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Titre unique

Religion, éducation et citoyenneté

Actes du colloque Plaidoyer pour le dialogue interreligieux

Dans le contexte de pluralisme religieux, il est important de se demander comment le système éducatif, pluriel et diversifié dans sa forme, prépare les citoyens au dialogue interreligieux dans le partage et l’enrichissement mutuel par les différences religieuses, au dialogue entre les religions pour surmonter les risques de fracture et pour contribuer au développement intégral des individus et de toute la société. C’est là toute la pertinence du thème « Religion, Education et Citoyenneté » de la 5ème édition du Colloque Plaidoyer pour le dialogue interreligieux.

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Plaidoyer pour le dialogue interreligieux V :

« Religion, éducation et citoyenneté»

Dakar Fondation Konrad Adenauer 5 – 6 novembre 2013

ACTES du COLLOQUE, ici la CONCLUSION et les RECOMMANDATIONS

Dans le contexte, au Sénégal, de pluralisme religieux, il est important de se demander comment le système éducatif, pluriel et diversifié dans sa forme, prépare les citoyens au dialogue interreligieux dans le partage et l’enrichissement mutuel par les différences religieuses, au dialogue entre les religions pour surmonter les risques de fracture et pour contribuer au développement intégral des individus et de toute la société. C’est là toute la pertinence du thème « Religion, Education et Citoyenneté » de la 5ème édition du Colloque Plaidoyer pour le dialogue interreligieux, organisé par la Fondation Konrad ADE-NAUER, en partenariat avec l’ambassade d’Israël, l’ASECOD et l’université Cheikh Anta DIOP de Dakar, les 5 et 6 novembre 2013.

La présentation de quatre communications sur l’historique, l’état des lieux et les perspectives des différents systèmes d’enseignement, a permis à une centaine de participants, à travers quatre ateliers, d’échanger et de débattre ; et, considérant les forces et faibles-ses d’un système donné, faire des recommandations et proposer des solutions.

Jean-Claude ANGOULA, dans sa communication sur Les systèmes d’enseignement traditionnel, fait remarquer que « les représentations qu’on a du système d’enseignement traditionnel montrent (…) qu’il est un sous-produit. En effet, nous avons voulu montrer que l’universalité du système éducatif actuel, celui que nous appliquons dans nos pays, ne va pas de soi dans la mesure où la culture occidentale qui l’a portée jusqu’en Afrique apparaît comme une culture parmi d’autres. On ne nous demande pas de passer à l’autre extrême, c’est-à-dire à l’application pure et dure du système religieux traditionnel (traditionalisation du système éducatif actuel ou modernisation du système traditionnel) mais de trouver notre centre sans pour autant nous nier nous-mêmes ».

Pour Jean-Marie THIOR, l’enseignement catholique vise à « former tout homme et tout l’homme ». « L'école catholique représente un maillon essentiel, un poids non négli-geable, dans le dispositif éducatif sénégalais. Elle est ouverte à tous, sans distinction de race, de sexe, de nationalité, d’ethnie, de clan, de religion et elle continue son action sociale en portant attention à tous, et particulièrement aux zones rurales. Elle essaie de développer chez les élèves, la capacité d’écoute de l’autre, dans le respect et la reconnaissance mutuels ; les valeurs de partage, d’entraide, de solidarité et de tolérance. Ainsi l’école catholique est un lieu de dialogue interreligieux, car les jeunes sont scolarisés dans un environnement multiculturel et multiconfessionnel. Ainsi l’enseignement catholique veille à une meilleure connaissance des religions pour mieux se comprendre ».

Sur l’enseignement islamique, Cheikh MBOW, (Chef de la Division Enseignement arabe au ministère de l’Education nationale), pose avec « acuité la problématique de l’enseignement arabo-islamique » au Sénégal, dans sa reconnaissance, son organisation, son financement, la valorisation de ses ressources humaines, son intégration dans le sys-tème éducatif formel du ministère de l’Education nationale… Selon M MBOW, « les pro-duits de cet enseignement demeurent des modèles en terme de valeur éthique et com-portementale, en terme d’entreprenariat mais également de figures religieuses qui ont apporté une contribution florissante à travers leurs écrits à l’œuvre de construction na-tionale ».

Ibrahima DIAGNE, inspecteur de l’enseignement moyen secondaire/vie scolaire, à propos de l’enseignement public au Sénégal, fait remarquer que si depuis sa création, « l’effort d’adaptation de l’école sénégalaise à son environnement a constitué un souci permanent », il n’en demeure pas moins que « malgré les nombreux efforts, l’école reste encore en crise : instabilité de l’espace scolaire à cause de grèves d’enseignants et/ou d’élèves ; recul de l’esprit et de l’engagement citoyens des produits sortis de l’école ; très faible insertion des produits de l’école ; faible qualification d’une partie des enseignants ; insuffisance des filières professionnelles ; gestion inefficace et irrationnelle des ressources financières et matérielles. Pour arriver à favoriser les consensus sur les politiques éducatives et permettre la pacification de l’espace scolaire, le Ministère de l’Education organise des Assises nationales de l’éducation et de la formation. L’implication de tous les acteurs devra permettre d’aboutir à des produits éducatifs spécifiques à chaque région et qui seront en phase avec les orientations nationales. »

Le colloque de 2013, a aussi enregistré une contribution du Dr. Bakary SAMBE, Enseignant-chercheur au Centre d’Etude des Religions-UFR-CRAC-Université Gaston Berger de Saint-Louis, sur ce qu’il appelle « l’acte 3 de la marginalisation » des arabisants qui s’inscrit selon Sambe, « paradoxalement, dans la série des réformes de l’enseignement supérieur, avec la création d’une Université dite « arabo-islamique ». En effet, « le cantonnement des futurs bacheliers arabes dans cette université dite, « arabo-islamique » jouera encore longtemps en faveur de leur stigmatisation intellectuelle.

Les différents systèmes d’éducation au Sénégal, sous la tutelle du ministère de l’Education, ont cette redoutable mission de contribuer au dialogue interreligieux en éduquant – comme l’a rappelé le Nonce Apostolique à la clôture du colloque, citant le Pape François dans son message au monde musulman pour la fin du Ramadan, Vatican 10 juillet 2013 – « au respect mutuel (…) de la religion de l’autre, ses enseignements, ses symboles et ses valeurs. C’est pour cela que l’on réservera un respect particulier aux chefs religieux et aux lieux de culte(…). Nous savons que le respect mutuel est fonda-mental dans toute relation humaine, spécialement entre ceux qui professent une croyance religieuse. Ce n’est qu’ainsi que peut croitre une amitié durable et sincère ».

Le représentant du ministre de l’éducation nationale, à l’instar des représentants des Assises de l’Education, a souligné que l’école a la vocation d’être au service des valeurs de paix, des valeurs humanistes, et surtout au service de la citoyenneté. L’école doit être le rempart contre toute forme d’exclusion. Il souhaite au-delà d’un dialogue interreligieux, un dialogue entre les citoyens du pays. La mission de l’école, la mission de l’éducation est de préparer le citoyen du futur.

Les recommandations clés des différents panels et ateliers:

inciter les chercheurs à s’intéresser à la culture africaine (mémoires, thèses et autres travaux), promouvoir l’intégration des valeurs traditionnelles dans les programmes scolaires en vigueur et leur vulgarisation à travers les technologies de l’information et de la communication, recommander la revalorisation de l’enseignement communautaire, faire la distinction entre l’enseignement des religions et l’éducation de la foi, développer des actions civiques, Education à la citoyenneté par le dialogue interreligieux, promouvoir l’enseignement inclusif et former des enseignants à cet effet, veiller à l’adéquation entre population et infrastructures scolaires, adopter des reformes qui font avancer le système éducatif, l’adoption de curricula qui intègrent la valeur de citoyenneté, intégrer la prise en charge effective des daaras dans le système éducatif, créer d’un fonds d’appui à l’éducation religieuse, organiser la Zakat et le Waqf pour le financement des infrastructures éducatives islamiques, instaurer l’éducation à la citoyenneté depuis la petite enfance, de rendre effectif l’enseignement religieux optionnel, former les enseignants dans le domaine religieux, mettre en place des mécanismes de prévention et de résolution des conflits en milieu scolaire, engager un dialogue et une concertation entre les différents acteurs au service de l’école.

La genèse et l’historique du programme sur le Dialogue interreligieux

de la Fondation Konrad Adenauer au Sénégal

La Fondation Konrad Adenauer au Sénégal s’engage depuis près de quinze ans dans le domaine du dialogue interreligieux, à travers des publications, des séminaires, des colloques. Le dialogue entre les cultures et entre les religions est une priorité de la Fondation Konrad Adenauer, en Allemagne, au Sénégal et partout dans le monde.

Au Sénégal, les religions ne constituent pas un facteur de division, bien au contraire. Le Sénégal est un des rares pays dans notre monde actuel que l’on met toujours en avant pour prouver qu’une cohabitation harmonieuse et fructueuse entre les peuples et entre les fidèles de différentes religions est possible, est réalisable.

Durant toute sont histoire, le Sénégal a été un vivier de personnes et de groupes qui ne cherchent qu’à réaliser, à vivre et à conserver cet esprit de communion et de cohabita-tion harmonieuse et conviviale, cet esprit d’échange et d’inspiration mutuelles. Cependant, le Sénégal n’est pas une île dans les mouvances du temps, et il n’est pas exclu que certaines tendances néfastes, existantes sous d’autres cieux, prennent pied au Sénégal. Par le biais des techniques de communication et d’information modernes, les jeunes Sénégalais ont accès à toutes les sources, malheureusement aussi aux éléments qui veulent semer la haine et la destruction.

Il est d’une grande importance d’être vigilant et de prendre les devants afin que le Sénégal ne connaisse jamais des situations comme certains pays de la sous région. C’est dans cette perspective que nous avons donc mis en place notre programme sur le dialogue interreligieux qui vise à faire communiquer les fidèles des différentes religions, des res-ponsables religieux et des décideurs politiques, mais aussi à informer le grand public, par le biais de multiplicateurs. Ainsi avec ASECOD (Association sénégalaise de coopération décentralisée) nous avons édité deux bandes dessinées « Afrique Citoyenne » sur le dialogue interreligieux. En coopération avec le Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI) de l’Université Cheikh Anta Diop, nous avons publié un numéro dans la série Cahiers de l’Alternance, sur « Les religions au Sénégal ». En effet, un citoyen renseigné, informé, ne succombera pas aux slogans qui cherchent à attiser des tensions voire des haines. Un musulman qui connaît tant si peu la religion chrétienne ne se fera pas dire des choses invraisemblables inventées pour jeter le discrédit sur les chrétiens, et vice versa. Seule une personne bien renseignée peut se former une opinion exempte de toute influence extérieure.

Ainsi en 2007, en prélude à l’OCI, nous avons organisé une série de symposiums, séminaires et conférences sur « L’Islam au Sud du Sahara ». Ensuite, nous avons eu l’idée de mettre en œuvre un colloque afin de continuer la réflexion et la discussion sur les religions au Sénégal et particulièrement sur le dialogue entre les religions. Les contacts et les relations noués lors de ces manifestations ont été à la base de notre initiative « Enracinement et Ouverture. Plaidoyer pour le Dialogue interreligieux », titre de notre premier colloque sur le dialogue interreligieux en 2009. Nous avons délibérément paraphrasé Senghor, afin de souligner la nécessité de s’ancrer d’abord dans sa propre culture, dans sa propre religion, avant de s’ouvrir aux autres, avant de passer au dialogue. Il faut donc promo7uvoir la connaissance de soi et de l’autre pour un échange franc et sincère avec l’autre, sans stéréotypes et sans idées récues.

Notre colloque a été une véritable première en Afrique, parce qu’il a réuni quatre (4) reli-gions : L’Islam, le Christianisme, le Judaïsme et les RTA. L’islam a été représenté par des imams et des chercheurs de plusieurs pays africains, le christianisme par des théologiens catholiques et protestants, le judaïsme par des Rabbins et les RTA par des experts et des chefs traditionnels. En effet, on a l’habitude de dialoguer entre chrétiens et musulmans, entre juifs et chrétiens, musulmans et juifs, mais les religions traditionnelles africaines (RTA) sont souvent omises dans le dialogue.

En essayant de combler ce gap, en offrant une plateforme aux religions traditionnelles, nous avons découvert des trésors. En effet, la contribution d’experts en RTA nous a permis de déceler, dans le patrimoine religieux africain, des valeurs, des structures sociales et politiques qui nous ont inspirées dans beaucoup de domaines. Malheureuse-ment, ces religions sont souvent sous estimées et méprisées. Même si la majorité des Sénégalais pratiquent aujourd’hui une des religions révélées, les RTA ont leur place dans le patrimoine religieux sénégalais et véhiculent une partie importante de l’histoire du pays et des valeurs particulières qui pourront bien aider à la résolution des crises actuel-les, comme la crise de l’éducation.

Le premier colloque a été donc le coup d’envoi d’une série, et actuellement nous organisons un colloque sur le dialogue interreligieux par an, mais les membres du comité scientifique et les invités des colloques s’appliquent à leur tour à multiplier les résultats et à organiser d’autres manifestations pour ouvrir les esprits au dialogue et pour mieux ancrer l’entente la cohabitation paisible entre les religions.

Lors du deuxième colloque, nous avons analysé des cas probants et des cas conflictuels de cohabitation religieuse, pour travailler, en 2011, sur la thématique « Religion et développement social. Quelles voies préconisent les religions révélées et les religions africai-nes ? ». Le quatrième colloque en 2012 a porté sur « Religion, paix et développement », une problématique à l’ordre du jour avec la crise au Mali – qui sera suivie par d’autres crises, au Nigéria, en Centrafrique,… malheureusement. D’où l’urgence de poursuivre le dialogue ! Ensuite, nous avons choisi, en 2013, le thème de la religion dans l’éducation et le rôle de l’éducation dans les religions – c’était également un thème inspiré par une crise, et porteur d’espoir de pouvoir apporter des éléments de réponse. Vous les trouve-rez dans les conclusions et les recommandations que le comité scientifique va présenter.

C’est le moment de remercier très vivement nos partenaires, l’Université Cheikh Anta Diop, l’Ambassade d’Israel, l’ASECOD pour leur inspirante coopération. Nous sommes très fiers de cette collaboration continue et féconde qui porte des fruits : l’initiative du dialogue interreligieux est reprise par des écoles, des associations, et cela à travers tout le pays, ainsi nous avons, avec nos partenaires sur place, organisé des échanges sur le dialogue interreligieux dans les régions de la Casamance, de Kédougou, de Thies, de Kaolack et prochainement aussi à St. Louis, avec le Centre d’études des religions.

Le comité scientifique est composé de membres de nos organisations partenaires et je tiens à remercier très cordialement leur effort continue à tenir haut le flambeau du dialogue. Ce n’est pas toujours facile, c’est un travail honorifique et des fois fatiguant, mais on est là, on échange, on discute, on dispute, on travaille, on multiplie – dans une belle convivialité, à l’image du dialogue interreligieux vécu au Sénégal.

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Dialogue interreligieux podium Kasdakar

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