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En tant que discipline, l’histoire a un long passé, puisque ses débuts sont traditionnellement situés au Vème siècle avant Jésus Christ (Hérodote). Oscillant entre l’objectif de la simple chronique, le souci littéraire et artistique, voire l’effort scientifique, l'histoire est devenue une science dès lors qu’elle a commencé à être enseignée dans les universités, à partir du XIXème siècle. C’est alors que différents renouvellements vont être apportés, d’une manière continuelle, à sa conception, son objet et ses méthodes. Longtemps considérée comme une simple reconstitution objective et rationnelle du passé, l’histoire a, en fait aujourd’hui, pour objet, non seulement la reconstitution et l’étude des faits, mais aussi la réalité de leurs échos dans la conscience collective à l’époque étudiée (histoire des mentalités et des comportements).

Se nourrissant de mémoires collectives, l’histoire ne se confond pas pourtant avec celles-ci. Elle ne veut en conserver que celles qui correspondent à la réalité historique, retenant les mémoires de vérité et rejetant celles qui sont corrompues par les passions, les manipulations et les omissions sélectives.

Or, mu par l’instinct de conservation, le groupe (communauté ou société) développe une certaine représentation de son histoire pour en faire une mémoire collective qui soit source de valorisation. Ainsi, l’histoire du groupe peut être continuellement remaniée, remodelée, reconstruite afin de satisfaire au mieux les exigences du moment.

La mémoire collective apparaît, de ce fait, comme un processus de reconstitution du passé qui utilise un événement ou une personnalité historique pour justifier des choix du groupe et orienter l’interprétation de l’histoire dans un sens précis. C’est pourquoi, au regard de l’historien, la mémoire collective est, en général, subjective et sujette à caution.

Revenant, d’une part aux mouvements sociaux et politiques que la Tunisie a connus au siècle dernier et qui ont le plus marqué l’évolution de la société, à savoir les mouvements national et syndical, et d’autre part à une personnalité politique de stature internationale que des générations de Tunisiens de la même époque connaissaient, voire appréciaient, en l’occurrence J.F. Kennedy, nous voulons interroger la mémoire collective pour savoir ce qu’elle conserve de ces repères et, partant, pour apprécier les éventuelles transformations que la mémoire y afférente a subies au gré des conjonctures.