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Séminaire

La citoyenneté responsable, participative et inclusive

La KAS et la Faculté de Sciences-Juridiques et Sociales de l’Université Mohamed V de Rabat-Agdal, ont organisé les 8 et 9 octobre leur second colloque international dédié à la citoyenneté : « La citoyenneté responsable, participative et inclusive ».

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Détails

La nouvelle Constitution marocaine de 2011 n’évoque pas moins de treize fois le mot citoyen. C’est dire si ce concept est des plus importants. Utilisé sans cesse dans les médias, les discours politiques ainsi que les débats publics animés par la société civile, la notion de citoyenneté semble renvoyer à une évidence. Toutefois à l’instar de St Thomas qui s’interrogeait en substance sur la définition du temps : « Qu’est-ce que le temps ? Je le sais mais quand on me le demande je ne sais plus », le concept de citoyenneté est-il si simple à cerner ? L’évidence apparente ne masque-t-elle pas plutôt une méconnaissance et une posture passive face à la notion de citoyenneté ? La citoyenneté renvoie-t-elle uniquement à une corrélation entre droits et devoirs ? En outre s’interroger sur la citoyenneté amène-t-il à chercher une définition statique, qui consisterait uniquement à délimiter les contours d’un statut acquis ou au contraire la citoyenneté répondrait d’une définition dynamique, caractérisée avant tout par une participation continue ? En d’autres termes et au risque de plagier Simone de Beauvoir pourrait-on dire « qu’on ne naît pas citoyen mais qu’on le devient », par nos actes et notre investissement quotidien ? Tels étaient les enjeux généraux du colloque.

De la naissance du concept de citoyenneté dans la Grèce antique à l’influence des nouveaux réseaux sociaux à l’ère de la mondialisation, les intervenants ont cherché à rompre avec l’évidence afin de mieux cerner la dimension active qui lie non seulement l’individu mais également le collectif à la citoyenneté. Pour ce faire, cette deuxième rencontre eût le mérite, grâce au concours de Zakaria ABOUDAHHAB, vice –doyen de la Faculté de Sciences-juridiques et Sociales à l’Université Rabat-Agdal, de réunir des approches pluridisciplinaires. Les regards croisés de l’histoire, de la littérature, de l’économie, de la sociologie, de la communication ou encore des sciences politiques et de la sociologie ont ainsi permis de transcender les barrières disciplinaires afin de mieux saisir toute la complexité du sujet.

Fort de ces approches multiples, tous les intervenants se sont accordés sur une définition dynamique de la citoyenneté. Ceci s’est justifié au moins par deux éléments. D’une part, force est de constater que le concept de citoyenneté a évolué à travers l’histoire et s’inscrit encore aujourd’hui dans une réflexion continue, qui tend à élargir les critères d’accès à la citoyenneté autant que ses formes d’exercices. En témoigne notamment les débats contemporains, au Maroc ou ailleurs, sur l’éligibilité des étrangers ou sur celle des Marocains Résidents à l’Etranger (MRE). D’autre part, les intervenants ont tous tenu à insister sur le fait que le fait d’être citoyen ne se résumait pas seulement à un statut acquis par le droit, à l’instar d’un héritage culturel, mais renvoyait également à une participation continue ne se limitant pas d’ailleurs à la période électorale. Les élections, souvent considérées à tort comme synonyme de l’instant démocratique, ont ainsi été présentées comme une forme de participation parmi d’autres dans le cadre d’un temps démocratique sans interruption. En d’autres termes, il s’agissait de mettre en exergue le fait que la citoyenneté résultait avant tout d’une participation politique, sociale et économique responsable quotidienne et tournée vers le bien commun. Evoquer ces différents domaines d’exercice de la citoyenneté témoignait encore une fois du fait que les débats sur la citoyenneté ne pouvaient être envisagés uniquement à travers le prisme des sciences politiques mais nécessitaient une approche pluridisciplinaire.

Toutefois l’exercice d’une telle citoyenneté dépend évidemment des possibilités mis à disposition par le droit. A ce titre, il a été souligné que le Maroc a fait des avancées importantes surtout depuis la nouvelle Constitution de 2011. La Constitution a en effet institutionnalisée la participation notamment à travers la pétition ou les instances de concertation. De même la création du budget citoyen résulte d’une volonté d’inclusivité puisqu’il permet à tous les citoyens de prendre connaissance de l’utilisation des dépenses publiques. Par ailleurs, cette année ont eu lieux les premières élections régionales au suffrage universel. Déjà utilisé pour les élections communales et parlementaires le recours au suffrage universel permet ainsi à tous les citoyens de participer à chaque échelle de la représentation.

Les interventions et le débat se sont ensuite tournés vers deux questions essentielles à savoir celle de l’éligibilité des étrangers résidents ainsi que celle des MRE. En effet, si l’on s’accorde sur une définition active de la citoyenneté qui caractérise le citoyen par ses actes en faveur de la chose publique, force est de constater que les étrangers résidents dans un autre pays que leur pays d’origine pourraient revendiquer le droit de vote comme les citoyens nationaux. A ce titre, le Maroc a suivi l’exemple de certain pays européens puisque les résidents étrangers ont théoriquement le droit de vote. Toutefois cette loi récente souffre d’un manque de concrétisation dans la pratique. Le droit de vote des étrangers a amené à s’interroger sur les raisons qui freinent l’acquisition de la citoyenneté pour les résidents dans d’autres pays et sur la faible application de la nouvelle loi marocaine. Il est ainsi apparu que malgré une conception active de la citoyenneté, celle-ci reste fortement lié à la notion de nationalité et à un héritage culturel spécifique. Lors du colloque, il a en ce sens été avancé qu’il était temps de repenser cette prédominance du modèle de la citoyenneté par appartenance culturelle au profit d’une citoyenneté de droit favorisant une intégration complète et totale. Ce modèle est d’autant plus pertinent que le Maroc est passé d’un pays d’immigration et de transit à celui d’un pays d’accueil. Le fait d’accorder le droit de vote aux étrangers résident au Maroc était donc une avancée mais il est à présent nécessaire de favoriser l’application de cette loi. Enfin, dans le cas spécifique du Maroc les participants se sont également penchés sur le droit de vote des MRE et leur représentation au Parlement. A ce propos, il s’agissait de mettre l’accent sur deux éléments : D’une part l’héritage culturel autant que leur participation à la prospérité du Royaume lient les MRE au Maroc. D’autre part, leur représentation au Parlement permettra au MRE de rendre compte de la spécificité de leur réalité en tant que membre de la diaspora marocaine.

A l’issu du colloque, la KAS et la Faculté se sont engagées à produire un ouvrage rassemblant l’ensemble des interventions. Un premier ouvrage ayant déjà été publié lors de la première édition, cette initiative commune entre la KAS et la faculté témoigne d’une volonté d’inscrire leur rencontre dans la continuité et ainsi d’œuvrer, comme la rappelé Zakaria ABOUDAHHAB lors de son discours de clôture, en faveur de la citoyenneté.

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Faculté de Sciences-Juridiques et Sociales de l’Université Mohamed V de Rabat-Agdal

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