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Là où l’Afrique et l’Europe se rencontrent : Focus sur Tanger

Du 1 au 4 octobre, la KAS a organisé une conférence scientifique internationale intitulée « Là où l’Afrique et l’Europe se rencontrent : Focus sur Tanger ». Celle-ci s’est déroulée à Tanger.

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Détails

Tanger connaît depuis peu un essor considérable. Dans une perspective historique comme contemporaine, la ville, passerelle entre les deux continents, est une interface entre différents espaces culturels et économiques. Théâtre de l’ensemble des progrès que connaissent le Maroc, l’espace méditerranéen et le monde musulman, Tanger offre une vision complète des problèmes politiques, socioéconomiques et culturels spécifiques aux relations et à la coopération germano-marocaines, euro-méditerranéennes ainsi qu’euro-africaines. Ainsi, il s’agissait de mettre en exergue les différents éléments caractéristiques de cet espace singulier, donnant ainsi lieu à une rencontre fructueuse entre universitaires marocains et allemands ainsi que praticiens et membres de la société civile marocaine.

Les intervenants ont tout d’abord dressé un état des lieux complet et pluridisciplinaire, retraçant ainsi l’histoire de la région et sa mise en valeur actuelle. Délaissée pendant plusieurs décennies, la métropole, autrefois internationale et cosmopolite, a pris un nouvel élan depuis l’accession au trône du Roi Mohammed VI en 1999. Tanger connait depuis lors un boom inattendu dans divers domaines. En témoignent notamment les grands projets infrastructurels et économiques qui transforment la ville et ses environs, intégrant la péninsule tingitane dans un vaste réseau de transports et de marchandises tout en offrant au Nord marocain une revalorisation politique. Sur ce point Abdellatif BRINI de l’Agence Urbaine de Tanger a d’ailleurs fait un exposé brillant dans lequel il a montré comment Tanger était passée d’une capitale régionale à une véritable métropole méditerranéenne.

Sur le plan économique, Tanger, déjà deuxième pôle industriel du Maroc, est de plus devenu le troisième port de transbordement africain grâce à son nouveau port à conteneurs Tanger-Med. A travers son intervention, Steffen WIPPEL, professeur-chercheur au Centre d’Etudes pour le Proche et le Moyen-Orient à la Philipps-Universität de Marburg a d’ailleurs mis en perspective la place du port de Tanger-Med qui se classe notamment au 55ème rang mondial et au 8ème rang méditerranéen. Sa situation géographique avantageuse, au niveau du détroit de Gibraltar où passe 20% du trafic maritime mondial, justifie le développement considérable du port. Néanmoins celui-ci est également le fait d’une stratégie qui a cherché à multiplier les connections dans le monde entier autant que les réseaux multimodaux vers l’hinterland. A ce titre la nouvelle ligne à grande vitesse, présentée à la fin de la conférence par Mehdi Lahlou de Institut National de Statistiques et d’Economie Appliquées de Rabat, est un exemple pertinent de la mise en valeur régionale. Ainsi, aujourd’hui la péninsule Tingitane, souvent qualifiée métaphoriquement « d’île » séparée du reste du territoire, se trouve au centre de multiples connexions nationales et internationales. Cette thématique fût d’ailleurs évoquée avec brio par Mohamed REFASS, professeur à l’Université Mohamed V de Rabat, dans un propos original : « Tanger est-elle toujours une île ? ».

La seconde partie de la conférence s’est articulée autour du thème « le monde à Tanger », cherchant ainsi à mettre en valeur la présence étrangère dans la région. Tanger a toujours été dans le passé une ville cosmopolite, ceci est notamment dû au fait que durant la colonisation Tanger se distinguait par son statut international. Aujourd’hui encore la présence étrangère est très importante à Tanger et ce surtout dans le domaine économique, puisque les différentes zones franches nouvellement installées autour de la ville sont très prisées par les investisseurs européens, asiatiques et arabes. A titre d’exemple, les groupes célèbres comme Renault ainsi que les entreprises de sous-traitance pour des firmes européennes réputées, dont des entreprises allemandes, s’y sont installés. Il va sans dire que les investissements étrangers participent directement au boom que connaît actuellement le secteur de l’immobilier. Néanmoins, il ne faut pas non plus omettre, comme l’a souligné braillement le deuxième jour Michel PERALDI, chercheur au CNRS et à l’EHESS de Paris, que le secteur immobilier a également été stimulé par les recettes générées par le trafic de drogue. Toutefois, Michel PERALDI à bien insisté sur le fait qu’il ne fallait pas tomber dans un double excès consistant soit à exagérer l’importance de cette « part maudite », pour reprendre une notion de Georges BATAILLE, soit en la négligeant.

A l’issu de cette première journée une visite guidée de la ville et de ses environs a permis de mettre en valeur concrètement les changements infrastructurels évoqués leurs des présentations. Celle-ci a été réalisée par deux intervenants : Abdellatif BOUSSETA du Karlsruher Institut für Technologie et Mimoun HILLALI de l’Institut Supérieur Internationale du Tourisme de Tanger.

La seconde journée de conférence a ensuite voulu mettre l’accent sur les dimensions culturelles et historiques de Tanger avec un accent porté sur l’Allemagne. Il a ainsi été constaté que l’importance de Tanger et son boom actuel restent relativement négligés à l’étranger – et en particulier par la classe politique allemande – autant que peu médiatisés au sein de la société. Ce malgré , des liens historiques tissés entre l’Allemagne et Tanger ont été étroits. A cet égard on peut notamment citer la protection des élites juives marocaines par l’Empire allemand ou encore la visite de l’empereur Guillaume II en 1905. Les interventions de Mustapha QADERY, Université Mohamed V de Rabat, sur l’Allemagne et la résistance marocaine à la France pendant la Grande Guerre ainsi que celle de Zouhair MAGOUR de l’Association germano-marocaine du Nord, sur les traces de la présence allemande à Tanger ont été en la matière des plus pertinentes. Zouhair MAGOUR a notamment mis en valeur les bâtiments hérités de l’Allemagne et vus lors de la visite de la veille à savoir : l’ancienne légation impériale, la poste et l’école allemandes. Sur le plan culturel on ne peut également oublier les nombreux écrivains allemands qui ont dédiés leurs ouvrages à Tanger comme l’a évoqué Abdellatif BOUSSETA dans une analyse de la littérature allemande du 20ème siècle.

Enfin Tanger a été évoqué au travers du septième art grâce à l’intervention de Martina MÖLLER, office allemand des échanges universitaires de Rabat, qui a présenté une illustration des rencontres germano-marocaines à travers l’exemple du film « Tangérine » d’Iren Von Alberti. Côté marocain, le cinéaste tangérois Abdelmoumen Smihi a clôturé la conférence par la projection de son film « Tanjaoui » mettant en valeur la jeunesse tangéroise des années 1960.

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Lieu de l'événement

Hôtel Villa de France, Tanger

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