Présentations & compte-rendus
Des membres des communautés juive, chrétienne, musulmane et Baha’’ienne étaient au rendez-vous. Au total, plus d’une vingtaine de personnes, y compris des représentants des institutions religieuses, des académiciens et des étudiants ont été présents ce jour-là pour discuter durant deux sessions d’échanges ouverts les axes suivants : comment les institutions religieuses sont-elles réagi face à la pandémie du coronavirus ? la solidarité sociale et interreligieuse, s’agit-il d’un état de conscience permanent ou occasionnel ?
Les rites religieux et les lieux de culte des différentes religions n’ont pas échappé à l’impact direct et profond du Coronavirus (Covid19), touchant tous les aspects de la vie, perturbant les activités culturelles, économiques et sociales, et empêchant la pratique des traditions auxquels les gens étaient habitués dans diverses parties du monde.
Durant la première session, la plupart des intervenants ont insisté sur le fait que le covid19 n’a pas distingué entre ses victimes ; toute l’humanité a dû faire face à un ennemi commun.
Tous les représentants religieux, tels que le curé de la paroisse de la St Cyprien de la Marsa, le R.P Jawad Alamat et Monsieur Daniel Cohen, rabbin de la goulette et directeur de l’école juive de Tunis, ont évoqué l’importance accordée aux consignes et à l’application de la décision du ministère des affaires religieuses de fermer tous les lieux de cultes ainsi que l’interdiction des rassemblements des fidèles. Aussi, les efforts ont été consentis pour appeler les fidèles à participer aux aides et aux initiatives sociales ; que ce soit avec les différents acteurs de la société civile ou à travers les dons effectués au profit du « 1818 », l’initiative lancée par le gouvernement en faveur du ministère de la santé.
Bien que la gestion globale de la crise par les autorités publiques a été saluée, certains intervenants ont jugé qu’une attention insuffisante a été accordée aux communautés religieuses minoritaires, d’autres ont décrit le discours diffusé à travers certains sermons depuis les mosquées comme incitant à la confusion et à la peur. Des participants issus de la société civile ont, quant à eux, souligné le fait qu’ils auraient souhaité que les mosquées de quartier soient plus actives dans la collecte et la distribution des aides.
Les différents représentants des institutions religieuses ont affirmé que le volet spirituel s’est bien manifesté durant le confinement, mais les aspects communautaire et rituelle ont été mis à l’épreuve. Ce point de vue a été développé par Monsieur Mohamed ben Moussa, directeur du bureau des Bahaïs en Tunisie, qui a déclaré que la période du confinement était une vraie opportunité pour renouveler la relation avec le Créateur.
La première session a été clôturée avec l’intervention par vidéoconférence du pasteur jordanien Nabeeh Abbassi, directeur du centre arabe, de conseil et de la formation (ACCTS) qui a considéré que « cette réunion entre juifs, chrétiens, musulmans et bahaïs ensemble, sur la même table, est une très belle image de la rencontre humaine ». En Jordanie, les efforts et les actions de solidarité menées par son organisation ont touchés les nécessiteux, indépendamment de leur religion ou appartenance. ‘’C’est l’esprit de solidarité que le Christ nous appelle à faire ‘’.
L’état de la solidarité sociale et interreligieuse était le sujet de notre débat durant la deuxième session.
Monsieur Ahmed Salmen, académicien tuniso-saoudien de confession chiite et directeur de centre d’étude et de la recherche « AHL AL BAYT », a insisté durant son vidéo conférence sur le fait que cette catastrophe humanitaire n’a pas distingué entre les races, les religions et les couleurs. Ainsi, la solidarité sociale est indispensable pour atténuer la gravité de cette pandémie.
Malgré les élans de solidarité, les participants ont également partagé le constat qu’il serait utile de mettre en œuvre des mesures concrètes afin de promouvoir la solidarité et faciliter le travail des bénévoles. Par exemple, Monsieur Karim Chniba, a suggéré la création d’une base de donnée pour les volontaires. Cela aurait pu faciliter la coordination des actions de solidarité durant les jours de confinement.
Madame Najet Fkhiri, vice-présidente de l’association des cadres religieux, a pour sa part insistée sur l’importance d’intégrer les pratiques de solidarité dans l’éducation comme principe essentiel à transmettre à l’enfant. Ces valeurs éthiques doivent être inculquées dès le plus jeune âge pour favoriser une forme d’engagement permanent et inconditionnel vis-à-vis de l’autre.
À travers les multiples perspectives des représentants des différentes religions, la table ronde a pu dégager de nombreuses idées, critiques et recommandations, mais il en également ressorti que l’unification des efforts, l’exigence de la tolérance, l’acceptation de l’autre et la valorisation des pratiques de solidarité restent toujours les fondamentaux pour défendre le bien commun de la Tunisie et les valeurs de l’humanité.