Le 21 juin 2021, le bureau de la Konrad-Adenauer-Stiftung en France, en coopération avec le bureau de la Konrad-Adenauer-Stiftung en Pologne, a organisé un échange en ligne consacré aux réalisations et à l'avenir du Triangle de Weimar.

Le Triangle de Weimar - l'échange trilatéral entre la Pologne, l'Allemagne et la France - a été lancé il y a près de 30 ans, le 28 août 1991 - jour de l'anniversaire de Goethe - et symbolise depuis lors la manière dont des pays aux histoires différentes peuvent façonner l'avenir ensemble, penser au-delà des frontières et œuvrer pour l'Europe et la paix en Europe - comme un pont entre l'Est et l'Ouest. Après trente ans de coopération, la question se pose si les trois pays ont été à la hauteur des attentes et de leurs responsabilités, et dans quelle mesure le potentiel a été correctement exploité. Aujourd'hui, l'Union européenne est confrontée à de grands défis en termes de politique intérieure et extérieure. Dans ce contexte, l'objectif de l'événement était avant tout de se tourner vers l'avenir et d'évaluer le format dans une perspective actuelle : le format du Triangle de Weimar est-il toujours pertinent et peut-il encore être un moteur ? Dans quels domaines politiques est-il utile et possible de renforcer la coopération trilatérale, et éventuellement de la développer ?

Il faut « maintenir en vie le Triangle de Weimar »

Pour Sabine Thillaye, le triangle de Weimar est un élément important pour mener des discussions au niveau européen, effacer les malentendus, surmonter les différences culturelles et résoudre les conflits. Selon elle, il est très important de « maintenir en vie le Triangle de Weimar » en tant qu'exemple de dialogue politique. Toutefois, cela nécessite une intensification de la coopération entre les trois pays. Mme Thillaye a notamment cité l'Assemblée parlementaire franco-allemande, créée à l'initiative conjointe de l'Allemagne et de la France, comme un excellent exemple de dialogue stratégique et politique.

La présidente de la commission des Affaires européennes et membre de de la commission de la Défense souhaite qu’à l’avenir puissent être mis en œuvre des projets concrets dans le cadre du Triangle de Weimar et que soit mis à l'ordre du jour de sujets tels que la sécurité et la défense, mais aussi les questions énergétiques. Mme Thillaye considère la conférence sur l'avenir de l'Europe comme une grande opportunité et espère des propositions et des solutions concrètes pour la coopération au sein de l'Union européenne. Elle confirme également que l'importance de l'Europe de l'Est est croissante et que la France « regarde de plus en plus vers l'Est ». Pour Mme Thillaye, la confiance de tous dans les institutions juridiques est indispensable à la coopération et à la négociation au sein de l'UE. En ce qui concerne les questions de sécurité et de défense, elle souligne l'objectif à long terme de l'autonomie européenne. Selon elle, une approche de débat stratégique - un dialogue à long terme avec les États membres - est nécessaire pour produire une UE résiliente et capable d'agir. C’est d’ailleurs le rôle de la boussole stratégique, initiée sous présidence allemande de l’Union européenne et appelée à se concrétiser l’an prochain sous la présidence française.

« Il y aura des idées et des points de vues qui nous feront toujours avancer »

Michael Kretschmer MdL, Ministre-président du Land de Saxe, considère le Triangle de Weimar comme un élément important pour la cohésion de l'Union européenne et souhaite que la Pologne joue davantage son rôle et ses intérêts pour un dialogue plus équilibré. Une compréhension commune de l'État de droit est indispensable pour l'avenir de l'UE. Dans le Triangle de Weimar, il voit l'occasion de parler au nom de plus de trois pays - les États du nord et de l'ouest de l'Europe, du sud mais aussi de l'Europe centrale et orientale se verraient également donner une voix indirectement par le biais du Triangle de Weimar. M. Kretschmer est d'accord avec Mme Thillaye et souligne l'importance d'un dialogue parlementaire intensifié pour rendre cette initiative plus vivante. Ce n'est qu'à l'aide d'idées communes et d'une compréhension commune des problèmes qu’un rapprochement adviendra. Il appelle également à un accroissement des échanges économiques et scientifiques ainsi que des échanges de jeunes dans un contexte trilatéral, en s’appuyant sur l’échelon local.

En matière de sécurité et de défense, il considère que la Pologne se trouve dans une situation particulière de grande incertitude. À ses yeux, la France et l'Allemagne devraient soutenir leur partenaire dans ce domaine et intensifier la coopération technique et militaire. En ce qui concerne le gouvernement polonais, le Premier ministre plaide pour le dialogue, pour initier des projets communs à tous les niveaux. La communication et l'échange comme clé : « Il y aura des idées et des points de vues qui nous feront toujours avancer »

« Ce triangle, axe de stabilité de l'UE, est très important et nécessaire »

Le sénateur Bodgan Klich a souligné l'importance du Triangle de Weimar, notamment en ce qui concerne l'avenir. « Ce triangle, axe de stabilité de l'UE, est très important et nécessaire, peut-être même plus qu'il y a 10 ans. » M. Klich a fait l'éloge des échanges entre les universités, les associations, les fondations, les ONG et d'autres institutions. Il attache une grande importance à l'entretien des partenariats locaux de longue date. En outre, il estime qu'il est important de repenser l'Europe à ce stade : « De quelle Europe avons-nous besoin et dans quels domaines ? ». Outre le développement économique et technologique, M. Klich considère la politique climatique, mais aussi la sécurité intérieure et extérieure, comme des domaines essentiels. Comme Sabine Thillaye, M. Klich voit dans la conférence sur l'avenir de l'Europe une excellente occasion de donner de nouvelles impulsions à l'UE pour permettre d'élaborer des solutions institutionnelles. Il souhaite que la Commission européenne et la Cour de justice européenne exercent un plus grand contrôle et agissent plus rapidement.

En ce qui concerne la politique de défense, M. Klich a plaidé pour le renforcement des institutions européennes et des parlements nationaux. La politique de défense et de sécurité commune devrait être au premier plan. Selon lui, il faut exploiter à fond les dispositions du traité de Lisbonne avant d’imaginer d’autres initiatives. Des initiatives qui vont au-delà de ce traité « (…) pourraient être contre-productives et conduire à un affaiblissement de l'Union européenne », craint l'ancien ministre polonais de la défense.

La conférence sur le 30ème anniversaire du Triangle de Weimar s'est concentrée sur les questions essentielles du format trilatéral. Les décideurs présents à l'événement étaient d'accord : des sujets tels que les questions de l'État de droit, le rôle de la politique de sécurité et de défense ainsi que les échanges franco-germano-polonais au niveau parlementaire et non-parlementaire sont d'une importance élémentaire pour le Triangle de Weimar, mais aussi pour la cohésion et le développement dynamique de l'UE.