociations et a forcé des négociations bilatérales. De la part de l'Union Africaine, qui, à son avis, serait dans une crise, il manque toutefois de propositions et de compromis nécessaires. On ne peut pas ignorer le Maroc, parce qu'il est devenu un acteur clé pour la géopolitique.

 

Aussi Janette JOUBERT, ambassadeur de l'Afrique du Sud au Maroc, a abordé des relations tendues entre le Maroc et l'Union Africaine. La « Marche verte » qui a été lancée par le Maroc en 1975 dans le cadre du conflit du Sahara occidental et qui a voulu obliger l'Espagne à rendre la colonie au Maroc. Mme Joubert a classé action comme une occupation illégale. À son avis c´est la raison de la relation tendue entre l'Afrique du Sud et le Maroc. Elle disait que le fait que l'Afrique du Sud ait assisté le Sahara, ne signifie pas nécessairement que l'Afrique du Sud refuse toute négociation avec le Maroc. Elle a souligné qu´aujourd´hui il faut forcer les processus de paix régionaux et continentaux (aussi avec le Maroc) et se concentrer sur les communautés des pays. Bien que politiquement un consensus n’ait toujours pas pu être trouvé, l'Afrique du Sud est intéressée par une coopération avec le Maroc. Les deux pays partagent des thèmes communs tels que la diversité culturelle, les ressources en eau et l'énergie durable. Ils pourraient bénéficier l’un et l'autre de négociations bilatérales.

 

En ce qui concerne la nécessité croissante de la sécurité marocaine et la politique étrangère exprimée par l´ancien ambassadeur du Maroc au Mali, M. Mustapha CHERQAOUI ; ce dernier a souligné, en utilisant l'exemple du groupe Boko Haram au Nigeria, que le Maroc pourrait lutter contre l'extrémisme religieux croissant. Le Maroc, qui a fait des expériences considérables, pourrait représenter un partenaire de coopération avec le Nigeria et être utilisé comme un modèle pour l'interaction entre religion et politique, par des entretiens bilatéraux économiquement et politiquement.

 

M. Youssef AIT AKDIM, rédacteur du journal Jeune Afrique, a clairement indiqué dans ses remarques que même le Maroc n'est pas immunisé contre des processus de radicalisation religieuse. Les idées d´idéologies radicales et de la violence, qui émergent en ce moment dans la région de l´Afrique de l´Ouest, pouvant se rendre au Maroc. Le Maroc a développé une nouvelle stratégie d´une « diplomatie religieuse » pour l´Afrique dans le but de lutter la radicalisation religieuse. Cela comprend, par exemple, la formation des imams maliens après les principes d´un Islam tolérant et modérât, qui a été initiée par le Maroc en Septembre 2013. Même si le royaume utilise cette stratégie comme un moyen de « marketing religieux » en Afrique, cette stratégie pourrait aider à lutter contre les tendances radicales et interprétations intolérantes de l'islam dans la région.

 

Julien DURAND DE SANCTIS, doctorant et chargé de cours à l'Université Jean Moulin de Lyon, a illuminé la coopération principalement franco-marocaines et a soulevé la question, d'un partenariat ou d'une compétition entre les deux pays. Il a fait valoir que le partenariat Maroco-Français s'est stabilisé. La France avait trouvé un allié essentiel dans les domaines de l'économie et de l'industrie de l´armement. C’est pourquoi les deux pays bénéficient de relations bilatérales bien enracinées.

 

Cette opinion a été partagée par l'ancien ambassadeur du Maroc M. Mimoun MEHDI, qui a fait valoir que l'Afrique a réalisé qu’elle avait trouvé au Maroc un partenaire d'alliance stratégique. A l'inverse, le Maroc doit être compris comme faisant partie de l'Afrique et à établir la confiance mutuelle afin de continuer à développer économiquement et peut être un acteur économique de premier plan en Afrique. La construction d'universités marocaines et l'expansion des banques dans de nombreuses parties du continent ne sont que de petites étapes.

 

Un exemple de l'expansion d'une société marocaine, la société Managem, dont M. Kamel FAHMI est le représentant. Il s'agit d'une entreprise leader de l’industrie minière de métal au Maroc et qui distribue plus de 30% des ressources disponibles dans le monde entier.

 

Un autre point important qui a été discuté lors du forum est la politique de migration marocaine.

Rudolph ANICH, chargé de programme auprès de « l’Organisation internationale pour les migrations » (OIM) au Maroc, a déclaré qu'il est nouveau pour le Maroc d´aborder le problème de l'immigration. Les différents types de migration sont suffisamment importants pour paraître dans le débat politique. À côté des 550 réfugiés de guerre syriens et les nombreux migrants d'Afrique sub-saharienne, il y a env. 8000 étudiants qui restent au Maroc après leurs études. Il a également souligné que les migrants sont très souvent confrontés au racisme et à la discrimination et que le Maroc doit sévir contre ce phénomène. Selon lui, si le Maroc ne trouve pas de solutions aux difficultés posées par l'immigration, aucun autre pays en Afrique n’en trouvera.

 

Mme Fatima AIT BEN LMADANI, scientifique de l'Institut d'Études Africaines, s´est concentré dans ses remarques principalement sur les migrants sénégalais et a critiqué le fait que cette question est souvent laissée de côté dans la politique marocaine. À leur avis, il n´y n’a personne qui permettrait de résoudre activement ce problème.

 

Le sociologue Mehdi ALIOUA a critiqué les affrontements souvent indifférenciés à la migration, ainsi que le terme « migrant ». Il a souligné que nous vivons dans une époque, dans laquelle tous ceux qui ne vivent pas dans leur pays de naissance, sont des migrants. La politique d'asile marocaine essayait, à son avis, de trouver des solutions diplomatiques, mais la question a été fortement sous-représentée et négligée dans la politique actuelle.

 

Ellinor ZEINO-MAHMALAT, coordinatrice de projets de la fondation Konrad-Adenauer, a présenté un résumé final de fond du Forum ainsi que d'une évaluation et une perspective de la politique africaine du Maroc.

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Lieu de l'événement

Rabat, Hôtel Golden Tulip Farah

Contact

Dr. Helmut Reifeld

Contact

Dr. Ellinor Zeino

Ellinor Zeino

Leiterin des Regionalprogramms Südwestasien

ellinor.zeino@kas.de
CJB 03-10-2014 Marokko-Afrika KAS
CJB 03-10-2014 Marokko-Afrika KAS

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