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NEWSLETTER octobre 2023, 2e

de Aminata Traore

Ce Newsletter touche à l'actualité politique malienne

Ce Newsletter touche à l'actualité politique du Mali à travers les articles suivants : Tribune : Nos libertés démocratiques en danger ; Orpaillages dans le nord du Mali Les groupes armés signataires sont mis en cause

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PROGRAMME REGIONAL SAHEL

---Actualité du Mali---

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Tribune : Nos libertés démocratiques en danger

Depuis l’arrivée des militaires au pouvoir en 2020, les libertés fondamentales acquises au prix du sang s’évaporent à mesure que dure la Transition. Cela, avec la complicité de certains responsables politiques au pouvoir. Le report de la marche pacifique et républicaine de la Cmas du 13 octobre est un coup de crosse à la liberté d’opinion.

L e report de la marche initiée par La Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (Cmas) est l’un des symptômes d’une privation générale d’une catégorie de la population malienne à son droit d’ex[1]pression, d’opinion et d’association. Pourtant dans son article 14, la nouvelle Constitution concoctée par les autorités de Transition garantit ces libertés, aujourd’hui menacées.

On a assisté ces derniers jours à un déchainement impressionnant des créateurs de contenus à la solde d’acteurs politiques (proche du gouvernement) qui profèrent des contenus haineux, intimidants et injurieux à l’encontre d’une autorité morale et religieuse du pays et de tous ceux qui seraient tentés de marcher pour réclamer leurs droits. Tout citoyen malien a le droit d’inspirer et revendiquer l’organisation des élections et la mise en place d’un gouvernement civil après 3 années de Transition.

Certes les autorités n’ont pas formellement communiqué. Mais dupe serait celui qui estimerait qu’ils n’y sont pour rien dans les prises de parole hostiles des “pseudo activistes” qui ne cessent ces derniers jours de diffamer l’imam Dicko et d’intimider ceux qui seraient tentés de suivre la Cmas, les accusant de complotisme. Certains journalistes laissaient entendre que les marcheurs seront arrêtés et extradés vers Kidal.

Que devient la loi au Mali ? Pourquoi les autorités judiciaires qui ne ratent guère l’occasion d’arrêter artistes et comédiens au nom de la loi sur la cybercriminalité, pour arrêter ceux qui aujourd’hui diffusent propagande, mensonge et propos haineux ? A moins que le gouvernement ne partage cette intention d’arrêter les manifestants, étant donné l’absence de tout démenti.

 Depuis l’arrivée des militaires au pouvoir en 2020, les libertés fondamentales acquises au prix du sang s’évaporent à mesure que dure la Transition. Cela, avec la complicité de certains responsables politiques au pouvoir. Le report de la marche pacifique et républicaine de la Cmas du 13 octobre est un coup de crosse à la liberté d’opinion.

Un pays clivé, des citoyens hostiles à la critique

Les autorités en place ont surfé sur la nullité incroyable de la classe politique pour installer un système binaire au sein de la population. La neutralité n’existe plus. La population est clivée entre deux camps, les “pro et anti-Transition”. Les derniers sont identifiés comme des traitres et osent difficilement extérioriser leur point de vue.

Leur liberté d’opinion n’a plus la même valeur que ceux qui soutiennent le pouvoir. Le constat est malheureux, les propagandistes du régime ont enterré la contradiction en intimidant et injuriant tous ceux qui ne pensent pas comme eux. “Nous ne pouvons ni publier nos convictions, ni partager celles auxquelles nous adhérons au risque d’être arrêtés”, me confiait hier un ami journaliste. “Les autorités nous exigent une couverture patriotique de l’information”, dira-t-il.

La grande majorité de ceux qui soutiennent les autorités de Transition est aveuglée par un sentiment surévalué de patriotisme qui crée en eux, le doute sur le patriotisme de ceux qui osent critiquer ne serait-ce qu’un membre du pouvoir en place.

On se croirait dans la République de Tunturu dans le célèbre pays imaginaire Fatôbugu. Nous devons savoir accepter la divergence des opinions, le pays n’est pas unipolaire. Vos convictions demeurent des subjectives qui peuvent vous pousser à la faute.

La censure est galopante, tout le monde craint de placer une phrase qui pourrait être mal placée. Ceux qui ont osé la critique, ont quitté le pays pour ne pas rejoindre d’autres orateurs en prison en attente de procès depuis plusieurs mois.

Aujourd’hui journalistes, chercheurs, politiques, presque personne ne risque de s’exprimer sur certains sujets. “Si vous parlez, ils ont des lois sur mesure pour vous arrêter”, disait Issa Kaou n’Djim, l’un des meilleurs orateurs et bêtes de la scène politique de ces dernières années. Il n’a malheureusement su cette évidence qu’après son abandon en plein vol par les autorités de Transition.

Que craignent les censeurs ?

En cette période de Transition, la parole devrait être accordée à tous les citoyens afin qu’ils exposent leurs visions du Mali nouveau dont espère tout le monde. Si vous vous réjouissez de la censure de l’autre, sachez qu’un jour vous n’échapperez pas à cette censure. Les défenseurs des libertés, les défendent pour tous, pour même ceux qui veulent les tuer.

C’est cela, l’acceptation de l’autre. On ne sera plus intelligent dans la refondation du pays que lorsqu’on accepte d’écouter les autres pour repenser ensemble ce qui nous oppose.

En réalité, les autorités en place craignent la force de frappe de l’Imam Dicko. Car c’est en partie et surtout à cause de l’influence de ce dernier que l’ancien président a perdu son pouvoir. Ce qui a permis la montée en puissance de ceux qui aujourd’hui veulent le soumettre au silence. S’il n’a plus aucune influence comme vous le prétendez, laissez-le organiser sa manifestation pacifique. Le peuple sera témoin de sa popularité ou de son déclin politique.

Source : Mali Tribune

 

Orpaillages dans le nord du Mali Les groupes armés signataires sont mis en cause

Un nouveau rapport publié par l’Organisation ouest-africaine de lutte contre le trafic (OCWAR-T) met en cause les groupes armés rebelles du nord qui ont signé l’Accord pour la paix et la réconciliation, ainsi que les groupes extrémistes violents qui tirent profit de l’exploitation de l’or. Ce rapport, intitulé «Trafic de main d’œuvre dans l’EMAPE : Étude des risques dans les sites d’orpaillage saharo-sahéliens», a été coordonné par Giz, l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée et l’Institut d’études de sécurité (ISS). L’auteure de ce rapport, Mme Alice Fereday, analyste principale à l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée, évalue les risques d’exploitation et de trafic de main d’œuvre dans les zones aurifères du nord du Niger et du Mali. Elle examine les modalités de recrutement et d’emploi, ainsi que les risques encourus par les travailleurs et les facteurs structurels qui contribuent à la vulnérabilité des orpailleurs. Le rapport souligne également les principales possibilités qui s’offrent aux décideurs politiques pour gérer ces risques, tout en reconnaissant le rôle crucial de l’extraction de l’or comme moyen de subsistance et facteur de stabilité pour les populations locales. Les recherches ont été menées de juillet à septembre 2022 sur les sites de Tchibarakaten et Djado au Niger, ainsi que sur les sites de N’Tahaka et N’Abaw au Mali. Pour des raisons de sécurité et d’accès, le travail sur le terrain a été effectué par des chercheurs locaux originaires des régions étudiées. Les entretiens réalisés dans les zones d’orpaillage ont ciblé les orpailleurs, les patrons, les détenteurs de permis, les commerçants, les passeurs, les acteurs coutumiers, les militaires, les acteurs de la sécurité, les autorités locales et les acteurs de la société civile. Cependant, en raison de problèmes de sécurité, l’équipe de recherche n’a pas pu accéder aux sites de la région de Kidal au Mali. Le rapport met en évidence la présence limitée des pouvoirs publics et la «taxation» lucrative exercée par les groupes armés sur les sites d’orpaillage. Alors que la présence de l’État varie d’une zone à une autre au Niger, l’administration malienne est totalement absente sur les sites étudiés au Mali, laissant ainsi les groupes armés profiter de cette situation.« Alors que la découverte de gisements aurifères a créé d’importantes opportunités économiques, elle a également engendré des dé[1]fis majeurs en matière de sécurité dans certaines régions désertiques périphériques qui, historiquement, échappaient au contrôle des forces de l’ordre. Les autorités publiques sont peu présentes dans ces zones complexes et manquent de ressources humaines et techniques pour superviser cette activité in[1]formelle en plein essor. De plus, les autorités nationales manquent généralement de volonté politique pour réglementer efficacement l’exploitation aurifère au-delà des stratégies clientélistes qui profitent aux élites locales ». Selon le rapport, les zones d’exploitation aurifère des régions de Kidal et de Gao ont été immédiatement ciblées par des groupes armés qui utilisent un mode potentielle[1]ment lucratif de «taxation». « Les groupes armés signataires ainsi que les groupes extrémistes violents ont ainsi tiré profit de ces importantes sources de revenus. Les sites d’exploitation aurifère dans le nord du Mali sont également des lieux potentiels de recrutement pour les groupes extrémistes violents. Lorsque l’exploitation aurifère nécessite l’utilisation d’explosifs, les sites miniers peuvent également servir de base d’approvisionnement et de formation pour les groupes armés », rapporte le document. Les recherches, menées par Mme Alice Fereday, ont porté sur deux sites d’exploitation aurifère au Mali, à savoir N’Tahaka et N’Abaw dans la région de Gao. Selon le rapport, N’Tahaka, situé à 90 kilo[1]mètres à l’ouest de la ville de Gao, est la plus grande zone aurifère de la région. Ce site s’étend sur sept ou huit kilomètres et comprend des exploitations artisanales et semi-mécanisées. « Les estimations du nombre de chercheurs d’or à N’Tahaka varient, mais plusieurs personnes interrogées estiment qu’à la fin de 2022, au moins 10 000 chercheurs d’or y travaillaient, principalement des communautés de la région du Liptako Gourma (Maliens, Burkinabés et Nigériens), ainsi que des travailleurs migrants originaires du Soudan, du Nigéria, du Tchad, du Libéria, du Ghana, de la Mauritanie, du Sénégal, de la Guinée, du Togo et d’Algérie ». Il ressort du rapport que « la zone d’exploitation aurifère est contrôlée par des groupes armés maliens signataires qui, en 2021, ont formé une coalition appelée Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP), regroupant la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme ». Le CSP, précise le rapport, tire des revenus importants de l’exploitation aurifère. « Les chercheurs d’or ne sont généralement autorisés à vendre de l’or qu’à des taux fixés par les membres du CSP, et ce dernier bénéficie également de la taxation des entrées et sorties de véhicules de la zone, ainsi que du contrôle des marchés auxiliaires tels que le carburant, l’eau, la nourriture et l’équipement ».

Conditions de travail injustes et abusives imposées aux travailleurs. Le CSP justifie son action de sécurisation des sites en défendant le bien-être des communautés locales. Certains orpailleurs interrogés par les enquêteurs d’OCWAR-T jugent ces mesures minimales. «Malgré la présence de groupes armés du CSP, les menaces sécuritaires demeurent répandues sur les sites d’orpaillage. Les groupes armés sont également impliqués dans des activités illicites et le crime organisé dans la zone d’orpaillage.» «Les activités illicites sont nombreuses et je pense que rien n’est légal ici, sauf le repas que nous mangeons. Il y a des assassinats ciblés, des braquages, des vols à main armée, la vente et le trafic d’armes, le trafic d’or, et il y a aussi le passage et la vente de drogue sur le site, sauf lorsque les djihadistes sont présents », déclare un orpailleur interrogé par les enquêteurs

 

TEMOIGNAGES

Le rapport mentionne également des actes de prédation perpétrés par les groupes armés du CSP, facilitant ainsi l’exploitation humaine. Selon un orpailleur cité dans le rapport, les membres du CSP impliqués dans l’orpaillage abusent de leur position dominante pour imposer des conditions injustes et abusives aux travailleurs. Il est difficile de ré[1]unir des preuves de ce type de pratiques, rapporte le document. Malgré de nombreux exemples d’abus, les orpailleurs ne sont pas prêts à dénoncer les conditions imposées par les membres du CSP par crainte de représailles. «Car c’est eux qui contrôlent la zone de bout en bout. Personne n’ose les critiquer, car si tu le fais, tu te retrouveras six pieds sous terre dès le lendemain», déclare un orpailleur. Selon le rapport, le site d’orpaillage à N’Abaw, près de la frontière burki[1]nabé, à 175 kilomètres au sud-ouest de Gao, est entièrement contrôlé par le JNIM. «N’Abaw est une zone plus petite que N’Tahaka, d’une superficie d’environ quatre kilomètres carrés, rassemblant environ 2 000 orpailleurs. Le JNIM autorise les activités d’orpaillage à condition que les règles et pratiques religieuses soient respectées. Les dirigeants de ce groupe ne prélèvent pas systématiquement la zakat (taxe religieuse) à N’Abaw, mais exigent qu’elle soit payée pour tout montant supérieur à 1 million de FCFA», précise-t-il. Le document mentionne que la sécurité des orpailleurs sur ce site est assurée par les combattants du JNIM, qui interviennent en cas de différends ou de conflits. Les États sont appelés à formaliser l’orpaillage artisanal. Le rapport met également en évidence l’impact dévastateur des produits chimiques utilisés dans le traitement de l’or sur le bétail et la destruction partielle des zones de pâturage causée par les activités d’orpaillage. À N’Tahaka, les éleveurs ont été privés d’une superficie de plus de 10 kilomètres carrés en raison du développement de l’orpaillage. Selon l’auteure, la majorité des activités ne sont pas taxées en raison du caractère informel du secteur minier, qui est miné par le trafic et l’exploitation des orpailleurs. Le rapport appelle les États à légaliser l’exploitation minière artisanale, qui représente des opportunités pour les gouvernements. «Les effets négatifs des mesures répressives contre l’exploitation minière artisanale, aggravés par le développement continu des économies illégales et du crime organisé dans les zones aurifères, ont suscité des suggestions selon lesquelles les États devraient légaliser l’exploitation minière artisanale plutôt que de la criminaliser. En plus des avantages de l’exploitation minière artisanale en tant que «tampon» économique offrant des moyens de subsistance aux communautés et une alternative aux activités illégales ou aux groupes armés pour les personnes vulnérables au recrutement, la légalisation et la réglementation de l’exploitation minière artisanale pourraient représenter des opportunités pour les gouvernements eux-mêmes. Il s’agit notamment d’opportunités en termes de revenus, tels que la taxation, et de points d’entrée pour renforcer la présence et la légitimité de l’État dans des zones autrement isolées. La légalisation pourrait également constituer une étape clé dans la lutte contre les risques liés à la traite des personnes dans l’exploitation minière.»

source : Malikilé

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Interlocuteur

Ulf Laessing

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Directeur régional Sahel

ulf.laessing@kas.de 00223-20 23 00 36

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