Titre unique
Education Civique et Renforcement de la société civile en Afrique de l’ouest :
L’EXPERIENCE DE LA FONDATION KONRAD ADENAUER A TRAVERS LE RESEAU S.O. S CIVISME.
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Par Mathias GBETOHO, Chargé de Programme
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Depuis février 1992, la Fondation Konrad ADENAUER (FKA) a installé son bureau régional à Cotonou, au Bénin. Au menu de ses missions essentielles, l’éducation civique des populations et le renforcement de la société civile figurent en place de choix. En lançant son programme, l’objectif visé par la Fondation, c’est de promouvoir et d’accompagner le processus de démocratisation enclenché en Afrique en général et plus singulièrement en Afrique de l’ouest au début des années 90. C’est aussi d’aider ces jeunes démocraties à faire de l’Etat de droit une réalité. Pour y arriver, nombre d’activités de formation et de sensibilisation ont été initiées.
Dix ans après le lancement du programme pour la promotion de la démocratie en Afrique de l’ouest, il est une nécessité de jeter un regard rétrospectif sur le chemin parcouru, et ce à travers, les choix stratégiques opérés, les lignes directrices adoptées et l’analyse des résultats obtenus.
Des Choix Stratégiques
Pour l’efficacité de l’éducation civique des populations et le renforcement des capacités des organisations de la société civile dans la sous région, il s’est imposé de réfléchir à des choix stratégiques. Au titre desdits choix, la FKA a estimé retenir les Jeunes adultes de divers milieux socio - professionnels, et animateurs des ONG, convaincus de s’investir dans les initiatives de citoyen et prêts à jouer un rôle de multiplicateur dans leur milieu de vie.
Sur cette base, en dehors des activités de formation isolées, un cycle de formation a été conçu et engagé dès septembre 1993 au profit des volontaires à l’action civique. Cette démarche, pour coller à ses attentes, a pris appui sur des stratégies répondant à des lignes directrices précises.
Des Lignes Directrices
Les lignes directrices sont traduites en terme de sous- objectifs. Il s’agit notamment de :
- assurer la formation des volontaires et les rendre aptes à accompagner d’autres citoyens,
- accroître le degré de citoyenneté des multiplicateurs pour en faire des modèles,
- soutenir les acteurs résolument démocrates dans leur travail de promoteur de la démocratie ,
- œuvrer à l’enracinement de cette démocratie au sommet et dans la société entière,
- mettre en contact les démocrates de la sous région afin de provoquer un élan de solidarité et d’échange d’expérience,
- réintroduire de façon durable l’éducation civique dans les programmes de formation des citoyens et ce en remplacement des cours d’idéologie.
Il faut reconnaître que le choix des thèmes et l’articulation des programmes de formation sont faits de façon à donner à chacune des promotions ( 50 animateurs civiques originaires de six pays), l’essentiel des outils en trois(3) semaines réparties sur trois(3)ans.
Somme toute, les dix ans de travail soutenu axé sur les choix stratégiques et lignes directrices ont donné des résultats concrets malgré que dans le domaine éducatif, les résultats ne s’apprécient que s’ils s’inscrivent dans la durée.
Des Résultats
Au niveau des jeunes leaders, la formation a eu sa dynamique propre. A ce jour, nous sommes à la quatrième promotion d’animateurs bien formés. Laquelle formation a contribué depuis 1995, à la naissance d’une association sous forme de réseau dénommé S.O.S. Civisme couvrant le Bénin, le Burkina-Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger et le Togo. Le réseau s’est doté d’animateurs assez bien formés, engagés dans l’accompagnement des populations dans les pays cités plus haut. Le but majeur de ce réseau est contenu dans son sigle à savoir : « Savoir, Oser, solidariser pour le Civisme ».
Au niveau des ONG, l’enrichissement des actions de la société civile s’observe à travers divers réseaux notamment le Réseau pour l’Intégration des Femmes des ONG et associations (RIFONGA), le Réseau pour les élections pacifiques et transparentes (REPAT).
Ces efforts ont eu pour conséquence l’établissement de fait de relais de la FKA dans tous les pays couverts.
En outre, la FKA à travers une stratégie de variation , sélection, variation, a réussi à se constituer un répertoire de partenaires fiables, résolument démocrates et qui depuis quelques années, déterminent le cours de l’histoire dans leur pays respectif .
Conclusion
Les résultats si modestes qu’ils soient, sont surtout le produit de la conjugaison des efforts , des énergies et des intelligences du personnel de la FKA et de ses partenaires résolument convaincus qu’il faille s’investir dans le développement de la sous région.
Toujours fidèle à ses idéaux, la FKA pense que l’émergence d’une nouvelle classe politique et d’une société civile plus actives et engagées, est la condition sine qua non du développement de l’Afrique.
En effet, dix ans après, la démocratie s’installe tant bien que mal dans les pays que la FKA couvre avec son programme. Au Bénin et au Mali, la démocratie et l’Etat de droit s’enracinent progressivement. Pendant que dans d’autres pays comme le Niger, le Burkina, la Côte d’ivoire et le Togo, le processus démocratique reste fragile et tributaire des soubresauts politiques. La rébellion en Côte d’Ivoire, la crise politique chronique au Togo et les dernières mutineries au Niger sont assez illustratives de la fragilité de la démocratie dans ces pays.
Au regard de la situation de crise et de guerre qui prévaut dans la sous région, les efforts enclenchés par la fondation Konrad ADENAUER et ses partenaires doivent se poursuivre inlassablement. Il importe aujourd’ hui plus que jamais, t’intensifier les actions d’identification et de mise en contact des démocrates convaincus, dans les pays couverts par le Programme mais aussi et surtout de consolider les différents réseaux pour que par effet de contamination , la Démocratie et l’Etat de Droit fleurissent partout.