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Comptes-rendus d'événement

"La Liberté, la Démocratie et les Droits de l’Homme ne vont pas de soi – et ils ne sont-pas irrévocables "

de Andrea Ellen Ostheimer

Le lauréat du Prix Nobel de la Paix, Dr. Denis Mukwege, lutte contre la violence sexuelle comme arme de guerre

La Fondation Konrad Adenauer a accueilli le 24 avril à son siège à New York le médecin congolais, Dr. Denis Mukwege, lauréat du Prix Nobel de la Paix 2018. En présence des représentants de différentes agences des Nations Unies et ONG, il était question comment la société civile peut s’engager davantage dans la lutte contre la violence sexuelle comme arme de guerre en temps de conflits.

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La veille, le Docteur Mukwege avait plaidé au Conseil de sécurité pour la poursuite des crimes et le soutien des victimes à l’occasion d’une séance pendant laquelle l’Allemagne, membre non permanent, avait présenté une résolution contre la violence sexuelle. Les femmes, la paix et la sécurité sont au centre de l’agenda de l’Allemagne durant son mandat au Conseil de Sécurité.

La Résolution 2467 était adoptée par 13 pays contre les abstentions de la Russie et la Chine.

Lors de la table ronde à la KAS, Dr. Mukwege a fait état de la séance du Conseil le jour précédent et des dynamiques globales. Aujourd’hui plus que jamais, il estime nécessaire de défendre la liberté, la démocratie et les Droits de l’Homme, et de se battre pour elles. Pour le Dr. Mukwege, qui s’adressait au Conseil de Sécurité pour la deuxième fois, c’était un dur rappel à la réalité que de constater que, bien que le langage général a changé, certains membres du Conseil continuent d’insister pour l’interprétation la plus restreinte du mandat de celui-ci. Pour lui, le viol est un acte de terreur qui détruit les individus, d’autant qu’il brise les familles et la société. Selon lui, le sujet doit rester inscrit sur l’agenda du Conseil de Sécurité. Les états membres comme la société civile doivent rester vigilants pour empêcher qu’il ne change. Récemment, on a vu un affaiblissement des institutions préservant la démocratie et les Droits de l’Hommes dans plusieurs démocraties établis (p.ex. la révocation du visa de la procureure générale de la CPI, Fatou Bensouda, par les États-Unis) et la démontage des instruments pour la lutte contre l’impunité.

Le plus grand enjeu pour le Docteur Mukwege dans la lutte contre l’impunité est la conservation des preuves. Trop souvent, les coupables profitent du silence des victimes et restent inconnus. Les victimes doivent être informés de leurs droits et avoir accès à la justice. Néanmoins, il est nécessaire selon Dr. Mukwege que les pouvoirs législatif et judiciaire renforcent leurs capacités et moyens à l’avantage des victimes. Si l’identité des coupables est prouvée, la communauté internationale est obligée d’imposer des sanctions.

Durant la conférence, le Docteur Mukwege a appelé les participants à participer à la création d’un fonds global pour la réparation aux victimes de violence sexuelle. Le fonds pourrait inclure non seulement les paiements individuels mais aussi des compensations collectives et symboliques. Dans cet ordre d’idée, il a aussi attiré l’attention sur le fait que pour beaucoup de ces pays, à cause de leur propre passé, la création d’un tel fonds signifierait l’ouverture de la boite de Pandore. La société civile doit donc aller au contact, engager le débat, pour convaincre et minimiser les résistances.

Cependant, étant donné sa propre expérience dans l’Est du Congo, Dr. Mukwege a insisté sur le fait que durant les processus de paix et les réformes des services de sécurité qui les accompagnent, les coupables de violations de droits de l’homme ne doivent pas devenir les nouveaux « protecteurs » des victimes. La société civile doit mener un important travail de plaidoyer pour que les procédures de contrôle de sécurité préalables soient les plus fouillées possibles.

Pour le lauréat du Prix Nobel, la société civile et les ONG sont à la base dans la lutte contre l’impunité. Ils documentent les violations des Droits de l’Homme, ils aident à sensibiliser les victimes à leurs droits et ils rappellent la communauté internationale que la violence sexuelle est une arme de guerre en temps de conflits qui menace la paix et la sécurité globale.

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Interlocuteur

Andrea Ellen Ostheimer

Andrea Ostheimer

Directrice Dialogue Multilateral Genève

andrea.ostheimer@kas.de +41 79 318 9841

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