Agrégateur de contenus

Comptes-rendus d'événement

Le Maroc et l'Union africaine – Dynamiques actuelles et perspectives d'avenir

Dans le cadre de ses activités de réflexion stratégique sur l’avenir de l'Afrique, la Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS) a convié un panel d’experts à un déjeuner-débat, le 28 avril 2025, en présence de M. Lukas Kupfernagel, directeur du bureau KAS en Éthiopie et auprès de l’Union Africaine. Au cœur des échanges : les dynamiques actuelles entre le Maroc et l’Union Africaine, avec un focus sur des enjeux stratégiques tels que la ZLECAF, la coopération Sud-Sud, et les défis environnementaux.L'événement a mis en lumière le rôle croissant du Maroc dans les instances continentales et souligné la nécessité d’un partenariat renforcé pour un développement durable et intégré de l’Afrique.

Agrégateur de contenus

Partager

Le Représentant résidant de la Fondation Konrad-Adenauer, Steven Hoefner, a ouvert la séance en soulignant que ce déjeuner offrait une occasion d'échanger des points de vue suite à l'élection récente de la nouvelle Commission de l'Union africaine à Addis-Abeba. Il a mis en avant la nécessité d'examiner les relations actuelles entre le Maroc et l'UA dans ce contexte de renouvellement institutionnel.

Lukas Kupfernagel, chef du bureau de le KAS en Ethiopie et à l'Union Africaine, a ensuite présenté les grandes lignes de la discussion. Il a mis en avant les besoins convergents du Maroc et de l’Union africaine, rappelant que le Maroc, depuis son retour en 2017, s’affirme comme un acteur incontournable du continent. Il a insisté sur le rôle du Maroc en tant que passerelle vers l’Europe, mais aussi comme partenaire clé dans la dynamique de la coopération Sud-Sud. Sur le plan économique, Lukas salue la position du Maroc, aujourd’hui considéré comme l'un des pays les plus développés du continent grâce à ses infrastructures, sa force commerciale et son investissement dans les énergies renouvelables. Il a également souligné l'importance du dialogue académique avec les pays d'Afrique de l’Ouest sur les questions de migration régulière et irrégulière, ainsi que la capacité du Maroc à agir dans le secteur sécuritaire, non seulement sur le plan militaire, mais également en matière de renseignement.

Le débat s’est poursuivi sur le rôle de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), identifiée comme un levier majeur pour renforcer l'intégration économique. Lukas a insisté sur la position avantageuse du Maroc, tant sur les plans économique, géographique que diplomatique, et sur l’importance de progresser graduellement en matière d’engagements régionaux pour consolider la ZLECAF. Il a conclu son intervention en affirmant que l’UA a besoin du Maroc, et a invité les participants à partager leurs réflexions à ce sujet.

Steven Hoefner a ensuite soulevé une question portant sur la vision de la nouvelle Commission de l’UA et sur les manières dont les pays européens pourraient soutenir la réalisation de l’Agenda 2063. Lukas Kupfernagel a répondu en notant que les institutions africaines et européennes sont jeunes et qu'il est essentiel de restaurer la confiance. Il a précisé que l'Union européenne tend parfois à confondre UA et UE, alors que leurs structures diffèrent : l’UA, soucieuse de préserver la souveraineté de ses États membres, avance de manière plus fragmentée. Selon lui, il est nécessaire de trouver des champs de coopération autres que la sécurité, tels que la santé publique, la production de vaccins et la préparation aux pandémies, en tirant notamment les leçons de la gestion de l’épidémie d’Ebola.

Steven Hoefner a évoqué la présidence mauritanienne de l’UA, interrogeant sur son bilan. Lukas a souligné que la présidence de l’UA reste symbolique, avec un pouvoir décisionnel limité, la véritable influence étant détenue par le président de la Commission.

Mehdi Rais, président fondateur de Diplomatic Bridge,  a apporté son expérience par rapport à des questions centrales telles que la libre circulation, la coopération Sud-Sud, la ZLECAF et la gouvernance multi-niveaux. Il a insisté sur l’importance d’impliquer les institutions locales et de renforcer la cohésion régionale. Concernant le retour du Maroc à l’Union africaine, il a mis en avant la stratégie marocaine consistant à agir comme un leader rassembleur, et non comme un dominateur, notamment à travers la création de groupements régionaux favorables, illustrée par l'initiative royale pour l’Atlantique. Selon lui, le Maroc progresse de manière stratégique et renforce progressivement son influence au sein de l’UA, dans une logique de codépendance bénéfique pour les parties.

Lukas a partagé cette analyse et a posé une question sur l'évolution des blocs régionaux et mis en avant son lien avec les anciens pôles de pouvoir africains qui voient leur influence décliner, tandis que de nouvelles dynamiques émergent, clarifiant peu à peu les alliances sur le continent.

Moussa Mahamat Djibrine, étudiant en master de Sécurité Internationale à l’Université Internationale de Rabat, aborde la question sur l'initiative royale pour le Sahel en insistant sur la nécessité d’accroître la coopération commerciale et de bâtir des chaînes d'approvisionnement intra-africaines.

Pour sa part Julien Durand de Sanctis, professeur de Science Politique à l’Université Internationale de Rabat a rappelé que le manque de complémentarité entre les économies formelles et informelles reste un défi majeur pour l’intégration africaine. Il a insisté sur l'importance de revoir les « logiciels d'intégration », c’est-à-dire les méthodes et modalités de coopération entre les États africains.

Steven Hoefner a ensuite abordé les questions environnementales, notamment la réduction des espaces verts et les catastrophes liées au changement climatique. Il a souligné que l'Afrique doit exploiter ses ressources naturelles de manière durable, en développant les énergies renouvelables, tout en gardant une approche réaliste face aux engagements climatiques souvent ambitieux, mais parfois difficilement tenables.

Le débat s’est enrichi d'une discussion sur les infrastructures financées par des acteurs extérieurs dont la Chine et l’Europe, et plusieurs participants insistent sur l'importance de replacer les projets sous contrôle africain. Said Temsamani, conseiller international du secrétaire général du parti Al Istiqlal  a évoqué l’analyse de think tanks américains qui observent un tournant dans la politique marocaine en Afrique, orientée vers la défense des intérêts du continent sur la scène internationale dans le cadre d’une nouvelle gouvernance.

En clôture, Steven Hoefner a lancé les remarques finales, reprises par Lukas Kupfernagel, qui a salué la trajectoire du Maroc en Afrique. Il a mis en avant une approche sécuritaire fondée sur le partage, réaffirmant que l’Afrique doit rester maîtresse de son développement. Le Maroc se trouve ainsi en position favorable pour contribuer activement au renforcement du continent, à un moment où les acteurs internationaux commencent enfin à prendre pleinement au sérieux le rôle croissant de l’Afrique sur la scène mondiale.

Agrégateur de contenus

Contact Steven Höfner
Steven Höfner
Leiter Auslandsbüro Marokko
steven.hoefner@kas.de
Contact

Abir Ibourk

Abir Ibourk bild
Coordinatrice de Projet (Promotion de la Démocratie)
abir.ibourk@kas.de +2125 3776 12 32/33 +2125 3776 12 35

comment-portlet

Agrégateur de contenus

Agrégateur de contenus