Les femmes ont toujours été victime de violences physiques, morales et verbales, de toute forme de discrimination. Conscientes de cela, elles ont commencé à mettre en place des mouvements de lutte contre les violences faites aux femmes mais aussi pour l’égalité et l’équité de genre. Leurs revendications étaient autour de l’égalité salariale, de l’accès aux emplois, de la parité politique, du droit de vote, du droit à la santé de la reproduction etc.
C’est ainsi que le droit international a commencé à mettre en place des organisations internationales de protection des droits des femmes. Le traité le plus célèbre demeure la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Elle a été adoptée le 18 décembre 1979 par l’Assemblée générale des Nations Unies. Elle est entrée en vigueur en tant que traité international le 3 septembre 1981 après avoir été ratifiée par 20 pays. Dix ans après son adoption, en 1989, c'est presque une centaine de pays qui se sont engagés à respecter ses clauses.
Egalement, le Programme d'action de Beijing, adopté lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes de 1995, comportait comme objectif essentiel « l'élimination de toutes les formes de violence à l'égard des femmes », alors que la CEFDEF de 1979 ne fait même pas mention de la violence à l'égard des femmes » De plus, bien qu'il n'existe toujours pas de Convention sur l'élimination de toutes les formes de violence à l'égard des femmes, l'ONU considère la violence comme une question relevant de la sécurité, des droits de l'homme et des crimes de guerres, comme l'illustre la Résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité ainsi que le soutien du Secrétaire général Ban Ki-moon à l'effort mené pour mettre fin à la violence sexuelle.
Cependant, il faut comprendre que même si des progrès ont été notés sur la lutte pour l’égalité de genre, il reste beaucoup d’efforts à fournir. Malgré la reconnaissance presque universelle des droits des femmes au niveau officiel, les « traditions profondément enracinées » qui relèguent les femmes dans des rôles subalternes et/ou dans l'oppression persistent dans tous les pays, qu'ils soient en tête de la liste de l'indice de parité des sexes de l'ONU ou en bas. Il n'existe aucun pays au monde où les femmes jouissent d'un statut égal à celui des hommes. En outre, les conflits armés dont beaucoup de pays font face n’ont rien arrangé jusqu’ici car ils sont à l’origine des violences liées aux conflits armés dont les femmes sont victimes. En effet, celles-ci sont considérées comme des actes de violence commis contre des personnes vulnérables telles que les femmes et les filles lors des conflits armés. Les acteurs armés pratiquent, à des degrés extrêmement divers, la torture sexuelle, l'esclavage sexuel, des agressions sans pénétration, la stérilisation, la prostitution forcée et les grossesses forcées.
C’est dans cette logique que le Bureau Etat de droit de la Fondation Konrad Adenauer en partenariat avec le Bureau du procureur du mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux ont édité un manuel intitulé « poursuivre les violences sexuelles liées aux conflits armés ». C’est en publiant le manuel que le Bureau Etat de droit a tenu, avec la collaboration de l’Association des Juristes Sénégalaise, à organiser un colloque sur « la protection des droits des femmes en 2023 : promesse ou réalité ? » le 26 juin 2023 à l'hôtel Radisson Blu, Dakar. Cette activité avait pour objectif d'évaluer les droits des femmes mais aussi d’instaurer des échanges et des partages d’expériences qui permettront de résoudre les problématiques et défis de la protection et la promotion des droits des femmes.
La cérémonie d’ouverture a été présidée par Monsieur Ismaïla Madior FALL, Garde des sceaux, ministre de la justice. Elle a démarré avec le discours de M. Ingo BADORECK qui a témoigné son enthousiasme avec cette publication comme outil dans l'amélioration des procédures en lien avec les violences sexuelles. Il a aussi montré la reconnaissance conventionnelle, constitutionnelle et législative du droit des femmes au Sénégal. Son speech était suivi de celui de M. Serge BRAMMERTZ, Secrétaire général adjoint des Nations Unies, Procureur du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux qui en a profité pour présenter le “MANUEL” en rappelant l'état des lieux de la justice pénale internationale de la poursuite des violences liées aux conflits armés. Il a ainsi passé la parole à Mme. Aby DIALLO, Présidente de l’AJS qui est largement revenue sur l’importance du thème, les missions de l'association depuis 1974, de plus en plus orientée à l’assistance juridique et l'accompagnement. Delà, le ministre de la justice lancera officiellement le début des travaux avec un discours orienté sur les axes stratégiques de l’Etat du Sénégal pour assurer une meilleure protection et épanouissement des droits de femmes.
Ainsi, cela a marqué le début des travaux allant de la discussion d’experts jusqu’à la présentation des panels par des spécialistes et praticiens, les uns aussi expérimentés que les autres. Il s’en est suivi de pertinentes contributions de la part des participants.
La fin de la conférence a été marquée par une cérémonie de clôture présidée par le representant du ministere de la Femme, le Sécrétaire general dudit ministère M. Mame Ngor Diouf.
Madame Dior Fall Sow, Présidente d’honneur d’AJS est revenue sur les points phares de la journée en formulant des recommandations pertinentes dont la sensibilisation des acteurs judiciaires à l’invocation et l'application des conventions protectrices des droits de l’homme de manière générale ratifiées par l'Etat du Sénégal et cela directement, telle qu'énoncé dans la Constitution, sans condition de transposition. M. Badoreck, à son tour de renchérir sur l’urgence de travailler ensemble sur des stratégies d’application des textes pertinents à la protection des droits des femmes de manière générale.
A ce sujet, le ministère par le biais du SG, se déclare ouvert aux recommandations et disposé à travailler aux côtés de la société civile et des partenaires pour une meilleure prise en charge des préoccupations.
C’est sur cette note empreinte d’engagement et d’espoir que la Conférence internationale sur les droits des femmes fut clôturée.