Avant propos des Cahiers de l’Alternance sur le Consommer local et les initiatives locales de développement

Ute Bocandé

Le thème de l’actuel numéro « Consommer local et initiatives locales de développement» cherche à donner des réponses aux problèmes suscités par les réalités vécues au Sénégal et en Afrique, dans une période de crise financière globale. En effet, depuis près d’un an, des manifestations contre la vie chère rythment nos jours. Des femmes et des hommes politiques, chercheurs et citoyens se sont mis à la recherche de solutions, car il faut éviter une dégradation accrue des conditions de vie des populations.

L´utilisation ou la consommation des produits agricoles sénégalais comme le riz local, le maïs, le mil, le niébé ou le sorgho est d´un avantage inestimable pour les populations, tout comme pour l´Etat. En effet, l´appropriation du label consommer sénégalais pourrait redynamiser le secteur de l´agriculture mal en point. De plus, il pourrait contribuer à réduire les problèmes d´exode rural, de chômage et surtout de pauvreté.

Le Président de la République a jeté les jalons avec différentes initiatives afin de convaincre les Sénégalais qu’il est possible de se nourrir des aliments produits au pays et de passer, dans la mesure du possible, des importations alimentaires.

En effet, la notion du consommer local revêt plusieurs aspects que je voudrais résumer ici :

Economique : Dans cette édition, nous mettons un accent particulier sur l’aspect économique du consommer local. Dans la mesure où nous consommons des produits locaux, nous stimulons l’économie et la production locales et aidons à réduire le chômage, car la production locale a besoin de beaucoup de bras et de têtes.

Ecologique : Cette notion revêt un aspect non négligeable. En effet, l’importation d’aliments nécessite beaucoup d’énergie, car il faut transporter les produits des milliers de kilomètres, par voie maritime ou aérienne. Ceci exige des quantités considérables de carburant - un des facteurs polluants qui accroît l’effet de serre .

Sanitaire : Les aliments importés peuvent présenter des risques pour la santé, car les normes d’hygiène et les dates de péremption ne sont pas toujours respectées pendant le transport et la conservation. Les aliments importés peuvent donc constituer un risque pour la santé des populations, au pire des cas. Au moins, ils seront moins riches en vitamines, car beaucoup d’éléments nutritifs se perdent pendant le transport.

Esprit créateur : Si nous achetons des produits importés, par exemple des meubles, ou si nous construisons nos maisons que sur la base de modèles étrangers, ou bien si nous ne portons que des habits importés qui ne correspondent peut-être pas aux réalités locales, nous perdons une parcelle de notre identité. Ceci est d’autant plus vrai que le génie créateur d’un peuple se manifeste à travers ses productions artisanales voire industrielles.

Pourquoi donc ne pas porter des habits confectionnés au Sénégal, sur la base de tissus locaux, mais même d’autres, mais qui laissent apparaître l’esprit créateur du couturier sénégalais ?

Pourquoi dont ne pas construire une maison dans le style soudanais ou autre, mais une maison conçue selon des modèles locaux ou avec des matériaux locaux ?

Pourquoi aussi ne pas meubler sa maison, son bureau, son hôtel avec des meubles et des accessoires confectionnés au Sénégal ?

Cependant, un accroissement de la consommation nécessite comme condition une production suffisante et satisfaisante surtout eu égard la qualité.

La Fondation Konrad Adenauer a publié, il y a un an, une bande dessinée intitulée « Consommer local ». La cible de la BD sont les jeunes, nous avons voulu donner aux élèves et étudiants des inspirations afin qu’émerge une nouvelle attitude : la fierté des productions locales et l’habitude du consommer local, à tous les niveaux de la société, car les enfants sont des relais. Ils communiquent leurs idées et convictions aux « grands » qui les imiteront, peut-être, dans la démarche du Consommer local.