Asset Publisher

Houphouët-Boigny et la crise ivoirienne

Par Amadou Koné, Edition Karthala 2003, p. 230

Asset Publisher

Сподели

Ancien membre du bureau politique du parti politique PDCI créé par Houphouët-Boigny, et premier Secrétaire Général du mouvement de jeunesse dudit parti, le Docteur en médecine Amadou Koné a été l’une des nombreuses victimes des faux complots dont le régime de Houphouët-Boigny a le secret et qui relève des mécanismes cruels et savamment élaborés en vue d’éliminer tous les concurrents potentiels au pouvoir politique en Côte - d’Ivoire. L’objectif étant de rester le seul et unique maître et régner sans partage pendant plus de quatre(4) décennies sur cette ancienne colonie française.

Témoin privilégié de la scène politique de son pays, l’ancien Ministre de la santé de la Côte-d’Ivoire, le docteur Amadou Koné a donc, à travers cet ouvrage, livré au public, les manières dont le défunt président à traité les questions d’importance que sont : la démocratie, l’unité nationale, le développement du pays et les relations interafricaine. Il a établit dans le développement de son ouvrage, les racines et la part de responsabilités du défunt président dans la crise politique ivoirienne actuelle.

Ainsi, a travers les 5 chapitres ci-après :

  • L’éveil politique de la Côte d’Ivoire
  • La conquête du pouvoir
  • Les suites du complot de 1963
  • Houphouët-Boigny, chef d’Etat
  • Houphouët-Boigny, mon ami
L’Auteur a fait une analyse progressive mais profonde de la situation de son pays.

Ainsi, à la fin de la deuxième guerre mondiale qui a vu les tirailleurs sénégalais (nom donné aux indigènes des colonies françaises d’Afrique enrôlés de force dans l’armée française pour faire la guerre aux allemands) se battre aux côtés des français pour libérer la France, le général De Gaulle, dans un élan de générosité et de reconnaissance, organisa du 31 janvier au 8 février 1944 à Brazzaville une conférence qui consacra un nouvel statut juridique des populations ressortissantes de l’AOF et l’AEF qui avaient payé leur tribut à la guerre. Désormais, les africains ont le droit de jouir de toutes les libertés fondamentales prescrites par la charte des droits de l’Homme.

Partant, ils ont désormais le droit de se gouverner. Alors, à partir de cet instant, ils seront représentés au parlement français par suffrage universel. Dans cette foulée, Houphouët-Boigny alors chef de canton de Yamoussoukro et planteur de cacao bénéficiant de plusieurs concours de circonstances, a été élu comme député représentant de la Côte d’Ivoire à l’assemblée constituante française. De cette position, et aux côtés d’autres représentants africains, il travailla pour l’adoption de la loi sur l’abolition du travail forcé dans les anciennes colonies françaises. Ceci le positionna dans l’imagerie populaire de son pays comme un héros. Pour poursuivre le combat politique, il décida de transformer son comité électoral en parti politique d’où la naissance le 26 avril 1946, du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) devenu plus tard PDCI- RDA.

Désormais, la voie pour accéder à la présidence de la république une fois l’indépendance acquise est grandement ouverte devant lui. La conquête du pouvoir devient une évidence et très aisée. Le PDCI, plutôt que d’être un creuset de réflexion pour poursuivre les idéaux de développement et d’exercice de la démocratie, a été juste un instrument au service du défunt président pour assurer la pérennité de son régime.

Ainsi, en matière de politique intérieure, il a usé de divers stratagèmes faits de faux complots contre la sureté de l’Etat, de manipulations des cadres du parti, de l’instrumentalisation des autres institutions de l’Etat notamment, les forces de défense et de sécurité, l’appareil judiciaire… etc. Une discrimination injustifiée dans la répartition des richesses du pays, était érigée en système de gouvernement. Les infrastructures n’étaient réalisées que dans la région sud pendant que la région nord, du centre et l’est étaient des laissées pour compte.

La formation des cadres était très sélective. Au nord par exemple, la scolarisation était quasi inexistante. Tout était mis en œuvre pour éviter l’émergence d’élites dans le nord. Cette région est privée de toute infrastructure routière.

En somme, le développement économique du pays a été disparate et n’a pas été suivi d’un progrès social. Le déséquilibre entre les différentes régions du pays était manifeste et entretenu à dessein.

Parlant des faux complots, ils étaient les moyens les plus évidents pour éliminer les cadres compétents, et surtout ceux qui prennent de l’envergure, du jeu politique. Les plus célèbres de ces complots ont été celui du chat noir et ceux de 1963 et 1964 qui ont permis au défunt président d’écarter des affaires publiques de nombreux cadres dont plusieurs sont morts en prison suite aux tortures subies ou simplement ont vu leur carrière brisée.

Au plan régional, Houphouët-Boigny a eu des rapports très tendus avec nombre de ses homologues de l’Afrique de l’ouest. Les rapports les plus exécrables étaient ceux entretenus avec feu Sékou Touré de la Guinée Conakry et N’kruma du Ghana. Le désir d’être le seul maître à bord a justifié chez Houphouët-Boigny toutes ses oppositions farouches aux initiatives de créer en 1957 et 1960 un Etat fédéral à partir des Etats de l’ancienne Afrique occidentale française.

Au total, le règne du défunt président a permis plutôt que d’édifier la nation ivoirienne, a développé entre les peuples une certaine méfiance, le complexe de supériorité chez certains et celui d’infériorité chez d’autres. En outre, son règne a tout mis en œuvre pour que les régions du nord et du nord- ouest restent dans un état de pauvreté absolu.

Faire la démocratie n’était juste qu’un alibi pour façonner son image. Dans la réalité, il était un dictateur assoiffé d’un pouvoir absolu qui ne connaissait pas d’ami.

Ainsi, on ne saurait dire que le président Gbagbo est le seul responsable de la crise ivoirienne actuelle. Cette crise a ses racines dans la période du règne de Houphouët car ce dernier du fait de sa gouvernance, avait créé et entretenu des frustrations, de la haine, de la pauvreté et surtout entretenu un manque de démocratie.

Asset Publisher

Контакт

Klaus D. Loetzer

Head of the KAS office in Tunisia

Asset Publisher