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Que veut dire être jeune en Afrique de l’Ouest ? Avec 40% de la population ayant moins de 15 ans et 75% moins de 35 ans, l'expression "jeune africain" est, quasiment, un pléonasme. L'Afrique a déjà la population la plus jeune au monde. Or, en raison d'une croissance démographique sans précédent, la population du continent devrait encore doubler dans les trente prochaines années pour atteindre 2.5 milliards d'habitants. D'ici 2050, selon les prévisions des Nations unies, un humain sur quatre sera Africain, alors qu’au même moment d'autres continents tels que l'Europe voit leur population vieillir. Mieux définir ce que signifie le terme "jeunesse africaine" ne relève donc pas d'une simple question lexicographique. Il s'agit, au contraire, d'un travail indispensable pour évaluer la nature et l'ampleur des défis qui attendent une région du monde, qui comptera demain un quart de la population mondiale. Cela ne peut se faire sans comprendre au préalable deux choses : de qui parle-t-on vraiment ? A quoi sont prêts, en termes d'engagement politique, ces citoyens qui décideront de l'avenir de leur continent ? Ce sont précisément ces interrogations que cette étude menée par le Dialogue Politique en Afrique de l’Ouest (PDWA) de la Konrad Adenauer-Stiftung entend à répondre.
A qui pense-t-on en Allemagne quand on parle d'un jeune ? Probablement à une personne qui a entre 15 et 24 ans, un étudiant à la charge de ses parents ou un jeune professionnel n'ayant pas encore fondé un foyer. En Côte d'Ivoire en revanche, le "jeune" peut être un célibataire de 40 ans vivant chez ses parents, ou une adolescente responsable de ses frères et sœurs cadets, ainsi que des tâches ménagères rythmant la vie des familles qui y sont souvent nombreuses. Autrement dit, les mêmes mots ne veulent pas dire la même chose selon le continent sur lequel on se trouve.
Cette étude a donc pour ambition de mieux comprendre, à partir de données recueillies directement auprès des intéressés, comment vivent les africains de 18 à 35 ans et comment ils participent - ou non - au débat public en tant que citoyens. Quelles responsabilités assument-ils aujourd’hui ? À quel âge la plupart ont-ils commencé à travailler ? À s'impliquer dans le budget familial?
À qui parlent-ils de politique, s'ils en parlent ? Que pensent les jeunes du rôle des autorités traditionnelles et religieuses dans la gouvernance de leur pays ? Et quelles sont les perspectives d'avenir et les idées de cette jeunesse pour mieux vieillir sur son continent ?
La Konrad-Adenauer-Stiftung a chargé LOOKA, service d'étude de marché pour l'Afrique, de réaliser cette recherche. Les résultats de ce rapport sont le fruit d'entretiens en face-à-face menés du 13 au 22 avril avec 2000 personnes entre 18 et 35 ans au sein des capitales politiques et/ou économiques que sont Abidjan, Lomé, Cotonou et Conakry. Alors que la question de l'éducation et de la création d'emplois pour la jeunesse africaine est en première ligne des débats nationaux et des agendas politiques, suscitant parfois des manifestations violentes, les informations mises en exergue dans ce rapport pourront aider à appuyer les actions gouvernementales en Afrique de l'Ouest. Ce rapport donne également une place à de nouveaux débats. Tel que celui sur la qualité des sources d’informations, le rôle des autorités traditionnelles et religieuses, ou encore l'âge de vote — la moitié de la population africaine, ayant moins de 18 ans, étant actuellement exclue de participation au processus démocratique.