« Femmes au Sénégal », le titre de nos Cahiers de l’Alternance de l’an 2006 reflète l’étendue de ce vaste sujet – inépuisable – que nous avons essayé de traiter sous divers aspects, et par une approche sélective et représentative. En effet, qui pourrait s’arroger de présenter, décrire ou analyser plus de la moitié de la population sénégalaise ? Sujet ambitieux que les rédacteurs, les étudiants du CESTI en troisième année de presse écrite ont abordé sous quatre angles principaux qui reflètent quatre aspects de la vie féminine du Sénégal d’autrefois et d’aujourd’hui. Les différents rôles et fonctions des femmes dans l’espace culturel, politique et dans la société sont présentés sous forme d’articles sur des femmes individuelles ou des groupes de femmes, sur des réussites et des problèmes que rencontrent ces femmes dans ces espaces de la vie. Les étudiants du CESTI on volontiers quitté les bancs de leur institut pour se rendre dans les régions les plus éloignées du pays et dans les recoins les plus perdus de la capitale pour déceler, dans toute leur ampleur et profondeur, le quotidien des femmes de toutes les parties de la société.
Après l’évocation des personnages historiques, des itinéraires de femmes politiques et tous les problèmes afférents à la vie des femmes au Sénégal, nous passons au sujet clé de ce volume : le statut de la femme – la révolution en marche. Au cours de cette révolution paisible et presque imperceptible, nous suivons les femmes qui se frayent leur chemin, qui font leur vie sur la base de leur initiative, de leur inventivité, de leur créativité et de leur persévérance, et cela dans tous les domaines de la vie : politique, économie, culture, enseignement, recherche, justice. Ce chapitre ouvre des perspectives et donne de l’espoir, cet espoir ardent des femmes du Sénégal qui luttent courageusement afin d’occuper la place qui leur revient, dans la construction d’une nation moderne et démocratique.
La promotion de la femme étant une des préoccupations principales de la Fondation Konrad Adenauer, au Sénégal et dans le monde, nous avons le plaisir de constater qu’au Sénégal, malgré toutes les difficultés que les femmes peuvent encore rencontrer, il y a des avancées significatives. De plus en plus, des femmes occupent des postes de décision à tous les échelons, même si nous sommes encore loin de la parité de représentation des femmes. Cependant, cette parité est possible uniquement à travers la formation, seule une femme bien formée peut accéder aux instances de décision. Voilà une des priorités du Gouvernement du Sénégal que la Fondation Konrad Adenauer soutient sans réserve : l’accès des filles à l’instruction scolaire est primordiale et la formation des femmes adultes, à travers les organisations de promotion féminine, est indispensable pour une meilleure représentation des femmes à tous les niveaux de décision.
Une fois la révolution en marche, les résultats ne se feront pas attendre. En Allemagne, il a fallu près de soixante ans avant qu’une femme ne soit élue chancelière. C’est seulement depuis 80 ans que les femmes ont le droit de vote, et seulement depuis 40 ans que les femmes ont le même statut que les hommes dans le code de la famille. Au Sénégal, on peut à juste titre parler d’une révolution tranquille, d’une révolution en marche. Certes, les femmes sont souvent toujours les laissés pour compte dans la société, ce sont elles qui souffrent le plus de la pauvreté, de maladies de toutes sortes, de mariages précoces, de conditions de travail et de vie dégradantes voire de l’exploitation. Mais les femmes sont résolument décidées à prendre leur destin en main, à ne pas rester des victimes ballottées par un destin implacable. Ce sont les femmes qui réussissent le mieux dans la filière des mutuelles et de micro crédit, ce sont les groupements d’auto promotion féminine qui aident les femmes à obtenir des résultats probants en améliorant considérablement leurs conditions de vie. C’est grâce au travail de ces femmes à la base que toujours plus d’enfants, surtout de filles, peuvent aller à l’école, ont accès aux soins de santé, peuvent évoluer dans des conditions de vie décentes avec la perspective d’un avenir plus radieux.
Les portraits des femmes en politique et en économie nous prouvent que grâce à leur courage, leur savoir et leur persévérance, le leadership féminin a de beaux jours devant lui, au Sénégal.
Le Cahier de l’Alternance sur Femmes au Sénégal nous donne amplement raison d’espérer que malgré toutes les pesanteurs, toutes les difficultés que la Femme rencontre aujourd’hui dans la société sénégalaise, elle ira toujours de l’avant, vers un avenir où les femmes et les hommes vivront, travailleront et s’épanouiront ensemble, chacun selon ses potentialités et préférences, avec l’égalité des chances comme point de départ. C’est dans ce sens que nous remercions vivement l’équipe de rédaction du CESTI et les encadreurs, comme par hasard tous des hommes… Ils ont bien réussi leur mission de parler des Femmes – certainement aussi parce que la personne qui préside les destinées du CESTI est une Femme ! Madame Eugénie Aw, de par son travail de direction d’une très grande efficacité, constitue l’exemple vivant et vivifiant des étudiants du CESTI, le modèle d’une femme qui a réussi et qui veut aider les autres à réussir. Espérons qu’à l’avenir, Madame Aw fera des émules parmi les étudiantes pour que nous puissions trouver, dans quelques années, beaucoup plus de femmes journalistes, femmes reporter et femmes directrices ! Toutes nos félicitations vont aux étudiants et encadreurs du CESTI. A nos lecteurs, nous souhaitons une agréable et inspirante lecture.
(Avant propos de Dr. Ute G. Bocandé)