AVANT PROPOS

Il n’a pas été facile de me convaincre à l’idée d’écrire un livre sur la décentralisation. En 1994, la Fondation Konrad Adenauer, dans le cadre de ses activités en Afrique de l’Ouest, a initié un programme de conférences itinérantes d’information et de sensibilisation des citoyens à la base sur les nouvelles politiques de décentralisation en cours d’élaboration ou d’exécution ici et là dans les Etats africains. Chargé de programme à la Fondation et responsable du volet « Décentralisation et Développement Local », il me revenait la responsabilité de l’animation et de la gestion d’une activité dont j’étais loin d’imaginer toutes les implications itinérantes. Plusieurs thèmes ont été ainsi développés au cours de ces conférences. Pour mémoire, on peut citer : Les enjeux d’une politique de décentralisation:

• Elus locaux face aux défis de leurs nouvelles responsabilités ;
• Développement institutionnel et bonne gouvernance communale ;
• Décentralisation et expression démocratique : les initiatives de citoyens ;
• Droits et devoirs du citoyen dans la gestion communale ;
• Contraintes et atouts de la décentralisation ;
• Le pouvoir local à l’épreuve des faits, etc.

Un jour, à la fin de l’une de ces conférences qui ont souvent fait salle comble, mon modérateur, le professeur Boniface KEÏTA, vice-doyen de la Faculté des Lettres Arts et Sciences Humaines de l’Université du Mali, m’invita amicalement à faire « la publication de ces thèmes que je développais avec une si grande maîtrise ». Mon refus a été catégorique, simplement parce que je ne voulais pas écrire un livre sur commande. Le journaliste Abdul Kassim KONATE de la radio Jigiya de Kita (Mali), qui venait de couvrir en direct l’événement et qui a suivi ma conversation avec le professeur KEÏTA, se proposa de faire une publication à partir de la transcription des cassettes réalisées. ‘’Vous prendrez sur vous le risque d’un procès si vous déformez mes pensées !’’, lui ai-je rétorqué. Les conférences se poursuivirent d’une année à l’autre, d’un pays à l’autre avec le même enthousiasme, la même disponibilité, mais surtout avec la même satisfaction chez les auditeurs qui ne manquèrent aucune occasion pour plaider auprès du Représentant de la Fondation à Cotonou (Bénin) l’organisation d’une nouvelle conférence. Les mêmes interventions exprimaient le besoin d’avoir la copie de mon exposé pour restituer le travail qui a été fait dans les villages et dans les arrondissements. A défaut d’avoir un exposé écrit à distribuer, certains participants exigeaient tout simplement le plan détaillé de l’exposé qu’ils venaient d’écouter. Le souci en a été partout le même : la non restitution à la base du précieux travail qui venait d’être fait constituerait un coup insidieux au noble effort intellectuel d’enracinement et de consolidation de la décentralisation. Je finis par prendre conscience de l’importance du travail qui se faisait et de la nécessité pour moi d’aider toutes les bonnes volontés qui se manifestaient ainsi à poursuivre le travail d’information et de sensibilisation à la base, dans leurs hameaux, dans leurs villages et dans leur milieu de travail. D’ailleurs, les fiches d’évaluation que remplissaient les participants à la fin des conférences donnaient le témoignage de leur totale disponibilité à exploiter les résultats de la formation reçue. Face à cet engouement, j’avais à choisir entre deux attitudes : ramer à contre courant en renvoyant au diable ces nombreux multiplicateurs potentiels, ou céder à leur désir avec la satisfaction d’avoir été utile à quelque chose. J’ai fini par choisir la seconde attitude, mais non sans certaines appréhensions : devrais-je seulement me contenter de juxtaposer les exposés d’un thème à l’autre ? Ou devrais-je y intégrer aussi les riches contributions des auditeurs sans oublier les données obtenues de quelques enquêtes de terrain organisées pour les besoins de la cause ? Devrais-je me limiter aux seuls thèmes développés ou fallait-il saisir l’occasion pour fournir au lecteur toute information nécessaire susceptible d’aider aussi bien le simple citoyen que l’élu local à soutenir et raffermir le processus de décentralisation ? Après analyse des précieux conseils que m’ont donnés amis et collègues avec qui j’ai partagé mes dilemmes, je me suis résolu à faire un livre plus exhaustif et vivant, alimenté par des exemples tirés du vécu des hommes. Ce livre n’a donc pas la prétention d’être un document académique. Il n’en a ni le mérite ni l’envergure analytique. Il se veut avant tout un outil didactique à la portée du citoyen moyen, pour accompagner le travail des élus locaux. Les idées qu’il véhicule ne sont que des points de vue d’un homme dont elles portent la marque des faiblesses et des convictions. Je vous serai dont très reconnaissant de votre grande indulgence. Bien des gens ont amélioré ce travail de par leur critique et leurs œuvres. A défaut de les nommer tous ici, je voudrais tout simplement leur dire Merci et saluer leur clémence à me permettre de me faire une place à côté d’eux. Le titre initial de ce livre est : « Notre dernière chance … ». Ce titre a la faveur des curiosités, mais ne situe pas, d’entrée de jeu, le lecteur dans le sujet. C’est pourquoi le titre actuel lui a été préféré : « Décentralisation entre Risques et Espoirs. » En situant « Espoirs » après « Risques », notre souhait est que seuls les espoirs nous attachent pour nous donner le courage du saut décisif : mettre résolument en marche une réelle politique de décentralisation qui libère l’homme et l’épanouit. Puisse ce travail contribuer davantage à l’enracinement et au succès des politiques de décentralisation en cours en Afrique.

Paul Déhoumon

Table de matière

• 1ère PARTIE LA DECENTRALISATION - UNE NOTION COMPLEXE AUX CONSEQUENCES MULTIPLES
• INTRODUCTION clarification du concept
• Chapitre I LA DECENTRALISATION : UN DOMAINE A EXPLORER
• Chapitre II DECENTRALISATION ET EXPRESSION DEMOCRATIQUE : DROITS ET DEVOIRS DE CITOYEN DANS LA VIE COMMUNALE
• Chapitre III RELATIONS ENTRE ELUS LOCAUX ET LES CITOYENS
• Chapitre IV LES ELUS LOCAUX FACE AUX DEFIS DE LEURS NOUVELLES RESPONSABILITES

• 2ème PARTIE LA DENCENTRALISATION A L’EPREUVE DES FAITS
• Chapitre I Le déficit de communication : un obstacle à la participation des citoyens
• Chapitre II LE BUDGET DE LA COMMUNE
• Chapitre III CONSEILS PRATIQUES AUX MAIRES: LE CALENDRIER BUDGETAIRE

• 3ème PARTIE LES OUTILS DE LA GESTION COMMUNALE
• Chapitre I L’AGENDA DU MAIRE
• Chapitre II Les délibérations du conseil communal ou municipal
• Chapitre III LE REGLEMENT INTERIEUR

• CONCLUSION