Pacte pour la mediterranée: Pour une cooperation euro-méditerranéenne repensée et inclusive

La conférence Pacte pour la Méditerranée : Pour une coopération euro-méditerranéenne repensée et inclusive, organisée le lundi 1er décembre 2025 à Rabat par Diplomatic Bridge et la Konrad-Adenauer-Stiftung, a réuni un large éventail d’acteurs diplomatiques, institutionnels, économiques et académiques afin de réfléchir ensemble aux nouvelles dynamiques de coopération euro-méditerranéenne. L’événement s’est ouvert avec les mots du Dr. Mehdi Raïs, Président de Diplomatic Bridge, qui a rappelé la vocation de cette plateforme : créer des passerelles solides entre les deux rives de la Méditerranée, promouvoir le dialogue et renforcer l’implication de la jeunesse dans les processus décisionnels. Il a souligné que dans un contexte international en perpétuelle mutation, la coopération et l’échange constituent des leviers essentiels pour construire des solutions durables.

À sa suite, M. Steven Höfner, Représentant-résident de la Konrad-Adenauer-Stiftung au Maroc, a mis en avant l’engagement constant de la KAS pour l’accompagnement des dynamiques régionales. Il a insisté sur la nécessité d’investir dans la gouvernance, la stabilité, l’innovation et la résilience, en particulier à un moment où l’espace euro-méditerranéen fait face à de multiples défis. Pour lui, la jeunesse et les acteurs locaux doivent être au cœur de la transformation.

Prenant ensuite la parole, S.E. M. Kamal El Mahdaoui, Haut-Conseiller politique auprès du Secrétaire Général de l’Union pour la Méditerranée, a replacé le Pacte pour la Méditerranée dans une vision globale de coopération. Il a rappelé que le Maroc demeure un acteur incontournable de la région, capable de jouer un rôle moteur dans la construction d’un cadre de collaboration plus cohérent, plus intégré et tourné vers l’avenir. La jeunesse, l’inclusion sociale, le développement durable et la transition économique figurent, selon lui, parmi les axes constitutifs de ce nouveau pacte.

L’un des moments forts de la conférence fut l’intervention de Mme Christine Cassiers, Cheffe de la section politique à la Délégation de l’Union européenne au Maroc, qui a présenté une coopération Maroc–UE déjà mature et fondée sur une confiance réciproque. Elle a rappelé que ce partenariat est non seulement stratégique mais également suffisamment robuste pour contribuer à la transformation régionale. Toutefois, cette relation évolue aujourd’hui dans un contexte géopolitique complexe, marqué par l’absence de solution durable au conflit à Gaza et par la guerre en Ukraine, laquelle s’accompagne d’une politique européenne d’isolement vis-à-vis de la Russie. Selon elle, ces défis imposent une coopération renforcée afin que le Maroc et l’UE puissent élaborer des réponses communes, durables et adaptées aux enjeux actuels. Mme Cassiers a ensuite souligné la nécessité de consolider les domaines clés de coopération, tels que la gouvernance, les infrastructures, la sécurité, la migration, les chaînes de valeur stratégiques et le développement économique. Elle a également rappelé la place centrale qu’occupe le soutien à la jeunesse, à la société civile et à la participation citoyenne dans cette relation. C’est dans cette continuité qu’elle a présenté les trois piliers structurant le Pacte Maroc–UE, à savoir la citoyenneté : (favorisant la mobilité et les échanges académiques), la transition économique et énergétique (création d’un espace économique plus intégré et propice aux investissements) et la résilience face aux crises (mise en place de mécanismes conjoints pour anticiper et gérer les crises géopolitiques, climatiques ou économiques).

La conférence a ensuite accueilli la présentation institutionnelle du Pacte pour la Méditerranée par S.E. M. Daniele Dotto, Chef adjoint de la Délégation de l’Union européenne au Maroc. Celui-ci a détaillé l’architecture du pacte, construit autour de trois piliers, de dix-sept blocs thématiques et de plus de cent actions concrètes, illustrant une volonté claire de passer rapidement à la mise en œuvre. Il a insisté sur la méthodologie participative ayant impliqué un large éventail d’acteurs institutionnels, économiques et sociaux, afin d’assurer une vision réellement partagée entre les pays partenaires et les 27 États membres de l'UE. Parmi les priorités, il a mis en avant la jeunesse, la durabilité, la modernisation économique, ainsi que le renforcement du tissu entrepreneurial, notamment des PME et TPE marocaines, qui constituent l’essentiel de l’économie nationale.

S.E. M. Dotto a également évoqué plusieurs projets structurants, tels que la création d’une Université euro-méditerranéenne, destinée à encourager la mobilité académique et la formation de profils capables de répondre aux enjeux régionaux contemporains. Il a mis en avant le potentiel de croissance de secteurs encore sous-exploités, notamment les industries culturelles et créatives, ainsi que le développement conjoint de l’économie verte et de l’économie bleue. Il a rappelé l’importance d’un mécanisme de protection et de valorisation du patrimoine méditerranéen, et souligné les efforts en matière de gestion commune des crises, de prévention des risques et de mutualisation des ressources. L’ensemble de ces ambitions est soutenu par un financement considérable de 15 milliards d’euros pour le cycle actuel et 42 milliards d’euros pour le nouveau cycle, signe d’un engagement durable et structurant de la part de l’Union européenne.

La conférence s’est clôturée par une table ronde stratégique, animée notamment par Abdesslam Jaldi du Policy Center for the New South (PCNS), qui a exploré la vision globale de la coopération euro-méditerranéenne à la lumière des orientations du nouveau pacte. Les intervenants ont échangé sur les moyens de passer efficacement de la vision à la mise en œuvre, en insistant sur la nécessité d’une coordination solide, d’une mobilisation des acteurs locaux et d’une bonne gouvernance. Ils ont également discuté des nombreuses opportunités pour le Maroc, notamment en matière d’intégration industrielle, de transition énergétique, d’innovation et de mobilité de la jeunesse. Un dialogue riche entre jeunes et experts seniors a permis de confronter perspectives, attentes et aspirations, confirmant la volonté de renforcer la participation active des nouvelles générations dans la construction de l’avenir euro-méditerranéen.

Ainsi, l’édition 2025 de Pacte pour la mediterranée: Pour une cooperation euro-méditerranéenne repensée et inclusive, a mis en évidence un partenariat euro-méditerranéen renouvelé, ambitieux et tourné vers l’action. Le Maroc, reconnu comme un acteur stratégique majeur, se trouve au cœur de cette dynamique, appelé à jouer un rôle central dans la mise en œuvre du Pacte pour la Méditerranée et à contribuer activement à la stabilité, à la prospérité et à la résilience de la région.